Le meeting d'Arlette à la Mutualité

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par emman » 14 Mars 2005, 14:07

C'est ici

Je reporte ici la conclusion du meeting :

a écrit :
(...)

Amis et camarades,

Hier, les travailleurs ont répondu massivement à l’appel des syndicats. Les appels à la grève ont été largement suivis à la SNCF, à la RATP, dans les transports locaux, à l’Éducation nationale. Des centaines de milliers de travailleurs ont participé aux manifestations, ceux du service public au coude à coude avec ceux des entreprises du privé.

Personne ne peut avoir la naïveté de croire que cela suffira pour faire céder le patronat et le gouvernement, mais cela montre l’ampleur du mécontentement. Et ce mécontentement ne sera pas apaisé par les débats télévisés entre économistes distingués qui se demandent gravement si le pouvoir d’achat a augmenté ou s’il stagne. Les travailleurs savent lire leur feuille de paie et compter ! Et ils voient que leur pouvoir d’achat a baissé et, dans ces conditions, ils n’ont pu que ressentir comme une provocation l’annonce des hausses faramineuses de profits.

Le gouvernement lui-même s’en inquiète. Borloo vient de proposer une “Commission de négociations collectives” pour le 18 mars, comme on jette un os à ronger aux directions syndicales. Parmi les dirigeants syndicaux, il y en a qui ont eu la bassesse de réagir par un “il était temps que le ministre intervienne”, de la CFDT, par un “c’est un bon début”, de la CFTC, enfin par un c’est “un progrès” pour FO.

Mais les dirigeants syndicaux, ce n’est pas le monde du travail, ce n’est pas la classe ouvrière. Et même si plusieurs d’entre eux sont prêts à courir ventre-à-terre pour participer à quelques séances de palabres, d’où il ne pourra rien sortir de bon, cela ne suffira pas à apaiser la colère si elle se met à monter, mais à monter vraiment.

Avec des dirigeants syndicaux qui réagissent de cette manière aux claquements de doigts d’un ministre, le gouvernement et le patronat savent qu’ils n’ont pas à craindre un plan de luttes offensives les obligeant à céder.
Mais ils savent aussi que les grèves peuvent démarrer sans les directions syndicales. Ils savent que les travailleurs, en se mettant en lutte, peuvent aussi forcer la main des directions syndicales.

Même lorsqu’elles prennent le train des luttes, il ne faut pas compter sur les directions syndicales pour proposer aux travailleurs des perspectives claires. Lorsqu’un mouvement démarre par en bas, les confédérations savent en prendre la direction, mais toujours pour le canaliser, toujours pour l’arrêter sur une base acceptable pour le patronat.

Faut-il rappeler que mai 1968 n’a pas été le résultat d’une orientation des confédérations syndicales vers une offensive des travailleurs ? L’offensive est venue d’en bas, elle est venue des travailleurs eux-mêmes, qui ont forcé la main des dirigeants syndicaux. Et les syndicats n’ont appelé à la généralisation du mouvement que pour en prendre le contrôle et, lorsque cela était fait, pour engager les négociations des fameux accords de Grenelle. Oh, la lutte des travailleurs était assez puissante pour que le patronat lâche une hausse importante du SMIC et surtout fasse des concessions aux appareils syndicaux, en leur accordant des postes supplémentaires comme ceux des délégués syndicaux. Rappelons-nous en aujourd’hui, alors que Strauss-Kahn réclame un “nouveau Grenelle salarial”, que ce n’est pas l’éloquence des chefs syndicaux autour de la table de négociations qui avait, à l’époque, contraint le patronat à reculer, mais la grève générale ! Et les concessions lâchées à Grenelle n’avaient été que le plat de lentilles offert aux travailleurs pour permettre au patronat de s’en tirer à bon compte.

Faut-il rappeler également qu’en 1995, la grève des cheminots est aussi partie de la base, des roulants, même si certains syndicats -et encore pas tous- l’ont accompagnée jusqu’au bout ?

Pendant et après les manifestations du 10 mars, on a entendu dire qu’il fallait transformer leur succès en un succès du vote “non” au référendum. Tous ceux qui disent cela ou qui se préparent à le dire, qu’il s’agisse d’hommes politiques ou de chefs syndicaux, trahissent les intérêts des travailleurs. Même après les élections régionales et européennes, où pourtant le désaveu du gouvernement était clair, cela n’a empêché aucun des mauvais coups de Chirac-Raffarin. Alors, il ne faut pas que le mécontentement qui monte soit détourné vers les urnes.

Il faut, au contraire, que la mobilisation massive du 10 mars soit suivie par d’autres, toujours plus amples. Contrairement à tous ceux qui disent que, pour améliorer le sort des travailleurs, il faut voter “non”, nous disons : votez “non”, mais pour stopper les attaques du patronat et du gouvernement, il faut la lutte, les grèves, les manifestations.

Dans les urnes, la voix des travailleurs est étouffée sous le papier ! C’est dans les entreprises, dans la rue, que nous sommes forts. C’est là que nous les ferons reculer !

Il faut que le succès d’hier renforce la confiance de ceux qui hésitent encore. Il faut qu’il y ait une suite. Les directions syndicales n’en ont pas encore annoncé une alors que cela aurait dû être annoncé avant même que les manifestations du 10 mars aient eu lieu, afin que chacun puisse se rendre compte qu’il y a un plan de mobilisation que l’on peut comprendre, discuter et suivre.

Mais si des initiatives, comme celle des travailleurs de Citroën, se multiplient, les directions syndicales, ou en tout cas certaines d’entre elles, peuvent être contraintes à proposer d’autres étapes. En tout cas, c’est cette politique-là que nous avons à défendre autour de nous. Nous avons à dire et à répéter que tous les travailleurs de ce pays, quelle que soit leur corporation, ont besoin d’une augmentation substantielle de leur salaire ! Tous ont besoin de se protéger contre les menaces de licenciement et de la précarité ! Il faut que l’ensemble de la classe ouvrière se retrouve autour de quelques objectifs simples, répondant à ces exigences, pour faire reculer le gouvernement ! Il faut un mouvement ample, qui menace d’échapper à toute prévision !

Le soir de la journée du 10 mars, Raffarin a fait dire qu’il était “attentif aux inquiétudes exprimées”. Mais ce n’est pas l’inquiétude des travailleurs qui le fera céder, c’est leur colère !

Bien sûr, le développement, l’amplification des luttes ne dépendent pas des seuls militants, mais de ce qui se passe dans la conscience de centaines de milliers, de millions de travailleurs. Il faut être crétin, même si on est ministre, pour prétendre que, lorsque des dizaines de milliers de lycéens sont dans la rue, c’est parce qu’ils ont été manipulés ! Rendons cet honneur à Fillon, c’est lui-même qui a réussi à faire descendre des dizaines de milliers de lycéens sur le pavé !
Et je peux vous dire que Gaymard et Copé ou les grands patrons qui se sont vantés dans les médias de leurs bénéfices multipliés, ont plus fait pour élever d’un cran le mécontentement que tous les agitateurs, même les plus convaincus de la nécessité de la lutte !

Mais, pour que le mécontentement transformé en colère devienne volonté de lutte consciente, avec des objectifs justes unissant le monde du travail, il faut qu’il y ait des travailleuses et des travailleurs qui répètent autour d’eux que la contre-offensive des travailleurs est non seulement nécessaire et légitime, mais aussi possible. Puisque les patrons se vantent eux-mêmes d’avoir de l’argent, il faut les contraindre à ce qu’au moins une partie de cet argent serve tout à la fois à augmenter tous les salaires, à transformer les emplois précaires en emplois stables correctement payés, à arrêter les licenciements collectifs et à donner un emploi à tous en répartissant le travail.

Et, lorsque dans une entreprise, sur un chantier, le mécontentement est en train de se transformer en volonté de lutte, il faut qu’il y ait des travailleuses et des travailleurs non seulement pour prendre des initiatives qui s’imposent mais aussi pour faire en sorte que la volonté de lutte ne soit pas déviée vers le corporatisme, vers des revendications catégorielles, et que tous les travailleurs se retrouvent autour des objectifs fondamentaux qui concernent tous les travailleurs. Et ces objectifs sont -et je ne peux que me répéter :

- pas de licenciements collectifs,
- pas de précarité,
- un emploi correctement payé pour tous,
- augmentation générale des salaires !

Alors, préparons la contre-offensive du monde du travail !
emman
 
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Message par azazovkyl » 14 Mars 2005, 17:08

Je trouve ça choquant qu'elle ne prononce même pas le mot constitution.
azazovkyl
 
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Message par titi » 14 Mars 2005, 17:11

ce qu'il y a de bien avec les outils informatiques, c'est que j'ai pu facilement recenser 17 fois le mot constitution dans le texte mis en lien par emman :-P
titi
 
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Message par azazovkyl » 14 Mars 2005, 17:14

Autant pour moi je n'avais pas tout lu.
azazovkyl
 
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Message par zejarda » 14 Mars 2005, 20:38

(azazovkyl @ lundi 14 mars 2005 à 17:08 a écrit : Je trouve ça choquant qu'elle ne prononce même pas le mot constitution.

Ben pas moi, cela ne m'aurait pas choqué. Au lendemain du 10 mars, le problème n'est pas la constitution ....

ou alors, citer le mot constitution pour dire que le problème actuel, c'est le chomage qui monte, les salaires qui stagne et les bénéfices des patrons qui explosent.
Si une grève générale explose, le referendum n'aura pas lieu

Alors, la constitution, j'en ai rien a ..... en ce moment.
zejarda
 
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Message par LeonT » 14 Mars 2005, 23:29

Et l'ambiance dis dis c'etait comment ???


Et le meeting de province ca donne quoi ? quelqu'un a des infos ?
LeonT
 
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Message par Valiere » 14 Mars 2005, 23:30

Un discours politique doit répondre à une situation concrete certes mais il faut aussi tracer des perspectives.
Et ne pas faire des impasses.
Valiere
 
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Message par Gaby » 14 Mars 2005, 23:40

(LeonT @ lundi 14 mars 2005 à 23:29 a écrit : Et l'ambiance dis dis c'etait comment ???
Enthousiasmant, particulièrement durant l'intervention du camarade qui fait grève à PSA Aulnay. "C'est la grève, la force des travailleurs !" scandé régulièrement...
Gaby
 
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