Edito d'IO : Et si, le 29 mai...

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Barnabas » 17 Mars 2005, 16:58

EDITORIAL


Et si, le 29 mai...


IL SOUFFLE comme un vent d'affolement sur le camp du oui. Dimanche soir, la réélection (attendue) de Sarkozy dans sa circonscription de Neuilly-Puteaux a été présentée comme une victoire éclatante. En réalité, le chef de l'UMP a perdu plus de 10 000 voix par rapport à 2002, près de 3 électeurs sur 4 lui refusant leur voix (lire page 4) !
C'est le moment que choisit l'autre chef de file du oui, François Hollande, pour déclarer solennellement sur France Inter : " Il n'y a que des avancées, aucun recul, dans la Constitution européenne. "
Que des avancées ? A peine Hollande a-t-il asséné cette remarquable sentence que le président de la Commission européenne, José Barroso, a réaffirmé ce 14 mars que la directive Bolkestein devra être appliquée et qu'il y aura bien " un marché unique des services basé sur le principe du pays d'origine ". Autrement dit, n'importe quel secteur des services, en France, pourra se voir substituer demain les services " proposés " par des entreprises ou leurs filiales appliquant sur le territoire français des normes sociales et salariales polonaises, lituaniennes, ou demain roumaines, à 1 euro l'heure, ou moins !
Que des avancées, la " Constitution " européenne, monsieur Hollande ?

Autre partisan du oui, mais supposé être " socialiste ", Jean-Christophe Cambadélis proteste contre les propos de Barroso (dépêche AFP, 14 mars) : " M. Barroso provoque le camp du non ", ce qui prouve que Barroso et ses amis " souhaitent secrètement l'échec du traité constitutionnel " ! Si l'on comprend bien Cambadélis, la déclaration de Barroso risque de convaincre des électeurs hésitants de voter non. Ce qui est logique, puisque Barroso donne le véritable contenu du traité constitutionnel, dont l'article III-144 stipule : " Les restrictions à la libre prestation des services à l'intérieur de l'Union sont interdites. "
Mais alors, si le traité constitutionnel comprend en toutes lettres la directive Bolkestein, comment prétendre s'opposer à cette dernière, tout en affirmant qu'il n'y a " que des avancées " dans le traité ?
Tous ces gens-là se prennent les pieds dans le tapis. Leur affolement a pour source cette réalité incontournable : plus d'un million de travailleurs ont manifesté le 10 mars. Des millions ont, ce jour-là, répondu aux appels à la grève, dans le public comme dans le privé. Personne ne peut ignorer l'opposition frontale entre les revendications des travailleurs et la politique de l'Union européenne et ses directives. Personne n'ignore que ce mouvement par lequel les travailleurs cherchent, sur le terrain de la lutte de classe, à contrecarrer les coups qui les frappent et à obtenir satisfaction, ce mouvement appelle sur le plan politique, et comme une conclusion logique et naturelle, la victoire du vote non à la " Constitution " européenne.
D'où l'affolement des partisans du oui.
D'où, aussi, leurs manœuvres. Raffarin ayant annoncé l'ouverture prochaine de négociations sur les salaires dans la fonction publique, le député UMP de Savoie, Dominique Dord, présenté comme un ami du Premier ministre, a, ce lundi 14 mars, dévoilé le pot aux roses sur France Info : " L'enjeu du référendum est un enjeu très important sur le plan français. Il faut sans doute lâcher un peu de lest, mais pas trop. Il (le Premier ministre) n'a d'ailleurs pas fait de promesses chiffrées. Il faut garder quand même le cap. Le rouleau compresseur avance doucement, mais ne recule jamais. L'objectif, c'est de réussir le référendum. " A quoi la journaliste devait ajouter ce commentaire : " La vérité sort de la bouche des amis. "
On ne saurait mieux dire. Faire mine de négocier… pour faire avaliser par les organisations la destruction du statut de la fonction publique (lire page 6). Faire mine de négocier pour tempérer les craintes. Mais que continue d'avancer le " rouleau compresseur " écrasant sur son passage tous les droits, toutes les garanties. Faire mine de négocier en ralentissant la marche apparente du rouleau compresseur jusqu'au 29 mai... pour mieux accélérer ensuite.
Et si, le 29 mai, le non victorieux arrêtait net le rouleau compresseur de l'Union européenne ?



Daniel Gluckstein
Barnabas
 
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Message par Barnabas » 19 Mars 2005, 08:28

J'aimerais bien savoir comment les camarades de LO (qui éstiment tellement erronée la politique exprimée dans cet édito) arrivent à expliquer que quelques jours après la publication de ce texte, Chirac lui-même se soit senti forcé de monter au créneau pour incanté la population à "soutenir l'Europe"!!!

Oui, il faut l'affirmer et l'expliquer à tous les travailleurs : le 29 mai, il faut voter NON, il faut stopper le rouleau compresseur de l'Union Européenne, il ne faut pas s'abstenir!
Barnabas
 
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Message par artza » 19 Mars 2005, 09:14

Barnabas, les choses ne sont pas si compliquées.

Chirac a cru bon d'organiser ce référendum auquel personne ne le contraignait.
Evidemment Chirac souhaite la victoire du Oui et il ne peut présenter ce référendum que comme une étape décisive pour l'avenir de la France et de l'Europe.
Il faut bien motiver l'électeur et donner un peu de crédit à sa politique.
Dans ce sens il se partage le boulot et se complète avec les politiciens bourgeois leaders du Non.

Expliquer aux travailleurs que tout se joue dans les isoloirs et les urnes c'est le B-A-BA de la politique bourgeoise lorsqu'elle se flatte de démocratie.
Les révolutionnaires ont un tout autre discours à tenir, par delà les vicissitudes et les simagrées du référendum auquel à l'évidence il faut voter Non (pour ma part n'ayant pas voté Chirac je ne vois pas pourquoi je voterai Oui à sa demande!) et d'abord montrer aux travailleurs les vrais enjeux, les vrais ennemis et les faux amis qui sont dans le camp du Oui et le camp du Non.

L'avenir que se donneront les travailleurs ne peut être que le fruit de leur lutte.

Une victoire du Non que les commentateurs envisagent aujourd'hui ne serait-ce que pour donner un peu de piquant à "l'événement" peut créer quelques problèmes à Chirac mais pas à Fabius! Pas à la bourgeoisie non plus qui ne craint que la classe ouvrière groupée et en lutte.
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Message par com_71 » 19 Mars 2005, 09:24

(IO a écrit :
Et si, le 29 mai, le non victorieux arrêtait net le rouleau compresseur de l'Union européenne ?

Ne discerne-t-on pas ici une petite concession à l'électoralisme ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Barnabas » 19 Mars 2005, 09:55

L'élection est une image déformée de la lutte des classes. Ce qui fait peur à la bourgeoisie française et à la bureaucratie de bruxelles, c'est que le NON exprime la nécessité pour la classe de préserver ses acquis, de barrer la route à la machine de guerre nommée Union Européenne.

L'abstention dans ce cas pave la voie à la victoire du OUI, comme en Espagne (65% d'abstention, me semble-t-il).
Dire qu'il n'y a pas d'enjeu, c'est appuyer l'abstention : Chirac, qui a les fois (sinon comment comprendre son intervention), attend cela avec impatience, parce qu'il y a une possibilité d'exprimer le rejet des politiques, de droite comme de gauche dans le NON.
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Message par com_71 » 19 Mars 2005, 10:38

Pour ne parler que de cet aspect il y a un gouffre entre dire :
(IO a écrit :Et si, le 29 mai, le non victorieux arrêtait net le rouleau compresseur de l'Union européenne ?
et dire :
(barnabas a écrit :le NON exprime la nécessité pour la classe de préserver ses acquis, de barrer la route à la machine de guerre...
Le gouffre entre l'électoralisme et l'expression électorale d'une aspiration. IO et Glückstein sont bien électoralistes en la circonstance.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Barnabas » 19 Mars 2005, 11:47

a écrit :Leur affolement a pour source cette réalité incontournable : plus d'un million de travailleurs ont manifesté le 10 mars. Des millions ont, ce jour-là, répondu aux appels à la grève, dans le public comme dans le privé. Personne ne peut ignorer l'opposition frontale entre les revendications des travailleurs et la politique de l'Union européenne et ses directives. Personne n'ignore que ce mouvement par lequel les travailleurs cherchent, sur le terrain de la lutte de classe, à contrecarrer les coups qui les frappent et à obtenir satisfaction, ce mouvement appelle sur le plan politique, et comme une conclusion logique et naturelle, la victoire du vote non à la " Constitution " européenne.
D'où l'affolement des partisans du oui.


Eléctoralisme vulgaire, bien sûr! (faut bien trouver quelque chose quand on milite pour l'abstention, à contre courant du combat de la classe...)
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Message par com_71 » 19 Mars 2005, 11:56

(Barnabas @ samedi 19 mars 2005 à 11:47 a écrit :

Electoralisme vulgaire, bien sûr! (faut bien trouver quelque chose quand on milite pour l'abstention, à contre courant du combat de la classe...)
Moi qui dédouannait Barnabas de l'électoralisme de IO, j'en suis bien mal récompensé !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Barnabas » 19 Mars 2005, 12:03

Désolé de t'avoir froissé. Mais je ne vois franchement pas où trouver de l'électoralisme vulgaire (c'est à dire une politique qui ne prend pas en compte le rapport entre la lutte des classes réelle et une échéance électorale donnée).
:(
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