(boispikeur @ samedi 14 août 2004 à 02:07 a écrit :(mael.monnier @ vendredi 13 août 2004 à 23:50 a écrit : (comme je l'ai fait en citant Eric Conan et Pascal Perrineau du Cevipof) ?
:t3xla:
Tes sources: L'express et Scince Po! (Tien Maël, au cas ou t'aurai changé d'avis, je te remets ton avis sur science Po
Mon propos portait sur les étudiants de Sciences-Po, sur la médiocrité des classes dirigeantes et sur le fait que Sciences-Po soit une école de formatage aux intérêts de l'Etat bourgeois. Je ne me fais donc aucune illusion sur les propos du Cevipof, mais ce sont tout de même les mieux placés pour faire des analyses politiques étant donné qu'ils ont les moyens pour le faire.
Ils ont fait un dossier avant les élections régionales de 2004 et on y trouve des éléments intéressants. Ainsi dans une étude sur l'extrême-gauche réalisée par Vincent Tiberj, on peut lire que :(pages 11-12)a écrit :Les partis d'extrême gauche ne sont pas les organisations qui séduisent le plus d'ouvriers à gauche : les ouvriers sont 25% à se déclarer proches du PS et 14% proches des verts. Le PCF et l'extrême gauche qui font de cette classe sociale leur « clientèle » naturelle ne rassemblent chacun que 6% des ouvriers. La structure est similaire pour les employés qui constituent la deuxième composante des classes populaires. Les employés et les ouvriers ne représentent que 50% des sympathisants trotskystes en 2002, soit un peu plus qu au PS (46,5%) mais moins qu au PCF (57.5%). De même, en termes de statut professionnel bien que l'extrême gauche touchent plus le secteur public (5%) et les chômeurs (6%) que le secteur privé (3%) et a fortiori les indépendants (2%), c est encore Le PS et les Verts qui restent dominants en termes d attractivité. [...] Au total, on a confirmation au moins en 2002 de la faible pertinence de l explication par les clivages sociaux de la structuration de l offre politique à gauche.(page 15)a écrit :Les électeurs d'Olivier Besancenot viennent plus souvent des couches supérieures du peuple de gauche (50.5% de bacheliers et plus contre 43.5% pour les électeurs Laguiller), ils sont également plus intéressés par la politique (58.5% contre 40.5%) et plus jeunes (les 35 ans et moins représentent 45% du premier groupe contre 35% du second).(page 16)a écrit :compte tenu du profil en termes de valeurs des deux électorats, on peut se demander si Arlette Laguiller n'est pas rejetée par les électeurs d'Olivier Besancenot, notamment à cause de ses prises de position peu en phase avec les électeurs d'avril 2002 de la LCR plus diplômés et moins ouvriéristes. Ensuite, il ne faut pas négliger les conséquences marquantes du 21 avril sur les électeurs, d'abord avec une plus forte propension en 2004 au vote utile (comme probablement pour les législatives de 2002) et ensuite avec le refus de Lutte Ouvrière d'appeler à faire barrage au FN.(page 17)a écrit :seulement 51% des individus interrogés ayant voté pour Arlette Laguiller ou Olivier Besancenot se sentent proches des idées de l'extrême gauche ce qui renforce a posteriori notre lecture du vote du 21 avril.
Pour moi l'effritemment de l'extrême-gauche est donc bien du aux conséquences du 21 avril 2002 d'une part : des électeurs de la LCR (qui est plus jeune et "bobo") ont rejeté cette alliance avec LO parce qu'ils n'ont pas compris ce refus d'appeler à faire barrage au FN et préféraient sans doute un discours moins ouvriériste ; des électeurs de la LCR et de LO qui s'étaient portés sur les candidatures d'Olivier Besancenot et Arlette Laguiller, par volonté de faire sanction à la gauche plurielle ou qui faisaient un vote d'influence destiné à pousser la gauche plurielle vers la gauche, ont préféré voter utile pour éviter un 21 avril bis. D'autre part, le vote aux régionales et aux européennes était plutôt une volonté de sanctionner la droite que de voter en faveur de la gauche plurielle et donc ce n'était pas la même configuration que pour le 21 avril où c'était la gauche qui était au pouvoir.(boispikeur @ samedi 14 août 2004 à 02:07 a écrit :
Et ils disent aussi que 40% des ouvriers votants l'ont fait pour Jospin... mais tu ne l'as pas mis en gras.
Oui je sais. Mais l'important là-dessus, c'est ce que j'ai mis en gras après : "ce ralliement n'est que partiel et fragile" et "une grande majorité d'ouvriers continuent de snober la gauche, qui est loin de ses scores des années 1970 ou 1980. C'est sensiblement pareil pour les employés. Ensuite, ce vote est avant tout un vote contre."(Valiere @ samedi 14 août 2004 à 14:24 a écrit :
Si le PS n'est plus un parti ouvrier, répondez aux deux questions essentielles :
- A quel moment la transformation négative a eu lieu?
La réponse se trouve dans ce que j'ai déjà cité :(Eric Conan a écrit :Cela remonte à 1983-1984, quand la gauche au pouvoir fit le deuil de son dernier vrai programme, celui de 1981.
La transformation négative a eu lieu avec le tournant de la rigueur du 25 mars 1983 où la "gauche" s'est convertie à ce qu'elle appelle le "réalisme" économique.(Valiere @ samedi 14 août 2004 à 14:24 a écrit :- ou en est-on au niveau des rapports de forces entre les classes aujourd'hui?
Les masses ouvrières n'ont pas disparues loin de là. Comme l'a rappelé Eric Conan à Jacques Attali, "ouvriers et employés constituent toujours 60% de la population française. " Et avec la dégradation sociale en cours, le pauvrétariat (travailleurs pauvres, précaires, chômeurs, exclus, etc.) est en augmentation. Le problème est plutôt lié à un manque de débouchés politiques, au fait qu'il n'existe pas d'organisations révolutionnaires correspondant aux aspirations des masses laborieuses (on voit notamment que beaucoup ne se reconnaissent pas vraiment dans le trotskysme, et que les anciens schémas ne rencontrent pas un écho important). Toutefois on relève un recours plus important aux moyens d'action directe, ce qui est un fait positif en soi. Le déclin du PCF et des syndicats bureaucratiques est aussi une bonne chose car il y aura ainsi moins d'entraves dans notre lutte de classe, entraves qui avaient été fatales à 1936 et 1968.