a écrit :C'est ainsi. Oui, il n'y pas tout dans le texte de Ni Putes Ni Soumises, mais il y a un problème (que je ne résume pas comme toi à laïcité et mixité) particulier qui touche les jeunes filles d'origine immigrée, et que j'intitulerais la lutte contre l'oppression spécifique des religions et des intégrismes...
a écrit :que je ne résume pas comme toi à laïcité et mixité
a écrit :
Si NPNS souhaite mettre le doigt là-dessus, c'est son droit non ?
a écrit :Une manif sur le droit des femmes est malheureusement mieux accompagnée aujourd'hui par Simone Weil, des grandes bourgeoises comme E. Badinter ... que par les JCR.
a écrit :sans leur imposer des conditions sur les autres signataires.
a écrit :Tiens, cela fait longtemps que je n'ai pas provoqué, alors, une fois par an ...
Bien. Une manif sur le droit des femmes est malheureusement mieux accompagnée aujourd'hui par Simone Weil, des grandes bourgeoises comme E. Badinter ... que par les JCR. Eh oui, aujourd'hui, sur ce sujet, les réacs, malheureusement, ce sont plutôt ces derniers.
Alors évidemment, et c'était déjà vrai au temps de K.Marx, on peut revendiquer conjointement avec des bourgeois des libertés démocratiques. Ils n'en restent pas moins des ennemis. Donc, la fusion de LO avec le PS ou l'UMP n'est pas à l'ordre du jour. .
Nous allons garder notre indépendance organisationnelle.
Et nous continuerons de signer les appels de NPNS quand ils sont signables sans leur imposer des conditions sur les autres signataires.
que l'on pourrait dire de n'importe quel appel que des travailleurs licenciés adressent souvent aux pouvoirs publics.a écrit :Quid des inégalités économiques, de la politique du gouvernement, etc...
eh bien je ne vois pas où est le problème. Récemment Elizabeth Badinter (qui a derrière elles quelques mois de militantisme féministe) expliquait que NPNS représentait le renouveau du féminisme "d'origine", qu'elle opposait au féminisme de ceux qui au nom de la "tolérance" ont laissé passer un recul évident de la condition féminine. Et au risque de faire un parallèle osé (mais la provoc' a parfois du bon) je trouve assez salé que certains qui n'ont pas de mots assez forts pour crier à la catastrophe si la constitution européenne était votée "torturent" (je suis poli :hinhin: ) les mouches sur l'appel d'une organisation féministe qui mène un combat courageux contre les barbus.a écrit :NPNS se pose en concurrence avec les féministes "pour un nouveau combat féministe"
:sygus:a écrit :Récemment Elizabeth Badinter (qui a derrière elles quelques mois de militantisme féministe)
a écrit :
Elisabeth Badinter énerve
Elisabeth Badinter affirme que le féminisme fait fausse route. Elle lui reproche d’avoir renoncé à l’idée d’égalité en reléguant la femme
au rang de victime. Réactions
Maya Surdut. Ce livre est indigne de qui se prétend une intellectuelle. Comment peut-elle écrire que les féministes sont toutes différentialistes, toutes victimisantes ?
Qu’elles acceptent la place centrale de la maternité ? Que sait-elle des luttes contre le congé parental, les exonérations sur le temps partiel ? Badinter est vraiment une grande bourgeoise et le monde ne l’intéresse pas.
Elle tombe à point nommé pour alimenter les régressions actuelles : contre celles qui se battent, elle déverse des pelletés d’ordures. C’est hallucinant! Comme Marcella Yacoub et Hervé Le Bras, elle s’en prend aux études sur les violences faites aux femmes car elle ignore qu’il existe un rapport structurel de domination homme/femme. Pour elle, il n’y a pas de structure, il n’y a que des individus libres. C’est pour cela qu’elle jouit d’un tel engouement médiatique.
Maya Surdut est animatrice du Collectif droit des femmes.
Muriel Bordogna. Je suis très ennuyée par son raisonnement sur la «victimisation», car tous ses arguments n’ont pas d’ancrage dans une réalité politique et sociale : il faut attendre la page 182 pour lire pour la première fois «femmes de banlieues» et «femmes de classes supérieures»…
Je suis un peu choquée par la phrase «les femmes parlent haut et fort, les hommes murmurent». Où ça ? En entreprise, dans les partis politiques, les associations, les cités ? Sa critique de la parité me semble dénuée de prises en compte des réalités politiques et sociales.
Pour qui a-t-elle écrit ce livre ? Pour elle, (je ne le réprouve pas) pour avoir une conversation entre copines des beaux quartiers à l’heure du thé ? Tout est loin de mon quotidien et des luttes actuelles. Je n’ai pas trouvé de piste de réflexion, donc je trouve ce livre un peu cher…
Muriel Bordogna est présidente de l’association Le café féministe. [url=mailto:cafefeministe@free.fr]cafefeministe@free.fr[/url].
Clémentine Autain. Fausse route est un brûlot lancé contre les féministes supposées constituer un groupe hyper-puissant qui imposerait sa loi partout! On rêve! Badinter n’est pas la première à dire qu’il existe des bénéfices secondaires pour les femmes au sein même du système de domination ou à parler de l’identité masculine. Mais ces questions ne peuvent se traiter à la sulfateuse.
Elisabeth Badinter hiérarchise les violences faites aux femmes. Or, je persiste à penser qu’il y a un lien entre toutes ces formes de violences :une pub ou un livre sexiste, la politique familiale ou la violence physique...Tout renchérit tout : c’est pour cela que nous pouvons parler de système de domination. Ses envolées sur la bourgeoise du 7e arrondissement qui serait moins opprimée que la caissière de Bondy nous font revenir en arrière. On sait que lutte des classes et émancipation ne sont pas solubles l’une dans l’autre. Les viols existaient avant les banlieues. Il n’est pas besoin de naître à Sarcelles pour être macho.
L’une de ses critiques porte sur un féminisme qui aurait trop victimisé les femmes. Je peux partager cette idée. Je crois que le discours des féministes sur le viol renvoie aux femmes violées l’image d’un drame indélébile dont elles ne pourront se sortir. Il serait préférable de dire aux femmes qu’on peut être active face au viol et qu’une femme violée peut se reconstruire sans pour autant en diminuer la gravité... Mais ce livre est tellement écrit contre les féministes qu’il bloque tout débat.
Clémentine Autain est adjointe au maire de Paris, et cofondatrice de l’association Mix-Cité
Eric Fassin. Fausse route s’avère d’un antiféminisme d’autant plus efficace qu’il se réclame du féminisme. Elisabeth Badinter joue sur les divisions qui traversent le féminisme, qui partagent les féminismes – hier avec la parité, aujourd’hui autour de la prostitution, et toujours avec le foulard. Son étendard, c’est l’universalisme libéral, au centre de la tradition républicaine. On peut toutefois s’interroger sur la cohérence de cette posture théorique, en particulier sur deux points essentiels : la liberté du consentement et la différence des sexes.
Premier point : c’est au nom de la liberté que l’auteur rejette le féminisme « victimiste » : pour la prostitution, dans sa critique de l’abolitionnisme, et pour les violences sexuelles, dans sa polémique contre l’Enveff : pour être libre, il faudrait renoncer à penser la domination. Toutefois, si l’individu libre, qu’Elisabeth Badinter pose au principe de sa philosophie dans le droit fil des Lumières, lui permet d’envisager la prostituée comme une femme émancipée, il n’en va pas de même pour la jeune fille qui porte le foulard islamique : a priori, l’aliénation est posée pour celle-ci, écartée pour celle-là. Certaines seraient plus que d’autres des individus…
Le contrat sexuel aurait toute sa valeur dans le cas de la prostitution, mais pas dans l’échange amoureux ordinaire ; au contraire, l’auteur récuse alors la transparence du consentement, qui lui paraît incompatible avec l’érotisme. Pour ne pas renoncer aux vertus érotiques de la pudeur, elle lui préfère le charme ambigu d’un désir qui n’a pas besoin, pour consentir, de dire « oui ». L’essayiste espère ainsi protéger notre République d’une politisation des sexes, et du sexe, « à l’américaine ». La liberté sexuelle, tout autant que l’égalité entre les sexes, est supposée – comme si elle était toujours donnée, et comme s’il n’était jamais besoin de la négocier. L’auteur n’invoque donc la liberté qu’à sa convenance, pour mieux s’opposer à tout discours sur la domination : drôle de libéralisme, qui récuse la contractualisation des mœurs.
La deuxième contradiction porte sur la différence des sexes. D’un côté, c’est contre le différentialisme qu’Elisabeth Badinter définit sa vision de la République – qu’il s’agisse de parité ou de foulard. D’un autre côté, pourtant, elle s’indigne de ces féministes qui voudraient « apprendre au petit garçon à faire pipi assis comme une fille », ou qui prétendent « imposer aux petites filles et aux jeunes garçons les mêmes jouets ». Bref, « ce féminisme qui ne dédaigne pas la différence prône la ressemblance des sexes là où justement elle n’existe pas ». Voilà qui serait « absurde et dangereux » : « L’apprentissage de l’identité sexuelle est vital et, n’en déplaise à certains, se fait par oppositions, caricatures et stéréotypes. » On retrouve ici les échos d’inquiétudes révélées lors du débat sur le Pacs : la différence des sexes serait « la condition des retrouvailles ultérieures avec l’autre sexe ». C’est en vue de sauver la « connivence » qui a nom hétérosexualité qu’il faudrait préserver la différence des sexes au principe de l’identité sexuelle. Il s’agit bien, aussi, d’un universalisme à temps partiel : « La ressemblance des sexes est au bout du chemin et certainement pas au début. »
L’écho important rencontré par cet essai ne tient donc pas à sa cohérence théorique. Il doit surtout son succès médiatique au moment : c’est quand la droite est au pouvoir qu’Elisabeth Badinter s’en prend au féminisme. Après le regain féministe de la fin des années 1990, la France issue du 21 avril est moins favorable au progrès de l’égalité entre les sexes et de la liberté sexuelle : la gauche craint d’avoir négligé le « peuple » au bénéfice des femmes ou des gays, ou d’avoir privilégié genre et sexualité au détriment de la « classe » ; la droite, elle, n’est pas suspecte de complaisance en la matière… Fausse route participe donc d’un climat – on pourrait parler aujourd’hui en France, comme Susan Faludi aux Etats-Unis à l’issue des années 1980, d’un backlash, c’est-à-dire d’un « retour de bâton ».
Eric Fassin est sociologue et enseigne à l’Ecole normale supérieure. En 1999, il publiait, avec Daniel Borillo, Au delà du Pacs : l’expertise familiale à l’épreuve de l’homosexualité, PUF.
Caroline Fourest. Ce livre ne serait pas totalement inintéressant s’il n’était pas aussi confus. A aucun moment, il ne dit clairement à quel féminisme il s’adresse. S’il s’agit de critiquer un féminisme victimisant, essentialiste (1) et puritain et de pourfendre une certaine gauche dont la lecture du féminisme serait minimaliste, non radicale, alors nous sommes d’accord. Mais s’il s’agit de laisser croire que lutter contre les violences conjugales, le harcèlement sexuel et pour la redéfinition des sexes est faire preuve d’un abominable féminisme américain, qui risque de traumatiser les hommes à force de vouloir redéfinir la sexualité, je ne suis plus certaine de cerner l’objectif politique… Si ce n’est de fournir une caution inespérée aux anti-féministes. Malheureusement, je crains que cet aspect explique le succès actuel du livre.
Caroline Fourest, rédactrice en chef de la revue Prochoix.
Josette Rome-Chastanet. ll n’est pas étonnant que ce livre soit surmédiatisé au moment où il s’agit de démolir toutes les résistances. Pourtant, ce pamphlet nous oblige à nous interroger sur le féminisme actuel. Sans forcément partager ses analyses, surtout quand elle peine à considérer la domination masculine comme un système qui peut être déconstruit au bénéfice des hommes et des femmes, je crois que le mouvement féministe a besoin de reprendre et d’approfondir ses réflexions sur la sexualité, les rapports hommes-femmes, le travail invisible des femmes… Badinter affleure ces questions, elle ne les résout pas..
Josette Rome-Chastanet, réseau féministe PCF.
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