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Message Publié : 09 Sep 2005, 16:03
par titi
soyez prêts à vous tenir les côtes, il y a des passages grandioses !

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a écrit :La gauche a dénoncé les cent premiers jours de Dominique de Villepin à Matignon. Et puis après ?

Il faut que la gauche dénonce cette politique liquidatrice de la droite, mais on ne peut pas en rester à une condamnation. Dans toute une série de domaines, elle doit apporter des réponses. Sur le logement : est-ce qu'on crée un service public du logement ? Sur l'emploi : va-t-on se diriger vers une sécurité de l'emploi et de la formation ? Sur les missions de l'Etat : remet-on en cause les lois de décentralisation de Raffarin ? Sur la fiscalité : continue-t-on à abaisser l'impôt sur le revenu ou lance-t-on une véritable réforme ? La gauche doit redevenir crédible.



Depuis plusieurs semaines, Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy affichent leur rivalité, notamment sur les thèmes économiques et sociaux. Qu'en pensez-vous ?

Les hommes sont différents mais ils appartiennent au même gouvernement. On essaie de nous piéger en disant qu'il y aurait une alternance à droite, mais c'est bien la même qui avance, qui s'enfonce dans une politique de plus en plus réactionnaire, et qui sait qu'elle a besoin de passer en force d'ici à 2007.


La gauche est-elle en état de s'y opposer ?

Avec le référendum, une dynamique populaire s'était créée et avait permis la victoire du non. Aujourd'hui, on a le sentiment que cette dynamique ne redécolle pas. Je proposerai, dimanche, à la Fête de L'Humanité , un grand rassemblement populaire en octobre qui dise non à la politique de Villepin-Sarkozy.

Maintenant, la première question que la gauche doit se poser c'est : où veut-on aller ? Rester dans l'opposition ? Refaire une énième alternance sans projet qui décevra à nouveau ? Ou, comme je le propose, construire une union populaire sur la base d'un programme antilibéral de grandes réformes.


Vous accueillez, pour la première fois à la Fête de L'Humanité, Laurent Fabius pourtant longtemps désigné comme un "social-libéral." Son image a-t-elle changé ?

Je ne sais pas si son image s'est transformée. Je ne sais pas si on sera d'accord sur un projet transformateur, sur la fiscalité par exemple, puisque nous n'avions pas tout à fait la même vision quand il était ministre des finances. Mais j'ai pris acte de son positionnement contre le traité constitutionnel européen. Je m'en suis félicitée. Maintenant, nous allons voir si nous pouvons converger sur des propositions qui rassemblent une majorité à gauche.


Les communistes sont-ils prêts à participer de nouveau à un gouvernement avec les socialistes ?

Tout est ouvert. Nous sommes dans la gestion des collectivités locales, nous participons à des exécutifs. Mais nous avons tiré douloureusement les enseignements de ce qui s'est passé en 2002. La gauche, le PCF, ont été sanctionnés. Nous ne sommes plus dans la même situation qu'en 1981. François Hollande parle d'une gauche durable. Pour moi, elle ne peut l'être que si elle est porteuse d'un projet antilibéral, qu'elle rend le pouvoir aux citoyens et si elle est engagée dans une série de réformes aptes à changer les choses. Si ce n'est pas sur cette base, nous n'irons pas. On ne veut pas d'un réformisme de gauche, d'un social-libéralisme, il faut que le PS l'entende.


Vous posez des conditions ?

Nous ne sommes pas d'accord avec le PS tel qu'il est aujourd'hui et ses orientations issues du congrès de Dijon -mai 2003- . Cette orientation-là a été battue le 29 mai par ses électeurs. Je ne partage évidemment pas les propositions de Dominique Strauss-Kahn. Si nous devions de nouveau participer à un gouvernement de gauche qui dirait aux électeurs qu'il y a le pacte de stabilité, qu'il faut donc être "raisonnable" et qu'on ne peut rien changer, eh bien c'est non.


Vous étiez ministre de Lionel Jospin de 1997 à 2002. Vous le regrettez ?

Le plus grand reproche que je me fais, c'est de ne pas avoir su ou pu dire publiquement nos désaccords sur plusieurs points et appeler le peuple à agir. Il y a pourtant eu des alertes en 2001 avec les élections municipales.

Nous sentions bien que tout n'était pas très bon pour les salariés. Les 35 heures, nous étions pour, nous les avons soutenues, mais leur application n'allait pas. Peut-être n'avons-nous pas su gérer la solidarité gouvernementale, le rôle d'un parti et la mobilisation populaire. Il ne faut pas recommencer comme en 1997 mais se mettre d'accord sur un contenu.


Y a-t-il deux gauches ?

Je refuse ce débat. Il y a toujours eu un courant radical, un courant social-démocrate, ce n'est pas nouveau. Mais je ne veux pas qu'on fige les choses, ni construire un cartel face au PS. Si tel avait été le cas, le non n'aurait jamais gagné. Heureusement que des socialistes et des Verts se sont battus pour le non.


Mais toutes les formations de gauche, à commencer par la vôtre, vont présenter un candidat en 2007...

La candidature commune ne me paraît pas correspondre à la réalité de la gauche française. Les différentes sensibilités doivent pouvoir s'exprimer. Moi, je défends un projet communiste.

Propos recueillis par Isabelle Mandraud et Sylvia Zappi