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La LCR cherche sa voie après le « non »
Les militants trotskistes sont partagés entre l’hypothèse d’un prolongement électoral à donner au front du « non » et son élargissement à de nouvelles forces dans le contexte social de la rentrée.
Port-Leucate (Aude),
envoyé spécial
Quoi de commun entre les Journées d’été d’août 2004 de la LCR et celles qui viennent de s’achever, samedi, au bord de la Méditerranée, où quelque huit cents participants se sont réunis, trois mois après le succès populaire du « non » au référendum ? Pour le mouvement trotskiste, hors le cadre de ces journées, tout est nouveau : le succès, les alliés, les perspectives... et les lignes du débat interne. Pour preuve, la réunion, sur une même tribune, de la plupart des animateurs de la campagne du « non » de gauche (lire par ailleurs)... Un événement « inimaginable il y a quelques mois », dira un intervenant, et, a fortiori, il y a un an, où la LCR se remettait difficilement de son échec aux régionales et aux européennes, issu de son tandem exclusif avec Lutte ouvrière.
L’élan populaire et militant créé autour du « non » a remis les pendules à l’heure à l’intérieur du mouvement trotskiste. Pour les participants, la campagne a forgé une volonté unanime : celle de ne laisser défaire à aucun prix l’unité des forces qui a permis la victoire. Ce « souffle unitaire est le bien le plus précieux créé à gauche au cours de ces dernières années », a affirmé Olivier Besancenot au cours de son traditionnel meeting. Une profession de foi largement reprise dans les ateliers qui ont ponctué les journées. Autre conviction partagée : celle de la fracture consommée entre « deux gauches » sur la question de « la rupture » ou de « l’accompagnement » du libéralisme.
Pour autant, le débat référendaire entre partisans du « oui » et du « non » a-t-il dessiné une ligne de clivage indépassable dans le combat contre la droite ? Ici, les positions divergent. Face à l’exigence de « transformer l’essai » pour ne pas laisser la victoire du « non » sans lendemain, une partie de la majorité de la LCR issue du dernier congrès, incarnée par Olivier Besancenot ou encore François Sabado, membre du bureau politique, prône la constitution d’un « front social et politique permanent contre les politiques libérales ». Sans préfigurer de futures alliances pour 2007, ce que l’on estime être un débat prématuré chez cette partie de la direction. Un « front » qualifié de « nouvel animal politique » par un intervenant, dont les contours mouvants font fi de l’acquis de la campagne référendaire pour certains participants. « Pas de combinaisons avec la gauche du "oui" ! » tranche l’un d’eux, tandis qu’un autre estime que « l’appel à l’unité, qui était une avancée hier, serait un recul aujourd’hui alors qu’un front antilibéral s’est dégagé qui a besoin d’une traduction organisationnelle ». « Les échéances ne sont pas seulement sociales, elles sont aussi politiques », renchérit une militante. En filigrane : les élections présidentielle et législatives. Léonce Aguirre, également membre de la majorité de la LCR, interpelle les formations du « non » de gauche : « Peut-on, oui ou non, faire des pas en avant » sur un futur programme électoral ? Pour lui, « une situation où il y aurait plusieurs candidats » issus du « non » serait « problématique ». Une opinion proche de la minorité représentée par Christian Picquet, qui s’est dit « favorable à des candidatures unitaires sur la base d’une rupture avec le libéralisme ».
Seul point d’accord entre tous : le refus clair et net de « l’alternance » au détriment de « l’alternative ». Ce qui exclut par avance toute participation à « une nouvelle mouture de la gauche plurielle », a prévenu Olivier Besancenot. À la LCR, le débat n’a fait que commencer.
Sébastien Crépel
Plus je lis plus il m'apparaît clair qu'une partie de la LCR envisage une alliance électorale avec Fabius. L'insistance de certains (Aguirre par exemple) de faire du NON la ligne de partage, les relations avec Mélenchon qui fait ouvertement campagne pour Fabius comme candidat du PS et tout un tas d'autres indices me confortent dans cette opinion.
Alors, bien entendu, ce n'est pas ce que veulent tous les militants de la LCR mais qu'une partie de l'organisation soit sur une pente dangereuse ne fait pour moi aucun doute.