
Pour que ça change...
Si l’on en croit les partisans du oui, c’est par ignorance que les électeurs s’apprêteraient à voter non, la « Constitution » européenne n’ayant rien à voir avec les problèmes quotidiens qui assaillent travailleurs et jeunes.
Citons quelques informations fournies par la presse :
• « Le ministre de l’Education nationale, François Fillon (…), indique que le rapport du groupe de réflexion (sur la réforme du baccalauréat — NDLR) devra lui être remis le 31 mai prochain, au lieu du 31 mars » (dépêche AEF, 8 février).
• « La montée des partisans du non à la Constitution européenne dans les derniers sondages pourrait contrarier les futures échéances stratégiques de Gaz de France. Et l’entreprise pourrait être amenée à reporter son introduction en Bourse après le référendum du 29 mai, afin de ne pas donner d’arguments aux partisans du non, qui dénoncent souvent les dérives libérales de l’Europe » (La Tribune, 4 avril).
• « A deux mois du référendum sur la Constitution européenne, l’Europe fait ce qu’elle peut pour montrer son meilleur profil (…). Il s’agit de planquer sous la moquette les textes sensibles et de ne les ressortir qu’après la consultation fatidique. Ainsi, vous n’entendrez plus parler avant plusieurs semaines du règlement dit “OSP”, pourtant quasi finalisé (…). Il aurait en France, comme conséquence principale, la mise en concurrence, via appels d’offre, des trains express régionaux jusqu’à présent monopole de la SNCF (…). Le texte prévoit une ouverture progressive exigeant une libéralisation à 50 % d’ici à huit ans et totale dans les quinze ans à venir. S’appliquant aux transports urbains (bus, métro, etc.) (...), c’est Jacques Barrot lui-même, le commissaire européen aux Transports, qui a suggéré de jouer discret, histoire de ne pas donner de munitions aux partisans du non (…) » (Libération, 1er avril).
Question : si la privatisation des trains, la cotation en Bourse de Gaz de France et la remise en cause du baccalauréat comme diplôme national n’avaient rien à voir avec la « Constitution » européenne… pourquoi le gouvernement — agissant au nom de tous les partisans du oui, de droite comme de « gauche » — repousserait-il ces décisions après le 29 mai ? En procédant de la sorte, il établit lui-même le lien entre « Constitution » européenne et revendications. C’est un fait : la fin du monopole de la SNCF, de la RATP et de Gaz de France est inscrite en toutes lettres dans la « Constitution » (1), de même que la remise en cause du caractère national des diplômes (2) !
Il est donc normal et naturel que des millions qui veulent en finir avec cette politique — et qui l’expriment ces dernières semaines dans les grèves et manifestations qui touchent tous les secteurs — se préparent à voter non.
Les partisans du oui vous le disent eux-mêmes : si le oui l’emporte le 29 mai, les dates sont déjà fixées, dans les semaines qui suivent, pour démanteler le baccalauréat, privatiser les transports régionaux, parachever la privatisation de GDF… et beaucoup d’autres choses encore (3).
Et c’est pourquoi le non est majoritaire dans la conscience du peuple français. Que le non l’emporte, et c’est un coup d’arrêt à cette politique.
Que le non l’emporte, et c’est la porte ouverte enfin à un véritable changement de politique, fondée sur la satisfaction des revendications.
C’est ce qu’exprimera le meeting du 16 avril à la Mutualité et les meetings et réunions organisés dans toute la France par le Comité national pour la victoire du vote non.
DANIEL GLUCKSTEIN
(1) L’article I-3-2 de la « Constitution » européenne stipule : « L’Union offre (…) un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée. » L’article III-246 inscrit les « réseaux transeuropéens » (transport, télécommunications, énergie) « dans le cadre d’un système de marchés ouverts et concurrentiels ».
(2) Le 14 décembre s’est tenue à Maastricht une réunion « rassemblant les ministres responsables de l’Enseignement et de la Formation professionnelle de 32 pays européens, les partenaires sociaux et européens (c’est-à-dire la CES et le patronat européen — NDLR) et la Commission européenne ». Cette réunion a adopté un communiqué où on lit : « La priorité devrait être donnée (…) à la validation des apprentissages non formels » et « la validation des compétences acquises de façon informelle ».Voilà pourquoi il faut en finir avec le baccalauréat, diplôme national anonyme, qui représente le type même d’un examen formel.
(3) Voir le dossier sur le statut de la fonction publique, pages 8 et 9.
Informations ouvrières - Semaine du 7 au 13 avril 2005 - n° 686
Si l’on en croit les partisans du oui, c’est par ignorance que les électeurs s’apprêteraient à voter non, la « Constitution » européenne n’ayant rien à voir avec les problèmes quotidiens qui assaillent travailleurs et jeunes.
Citons quelques informations fournies par la presse :
• « Le ministre de l’Education nationale, François Fillon (…), indique que le rapport du groupe de réflexion (sur la réforme du baccalauréat — NDLR) devra lui être remis le 31 mai prochain, au lieu du 31 mars » (dépêche AEF, 8 février).
• « La montée des partisans du non à la Constitution européenne dans les derniers sondages pourrait contrarier les futures échéances stratégiques de Gaz de France. Et l’entreprise pourrait être amenée à reporter son introduction en Bourse après le référendum du 29 mai, afin de ne pas donner d’arguments aux partisans du non, qui dénoncent souvent les dérives libérales de l’Europe » (La Tribune, 4 avril).
• « A deux mois du référendum sur la Constitution européenne, l’Europe fait ce qu’elle peut pour montrer son meilleur profil (…). Il s’agit de planquer sous la moquette les textes sensibles et de ne les ressortir qu’après la consultation fatidique. Ainsi, vous n’entendrez plus parler avant plusieurs semaines du règlement dit “OSP”, pourtant quasi finalisé (…). Il aurait en France, comme conséquence principale, la mise en concurrence, via appels d’offre, des trains express régionaux jusqu’à présent monopole de la SNCF (…). Le texte prévoit une ouverture progressive exigeant une libéralisation à 50 % d’ici à huit ans et totale dans les quinze ans à venir. S’appliquant aux transports urbains (bus, métro, etc.) (...), c’est Jacques Barrot lui-même, le commissaire européen aux Transports, qui a suggéré de jouer discret, histoire de ne pas donner de munitions aux partisans du non (…) » (Libération, 1er avril).
Question : si la privatisation des trains, la cotation en Bourse de Gaz de France et la remise en cause du baccalauréat comme diplôme national n’avaient rien à voir avec la « Constitution » européenne… pourquoi le gouvernement — agissant au nom de tous les partisans du oui, de droite comme de « gauche » — repousserait-il ces décisions après le 29 mai ? En procédant de la sorte, il établit lui-même le lien entre « Constitution » européenne et revendications. C’est un fait : la fin du monopole de la SNCF, de la RATP et de Gaz de France est inscrite en toutes lettres dans la « Constitution » (1), de même que la remise en cause du caractère national des diplômes (2) !
Il est donc normal et naturel que des millions qui veulent en finir avec cette politique — et qui l’expriment ces dernières semaines dans les grèves et manifestations qui touchent tous les secteurs — se préparent à voter non.
Les partisans du oui vous le disent eux-mêmes : si le oui l’emporte le 29 mai, les dates sont déjà fixées, dans les semaines qui suivent, pour démanteler le baccalauréat, privatiser les transports régionaux, parachever la privatisation de GDF… et beaucoup d’autres choses encore (3).
Et c’est pourquoi le non est majoritaire dans la conscience du peuple français. Que le non l’emporte, et c’est un coup d’arrêt à cette politique.
Que le non l’emporte, et c’est la porte ouverte enfin à un véritable changement de politique, fondée sur la satisfaction des revendications.
C’est ce qu’exprimera le meeting du 16 avril à la Mutualité et les meetings et réunions organisés dans toute la France par le Comité national pour la victoire du vote non.
DANIEL GLUCKSTEIN
(1) L’article I-3-2 de la « Constitution » européenne stipule : « L’Union offre (…) un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée. » L’article III-246 inscrit les « réseaux transeuropéens » (transport, télécommunications, énergie) « dans le cadre d’un système de marchés ouverts et concurrentiels ».
(2) Le 14 décembre s’est tenue à Maastricht une réunion « rassemblant les ministres responsables de l’Enseignement et de la Formation professionnelle de 32 pays européens, les partenaires sociaux et européens (c’est-à-dire la CES et le patronat européen — NDLR) et la Commission européenne ». Cette réunion a adopté un communiqué où on lit : « La priorité devrait être donnée (…) à la validation des apprentissages non formels » et « la validation des compétences acquises de façon informelle ».Voilà pourquoi il faut en finir avec le baccalauréat, diplôme national anonyme, qui représente le type même d’un examen formel.
(3) Voir le dossier sur le statut de la fonction publique, pages 8 et 9.
Informations ouvrières - Semaine du 7 au 13 avril 2005 - n° 686