Dans le jeu du "c'est moi qui est unitaire, les autres (le NPA) des sectaires" Piquet entre dans la danse. :sygus:
a écrit :
Le bureau national de Gauche unitaire
À la coordination nationale des Alternatifs
Paris, le 17 mars 2009
Chères et Chers camarades
Vous menez actuellement un débat sur les alliances à nouer en vue des prochaines élections européennes. Certains d’entre vous s’interrogent dans ce cadre sur l’éventualité de passer un accord avec le NPA, d’autres sont favorables à rejoindre le Front de gauche, et il en est qui préconisent de ne choisir aucune de ces options.
Pour notre part, nous, militants unitaires de l’ex-LCR,qui avons mené bataille lors du congrès du NPA pour que celui-ci fasse le choix de l’unité pour ces élections, sommes en situation de rupture avec le choix de repli sectaire qu’a fait la majorité de direction du NPA sur cette question. Nous avons décidé de rejoindre le Front de gauche. Cette décision apparaîtra peut-être paradoxale à certains d’entre vous, mais la désynchronisation de nos débats et choix respectifs est sans doute un signe supplémentaire que nous sommes dans un moment politique de grands bouleversements !
Vous et nous avons été de tous les combats pour le rassemblement d’une gauche sociale et écologique. C’est pourquoi nous voudrions vous expliquer notre choix.
La situation politique est dominée par une crise capitaliste porteuse de dangers considérables pour les travailleurs et la société. Cette crise se double d’un désastre écologique qui place la planète au bord d’une authentique catastrophe humaine. Le mouvement ouvrier se trouve en état de division et de profond désarroi, confronté à un pouvoir de droite brutal. Pourtant, le contexte présent de mobilisations importantes de plusieurs secteurs de la société et la perspective des élections européennes, qui réactive les réseaux qui avaient mené victorieusement la campagne du « non » de gauche au TCE, paraît offrir une opportunité politique qu’on ne saurait laisser échapper. Celle de réaliser un rassemblement des forces qui, malgré leurs divergences et les limites des unes et des autres, offrirait un début de perspective à gauche, alternative au Parti socialiste. Un début de débouché politique relayant le front social qui se cherche, et qui pourrait en retour favoriser la réalisation de celui-ci.
L’accord du Parti communiste et du Parti de gauche sur la proposition d’un Front de gauche représente la première concrétisation d’une telle perspective. Elle est encore incomplète et ne dispose pas encore d’un élan militant considérable. Mais, si le NPA avait choisi de s’y associer, ce pourquoi nous avons milité, c’est une réelle dynamique politique qui devenait possible, capable de bousculer les équilibres politiques à gauche. Malheureusement, le NPA a repoussé cette possibilité, au nom de sa propre affirmation. Ce choix a des conséquences politiques désastreuses et nous ne saurions, pour notre part, l’assumer.
Comme nous, vous n’avez cessé de répéter qu’aucune des composantes de la gauche de transformation ne pouvait prétendre seule représenter un début d’alternative. Chercher à être la première liste à gauche du PS – projet, au demeurant, des plus aléatoires - donne peut-être à nos camarades du NPA l’espoir d’améliorer le score d’Olivier Besancenot à l’élection présidentielle de 2012. Mais cela fera-t-il progresser en quoi que ce soit l’alternative nécessaire ? Cela apportera-t-il le moindre début de réponse à des mobilisations qui buttent, comme toujours, sur l’inexistence d’un débouché politique crédible ?
Nous ne nous reconnaissons pas dans une politique qui fait passer d’illusoires intérêts de parti avant ceux, généraux, des travailleurs. Nous refusons d’être partie prenante d’une visée politique qui revient à vouloir faire le vide à gauche, pour qu’il puisse être dit qu’entre le PS et le NPA - certains disent maintenant entre l’UMP et le NPA -, il n’y aurait désormais plus rien. Nous ne saurions faire preuve de neutralité entre une proposition unitaire, quelles que soient encore ses limites, et une logique de division délibérée des forces anticapitalistes à gauche. Voilà pourquoi nous ne ferons pas la campagne du NPA et avons décidé de rejoindre le Front de gauche.
Par ce geste, nous entendons mettre nos actes en conformité avec nos convictions. Nous efforcer de peser dans le sens qui nous paraît nécessaire, sur le contenu autant que sur le pluralisme de la campagne. Aider à ce que le Front de gauche s’affirme sur des bases nettement anticapitalistes, sociales et écologistes, qu’il s’ouvre sans exclusives à toutes les forces de la gauche de gauche et du mouvement social susceptibles de se reconnaître dans ce combat unitaire et radical, qu’il s’ancre localement par des collectifs unitaires, à l’image de ce qui s’est fait en 2005.
Sans vouloir nous ingérer dans les décisions que vous êtres en train de prendre, nous ne vous cacherons pas, qu’à nos yeux, ce travail serait évidemment beaucoup plus efficace si nous pouvions le mener en commun. C’est, pour notre part, ce que nous souhaitons, et nous sommes convaincus que cela représenterait, au-delà des européennes, la promesse d’un début de réorganisation du champ politique à gauche.
Voilà les réflexions dont nous voulions vous faire part.
Recevez, Chères et Chers Camarades, nos salutations fraternelles et unitaires.
Le bureau national de Gauche unitaire