a écrit :
Autour du sondage d'Harris Interactive « Marine fera 23 à 24% au second tour »
Sitôt annoncé, sitôt commenté sans fin sur le fond par les journalistes et les politiques de tous bords. Mais (l'a-t-on déjà dit ici ?) quand on consomme un produit, mieux vaut lire de près l'étiquette. A fortiori quand il s'agit de chiffres. Quel est donc ce nouvel acteur « Harris Interactive », et comment procède-t-il ?
En fait il s'agit là d'un nouveau fait d'arme d'une méthode innovante en plein boom : le sondage par internet, qui cumule l'avantage de la modernité et du faible coût de production par rapport à un sondage téléphonique, ou pire, en porte à porte. Le précédent fait remarqué du genre était un certain sondage d'Ifop cet été, qui lui aussi sondait les Français par internet, pour établir leur avis quant à la politique sécuritaire du gouvernement, et qui avait suscité les émois méthodologiques que l'on sait [1].
Quant au présent opus, s'il a été pointé pour tel par Rue 89 [2], bien des médias n'ont pas ou à peine mentionné la particularité qui pose problème (Le JT de France2 a juste mentionné en passant vers la fin du sujet « malgré la polémique du fait que c'est un sondage par internet »).
Toutefois, la notice [3] du présent sondage nous précise qu'il a été exécuté sur un panel selon la méthode des quotas, avec redressement tenant compte des tabous politiques. Quel est donc le problème ? (au-delà de celui des sondages en eux-même, en particulier d'intention de vote à 1 an d'une élection).
Un problème classique des sondages est la marge d'erreur : en dessous de 1000 sondés, si l'on ne veut que 5% de risque d'erreur, les résultats ont une imprécision de +- 3%, ce qui fait beaucoup pour pouvoir commenter des intentions de vote. Certains sondeurs descendent parfois jusqu'à 600 personnes. Mais ici pas de problème, il y a 1347 sondés (on y dit quand même que l'un talonne l'autre à 1% d'écart, alors que c'est peut-être l'inverse à 4% d'écart).
Un second problème est la représentativité de l'échantillon : si l'on n'interroge qu'en ville, ou qu'à certaines heures, ou par un moyen technologique sélectif (les jeunes ont peu de téléphones fixes, les femmes et les moins jeunes utilisent moins internet, et... certains n'ont pas de foyer), on risque de ne pas toucher de façon homogène les différentes catégories de population, ce qui introduit souvent un biais important, l'opinion étant plus ou moins corrélée à la classe socio-professionnelle, à l'âge, au sexe, au fait d'être citadin ou rural. La méthode des quotas règle ce problème en s'assurant que la structure statistique des sondés reproduit la structure française. Ici, la méthode des quota a bien été effectuée. (Cependant il semble qu'il y ait quota et quota, ceux d'ici étant assez rudimentaires d'après [2]).
Une troisième difficulté est de trouver des gens à interroger
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[il y a plein d'autres trucs intéressants dans cette édition, même si ça concerne plutôt la rubrique sciences de ce forum]