(El convidado de piedra @ mardi 14 avril 2009 à 13:22 a écrit : Peut-être, mais ta critique n'est que la critique d'une bonne âme charitable. A cette aune là, Louis XI, les Medici, Ivan IV, Pierre le Grand seraient à condamner. Et par là, tu fais un service signalé à ...Staline.
Sous ta critique il apparait comme un grand dirigeant politique dans la lignée des grandes réformateurs de l'histoire.
Nous savons tous que la révolution n'est pas un dîner de gala, Convidado. Le problème n'est pas là.
Oui, d'une certaine façon, Pierre le Grand, Ivan le terrible sont des "grands hommes d'Etat", qui ont contribué à l'unification de la Russie, mis au pas les boyards. Dans les limites de la période historique au cours de laquelle ils ont régné, leur action a été relativement progressiste en dépit de leur barbarie.
Il en va de même de Staline, qui se revendiquait volontiers du tsar Ivan - cf le film d'Eisenstein à sa gloire. Staline a mené une politique de classe conséquente au service de l'accumulation primitive du capital en URSS. Le problème, c'est que cette accumulation, indispensable pour faire de l'URSS une grande puissance militaire et industrielle, n'avait plus aucun caractère progressiste à l'échelle mondiale, dans la mesure où les forces productives étaient déjà suffisamment développées. Staline a parachevé par les moyens les plus barbares les tâches de la révolution bourgeoise : la destruction des formes de production pré-capitaliste, la destruction de la petite agriculture individuelle qui représentait un frein puissant à cette accumulation du capital et au développement industriel.
Encore une fois, en dépit de ses méthodes barbares, Staline aurait pu être considéré comme un grand homme d'Etat bourgeois et son bilan comme "globalement positif"... s'il avait régné à l'époque de la révolution industrielle et non à celle de l'impérialisme.
Ce n'est évidemment pas seulement (1) pour des raisons morales qu'il faut condamner la barbarie de Staline, mais parce que cette barbarie et cette violence s'exerçaient contre les classes populaires, contre la classe ouvrière, au profit d el'accumulation du capital et des privilèges de la bureaucratie. C'était une violence de classe.
Mais il me semble indéniable que Staline a obtenu de grands succès économiques, militaires et politiques. Le critiquer sur ce terrain est absurde. C'est sur un terrain de classe qu'il faut le critiquer : qui servait-il, sinon les intérêts de la bureaucratie, c'est à dire d'une couche/classe/catégorie sociale qui a joué le rôle historique dévolu à la bourgeoisie. Mais, encore une fois, nous n'étions plus à l'époque des révolutions bourgeoises....
a écrit :
S'il y a eu nécessité d'une "dictature féroce" c'est surtout par l'imprévision, l'aveuglement politique, l'ignorance, la médiocrité de Staline et de ses partisans.
Non, il fallait une dictature féroce pour parachever la contre-révolution, c'est à dire :
-Exterminer les vieux bolcheviks,
-Priver la classe ouvrière de tout moyen de défense
Et aussi pour mener à bien l'accumulation primitive du cpaital :
-Imposer le travail forcé dans des conditions proches de l'esclavage à toute une partie de la population
-Exproprier la paysannerie privée qui avait fait la révolution pour s'emparer des terres féodales et voulait bénéficier du produit de son travail.
Ce qui n'empêche pas évidemment l'imprévoyance, l'aveuglement, les erreurs grossières etc. Quant à la médiocrité de Staline, elle est relative. Ce n'était assurèment ni un leader révolutionnaire ni un intellectuel brillant, et encore moins un humaniste ! mais sa fonction ne demandait pas ces qualités-là. Il était l'homme qu'il fallait pour la bureaucratie dont il a su imposer les intérêts, de même qu'il a su louvoyer entre les grandes puissances, traiter avec Hitler comme avec Roosevelt, galvaniser la population, s'allier au clergé etc pour gagner la guerre et s'emparer de toute une partie de l'Europe.
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1) Je dis "seulement" parce que nous sommes aussi en droit de condamner Staline, comme Hitler ou Churchill, pour des raisons morales. C'est un autre sujet, mais leur morale n'est pas la notre, même si le prolétariat doit inévitablement avoir recours à la violence face à celle de la bourgeoisie.