Juste une remarque : contrairement à ce qu'indique le titre, le meeting de Paris est la suite et non le début d'une longue liste.
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2005-03-10 / Arlette Laguiller : “On impose de plus en plus de travail à ceux qui ont un emploi”
Arlette Laguiller et Lutte ouvrière lancent demain à Paris* une série de meetings dans toute la France pour dénoncer les réformes du gouvernement et soutenir le monde du travail.
•De nombreux corps professionnels manifestent cette semaine. Quel message adressez-vous au gouvernement ?
•Ce message, ce sont les travailleurs eux-mêmes qui l’adressent au gouvernement, aussi bien qu’au patronat, en manifestant aujourd’hui. Il y en a assez d’une situation où les salaires sont bloqués, où un travailleur sur dix est au chômage, alors qu’on impose de plus en plus de travail à ceux qui ont un emploi. Pendant que la pauvreté s’accroît, les patrons se vantent des profits colossaux de leurs entreprises. Mais ces profits ne servent qu’à enrichir toujours plus les propriétaires et les actionnaires. Et toutes les mesures du gouvernement, ce que les ministres appellent cyniquement des “réformes”, aggravent les conditions d’existence des classes populaires, en amputant les retraites, en augmentant les prélèvements, pour pouvoir consacrer plus de moyens à favoriser les profits. Les travailleurs en ont assez. L’argent accumulé avec la sueur et la fatigue des travailleurs doit servir à assurer un emploi et un salaire correct à tous.
•Partagez-vous l’inquiétude des lycéens ?
•Ils ont mille fois raison de réagir de la seule façon qui puisse inquiéter le gouvernement : par des manifestations nombreuses et massives. Car, enfin, la loi Fillon officialise un peu plus l’école à deux vitesses que dénoncent les lycéens. Il est de toute façon choquant qu’on fasse des économies au détriment de l’Education nationale. Ces économies sont surtout catastrophiques pour les écoles des quartiers populaires alors que c’est précisément là qu’il faudrait consacrer plus de moyens en matériel et en personnel.
•L’assouplissement des 35 heures est en marche. S’agit-il selon vous d’un simple ajustement ou d’un retour en arrière ?
•C’est un retour en arrière. La loi Aubry avait offert au patronat l’annualisation du temps de travail et des subventions sous prétexte de compenser la réduction du temps de travail. Mais voilà que le gouvernement laisse tous les cadeaux faits au patronat et enlève aux travailleurs le seul avantage que cette loi avait apporté : la réduction du temps de travail. Les ministres affirment qu’il faut travailler plus. Mais qu’ils donnent donc du travail à tous les chômeurs et à tous les précaires !
•La Constitution européenne sera-t-elle le bouc émissaire de ce mécontentement ?
•Cette Constitution n’apporte rien de bon aux travailleurs et mérite d’être rejetée. Pour notre part, nous appelons à voter “non”. Cela dit, il se peut que, pour une partie des électeurs, ce référendum soit effectivement une occasion de montrer leur mécontentement par rapport à la politique du gouvernement. Pour ma part, je préfère que le mécontentement s’exprime par des grèves, par des manifestations car seule une lutte du monde du travail sur le terrain social peut faire reculer le gouvernement et surtout le patronat. Un désaveu venant des urnes ne peut affecter que les dirigeants politiques. Et encore ! Le désaveu des élections régionales et européennes n’a empêché aucun des mauvais coups de Chirac-Raffarin. Quant au patronat, il se fiche éperdument des aléas électoraux, il sait qu’il peut toujours compter sur le gouvernement en place, quelle que soit son étiquette.
•Les manifestations peuvent-elles faire perdre les JO à Paris ?
•Au temps de la Rome antique, on disait qu’il fallait donner aux pauvres “du pain et des jeux”. Aujourd’hui, nos dirigeants voudraient qu’on se contente des jeux. Eh bien, les travailleurs ont bien raison de ne pas se faire embobiner par ce genre de chantage ridicule.
•Que vous inspire l’affaire Gaymard ?
•Un très grand dégoût. Et ce sont ces gens-là qui s’arrogent des privilèges, qui disent aux travailleurs qu’il faut qu’ils acceptent des bas salaires, des retraites amputées et l’augmentation de la CSG.
Propos recueillis par Jérôme Vermelin
* Vendredi à 20 h 30 à la Maison de la Mutualité, 24, rue Saint-Victor, Paris Ve.
