(Zappa @ samedi 30 août 2008 à 15:50 a écrit : Sur les perspectives qu'ouvrent la période, je pense qu'il y a un vrai enjeu, effectivement. Y a un décalage à droite de tout le champ politique depuis quelques années qui offre forcément plus de place à occuper à la gauche de la gauche.
Ton vocabulaire est révélateur, "gagner le leadership à gauche de la gauche". Qui dit que l'espace "à gauche de la gauche" qui se dégagerait n'est pas simplement la possibilité pour un parti réformiste de se développer ? Qu'est ce qui te fait dire qu'un parti révolutionnaire a à gagner, et comment devrait-il polariser des masses à gagner à nos idées ? Ton analyse du moment est mot pour mot la même que celle que Krivine défend dès qu'il peut en parler, seulement lui il préconise de faire des concessions programmatiques de la part d'un groupe déjà opportuniste alors que toi tu penses à l'unité des groupes sans effectuer un bilan politique, faute de grand évènement.
(Zappa @ samedi 30 août 2008 à 17:12 a écrit :Si j'ai la même analyse de la période que Krivine, très bien OK. Je n'en veux pas à Krivine de s'inspirer de mes idées.
Qui dit que l'espace à la gauche de la gauche n'est pas simplement la possibilité pour un parti réformiste de se développer ?
Comme tu le sais, la politique a horreur du vide. Si les révolutionnaires n'occupent pas la place, c'est certain de toutes manières, que des réformistes s'en chargeront. Ce sera peut-être un parti réformiste nouveau ou alors un revirement du PC ou du PS, ou des deux, qui se mettront à gauchir le verbe...
Après, qu'est-ce qui fait que des travailleurs ou des jeunes en restent au réformisme ou passent aux idées révolutionnaires ( ou alors autre possibilité dépriment totalement ) ? C'est le résultat de facteurs objectifs et subjectifs. La situation objective est celle d'une prolétarisation de la société : chômage de masse, de plus en plus de précarité dans le boulot, les salaires qui stagnent ou qui baissent, pouvoir d'achat en chute, licenciements, suppressions de poste, des attaques de partout, les fils ou les filles de la classe ouvrière qui vendent du shite, s'engagent dans la police ou dans l'armée, multiplient les jobs sans lendemain, et les braves et honnêtes petit bourgeois tel que moiqui ont fort peu de chances de retrouver le niveau de vie de leurs parents. La description peut sembler un peu apocalyptique, mais clairement ça se durcit ces dernières années et la pression se ressent chez pratiquement tous les jeunes et les moins jeunes. Et c'est pas une situation qui est particulièrement favorable au développement des illusions réformistes. Tu peux difficilement être reconnaissant ou plein d'espoir vis à vis d'une société qui t'appauvrit. Et la propagande culpabilisatrice du système sur le mode " la réussite sociale est question de volonté individuelle " ne peut pas tenir des masses quand tu vois que tu n'es pas seul à plonger, que tes 20 potes à côté de toi sont aussi en train de ramer.
Pour ce qui est de la situation subjective, on a une extrême gauche qui est implantée au niveau national, qui depuis 1995 fait 5% ou plus aux élections présidentielles, donc leadership électoral à la gauche de la gauche. Et pour dire les choses directement, la concurrence est pas monstrueuse sur le plan politique.
Voilà les raisons pour lesquelles j'aurai tendance à penser que la situation nous est plus favorable qu'à des réformistes d'un genre nouveau. Après les interventions de chacun, le militantisme, comptent dans la balance c'est certain.
Avant de penser à l'unité LO-LCR et aux formes qu'elle aurait pu prendre ( je tiens pas particulièrement à une unification totale mais plus à une façade et quelques activités essentielles communes ), ça aurait été déjà un point positif que la LCR n'abandonne pas les références et rende flou le projet politique à un moment où les idées révolutionnaires peuvent justement se développer, et pour les mêmes raisons ils auraient mieux fallu que LO s'abstienne de faire des alliances avec le PS et le PC, même si les conséquences sont de moindres portées que pour la LCR. De même, je vais pas redévelopper ici mais je pense que LO aurait du discuter d'une autre manière et avoir une autre politique concernant le NPA.
Après, dans mon schéma idéal, LO et la LCR se seraient alliés, donnés une façade commune, sans rien abandonner des théories communistes révolutionnaires, pour explorer les possibilités de la période et auraient mené des campagnes en commun sur le pouvoir d'achat, et par exemple en ce moment contre la guerre en Afghanistan. Et on serait intervenu côte à côte dans les luttes comme dans les élections ce qui ne pourrait rendre que plus audible la voix des révolutionnaires.
(Zappa @ samedi 30 août 2008 à 18:12 a écrit : Pour ce qui est de la situation subjective, on a une extrême gauche qui est implantée au niveau national, qui depuis 1995 fait 5% ou plus aux élections présidentielles
Tu devrais arrêter deux minutes d'aller discuter avec des militants et sortir un peu. La participation à une ou deux des caravanes organisées depuis quelques mois par l'organisation de laquelle tu te réclames aurait pu t'éviter de dire cette grosse bétise.
L'Extrème Gauche c'est rien encore, ça durera pas toujours mais pour l'instant parler d'elle comme d'une force implanté à l'échelon national, c'est une (mauvaise) plaisanterie. Quand à élaborer des stratégies en se basant sur ce mirage, ça va pas mener très loin.
Reality check needed.
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