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Message Publié : 07 Fév 2005, 20:44
par Tiro
Ce soir, il passe, si j'ai bien suivi, le dernier volet de la série documentaire "Chronique de la violence ordinaire".
Je n'ai pas regardé les docs précédents, ça me semblait plus sensationnaliste qu'autre chose. J'avais l'impression que c'était plutôt du genre "incrimination des pauvres" et non de la pauvreté.

Mais ce soir je lis dans le magazine télé "Proposé par Christophe Nick".
J'me dit "étonnant", c'est quand même l'auteur,avec pierre péan, de "TF1, Un Pouvoir". je ne l'ai pas lu mais Halimi s'y réfère dans "les nouveaux chiens de garde". Donc, je pense que ça doit être un bon ouvrage.

Et donc, je suis du coup intéressé par cette série de reportages.

Tout de même , je décide d'aller sur le net m'informer un peu plus sur christophe Nick. Et là je tombe sur :
a écrit :
Hardy, comme Lambert pour l'OCI, mais contrairement à Pablo et Franck, a profité du choc de 68 pour renforcer le pouvoir de la génération d'après guerre sur son organisation. Il estime de son devoir de tout faire pour préserver la révolution des aspirations à un autre mode de vie qui, mis à part quelques revendications essentielles (avortement, planning familial), ne servent qu'à détourner les travailleurs des « vrais problèmes»: la misère, l'exploitation des pauvres par les riches, etc. Depuis lors, Lutte ouvrière se situe hors temps. Quoi qu'il arrive sur terre, rien ne peut déboucher sur quoi que ce soit de positif tant que le parti n'aura pas parachevé la formation de dizaines de milliers de moines-soldats. Sortir de la clandestinité? Cela aboutirait, comme l'a dit Victor Serge, à « la corruption des leaders », à « s'installer dans une société » que l'ont feint « de combattre ».

Il est donc impératif que l'organisation dispose de moyens autonomes de s'autoperpétuer. Pour cela, les dirigeants de LO se sont lancés dans le business. Grâce à ses études scientifiques et à son savoir-faire d'organisateur, Hardy a créé à la fin de 1968 la SA Études et Publicité médico-pharmaceutiques (Epmed). En novembre 1971, puis en juillet 1973, il en a créé deux autres: Organisation Promotion Prospective Marketing (OPPM) , et Office privé de préparation à la propagande médico-pharmaceutique (OPPM elle aussi). « Trois sociétés spécialisées dans le recrutement, la formation et la prestation de services de visiteurs médicaux qui informent les médecins sur les médicamentS d'un industriel pour les inciter à les prescrire. » En 1980, ces trois sociétés se regroupent à la même adresse que l'imprimerie Rouvet, derrière l'actuelle Cité des sciences et de l'industrie. Une association s'y installe en 1983: l'Association des directeurs de réseau de visite médicale (Adrev). Pendant toute cette période, Hardy, sous son vrai nom de Robert Barcia, devient un interlocuteur du Syndicat national de l'industrie pharmaceutique, puissant lobby patronal, au point de se retrouver, après 1984, conseiller rétribué du syndicat. Extraordinaire double vie qui fait de Barcia un grand mondain dans l'un des cercles les plus puissants du CNPF, et, le soir, Hardy le bolchevique pur et dur! Les actionnaires et administrateurs de ces sociétés sont tous des dirigeants de LO, comme François Duburg - dont on découvre le vrai nom au registre du commerce: Maurice Schroedt.

Peu importe le circuit de l'argent. Peu importent la double vie, la duplicité: monter des entreprises performantes est une tradition révolutionnaire, une des techniques classiques de la IIIéme Internationale. Elle permit au génial Leopold Trepper d'organiser son Orchestre rouge pendant la Deuxième Guerre mondiale, comme au sinistre Eitingon de couvrir son réseau américain pour assassiner Trotski. Rien de nouveau donc. L'intérêt, dans l'affaire c'est de découvrir que les cadres de LO, grâce à ces sociétés, ont acquis une parfaite connaissance des mécanismes du marketing, du prospect, de la vente directe, de l'étude de marché et du métier de représentant.

Comment ne pas voir qu'en poussant en avant une jeune femme, mignonne, simple et franche, Arlette Laguiller, en la préférant à un vieux dirigeant lors des élections présidentielles, Hardy ne faisait qu'appliquer les techniques de séduction qu'il utilisait pour vendre les produits de Bayer, Hoechst, Roussel-Uclaf et autres géants du capitalisme international ?

LO n'existe aujourd'hui que par cette opération de communication.


Concernant le business de LO, ça m'a fait rire, étant donné que j'ai lu "la véritable histoire de lutte ouvrière".

a écrit : LO n'existe aujourd'hui que par cette opération de communication.
, c'est très fort aussi. Electoralement parlant, on peut dire que c'est vrai, mais pas plus que pour le PS, les Verts , l'UMP ou le FN(10000 personnes le FN, 20% des suffrages)(LO 7000 personnes à la base je crois(j'parle pas de ceux qui votent les statuts mais d'un rayonnement un peu plus large), 5% des suffrages(moins plus récemment c'est vrai)). Donc LO à un rapport BASE_MILITANTE_SYMPATHISANTE/BASE_ELECTORALE plus important que le FN( LO 7000/1.5millions contre FN 10000/5millions pour les dernieres presid.) Donc LO c'est moins de la COM ! :-P

Alors soit NICK est malhonnete. Soit il est honnete mais a trop écouté VDT (partie de LCR bordeaux - ex LO).

Donc ça me dit tjs pas si le reportage va traiter intelligemment le problème des quartiers HLM.
Seront-ils décrit comme dangereux, ou comme en danger?

Tout ça pour dire que si vous regardez l'émission, faites moi savoir comment cela a été traité .
Car je ne peux malheureusement pas regarder la télé ce soir.

Message Publié : 07 Fév 2005, 22:59
par Ottokar
Je connaissais Nick de réputation (mauvaise). Merci pour l'extrait cité qui rafraîchit utilement la mémoire...

L'émission est moins mauvaise qu'on aurait pu le craindre, pas trop de sensationalisme, on voit comment tout s'est dégradé, comment une cité a été laissée à l'abandon, ce qui est mis pudiquement sur le dos d'une société immobilière qui a disparu. Facile, c'est il y a 30 ou 40 ans, les pouvoirs publics auraient pu agir depuis.

On voit certaines causes de la dégradation, les licenciements et on voit même les gars de Chausson occuper la télé avec notre ami Roland Szpirko en vedette ! On entend aussi quelques âneries sur l'intégration, les efforts qui n'ont pas été faits, comme si le problème était d'avoir fait venir massivement des émigrés, au nom du regroupement familial, sans donner de cours de français aux femmes africaines qui débarquaient.

C'est pas gai, c'est pas horrible non plus, la cité est simplement quasi invivable si on ne deale pas ou qu'on ne traficote pas. Les gens partent, un couple de vieux français se barricade, les parents sont dépassés. Evidemment tout ça est sans perspective. A la fin de l'émission, le maire se saisit du problème, exproprie des familles à qui il offre des relogements (on ne saura pas où) et les indemnise pour leurs apparts (car ce sont des copropriétaires, au départ !) en leur donnant une bouchée de pain. On détruit des barres. La vie continue. Jusqu'où ?

D'autres avis ? Des forumeurs de l'Oise ?

Message Publié : 08 Fév 2005, 11:18
par othar
(Ottokar @ lundi 7 février 2005 à 22:59 a écrit : On entend aussi quelques âneries sur l'intégration, les efforts qui n'ont pas été faits, comme si le problème était d'avoir fait venir massivement des émigrés, au nom du regroupement familial, sans donner de cours de français aux femmes africaines qui débarquaient.

Bien sur que ce n'est pas le fond du problème mais cela participe à la guettoïasation et au communautarisme.

J'en profite pour rappeler que lorsque le patronat a demandé à l'Etat Français de lui "procurer" en grand nombre des travailleurs, (secteur automobile par exemple), un des objectifs étaient de trouver une main d'oeuvre "docile" et qui "éviterait" de discuter avec des travailleurs "français" voire des syndicalistes.

Pour ce faire, les responsables du recrutement (l'OMI peut-être?) ont obtenu des autorités des pays concernés des cartes (ou le moyen d'en faire ) sur lesquelles ils ont pu voir les zones géographiques des campagnes les plus pauvres et où il y avait le moins d'écoles et donc le moins d'instruction.

Ils préféraient embaucher des gens ne parlant pas le français ou très mal, par exemple
des gens des campagnes, plus dociles que ceux vivant dans les villes et avec d'autres traditions.

Et surtout pas des ouvriers ayant des traditions de lutte (car il y avait au minimum un embryon de classe ouvrière dans ces pays).


Dans ces conditions, les responsables patronaux et étatiques de l'époque n'allaient surtout pas donner des cours de français dans les cités.

Message Publié : 08 Fév 2005, 13:26
par quijote
J 'aii suivi aussi l émission qui a suivi : " Mots croisés" d' Arlette Chabot consacrée à la violence dans les cités . Et là j 'ai été profondément indigné . tous ces gens n 'avaient que le mot " sécurité " à la bouche : il faut châtier impitoyablement dixit le policier de service :Et ces gens là en plus vantent les " centres d 'éducation fermés " ( les nouvelles maisons de corrections , où voyez-vous les " jeunes se sentent "exister " selon un témoignage!
la "justice est trop laxiste" , on ne nous donne pas assez de moyens" dit le flic de service .Il "suffit " ( sic ) d 'arrêter la minorité de trublions pour avor la paix dans les cités".Je suis du côté des " victimes "

Certes , oui mais à la qui la faute fondamentalement ? ( surtout ne croyez pas que j'excuse les délinquants , )

Ah! non pas à la société ,disent-ils .

C 'est "ringard "de penser de la sorte

Le chômage le désarroi , l ' absence ,de perspectives ,les cités "guettos " , qui favorisent l'émergence de tels faits délictueux cela est moins important que la "responsabilité " individuelle ... disent ces gens

" Eduquons , eduquons , redonnons un sens" moral " à nos jeunes "

OUi , mais avec quels moyens ? Avec des écoles où manquent les profs , du chômage ?

Car, à ces gens là qui parlent à leur aise de "reponsabilité " , de "valeurs morales , il ne vient pas à l 'idée de condamner la politique du gouvernement , les bas salaires , les boulots au rabais etc
Une question bien simple . qu'ils ne posent pas : pourquoi à l 'époque du plein emploi , il y, a t-til infiniment moins de délinquance ?

Il n 'y a que le jeune qu s 'en est sorti et qui a " monté sa boîte " qui pose le problème en ces termes , reconnaissant néanmoins qu 'il a eu un peu d chance

Bref , un débat bien consensuel , qui ne pose pas les vraies questions .

Message Publié : 08 Fév 2005, 14:34
par Ottokar
j'ai été lire après le reportage , je n'ai visiblement rien perdu en zappant le débat ! Merci du compte rendu, ça évite les regrets.