a écrit :Municipales : la gauche maxi-plurielle s’attaque à Xavier BertrandDu PS à l'extrême gauche, la gauche fait front commun à Saint quentin, dans l'Aisne, pour mettre à mal le ministre Xavier Bertrand (Reuters).
PS, PCF, MRC, Verts, mais aussi LO, LCR et PT… toute la gauche s’unit sur une même liste pour les municipales à Saint-quentin, dans l’Aisne, la ville où le ministre du Travail est élu.
François Vignal
«Historique», «exceptionnel», «C’est une première»… La liste d’union de la gauche de Saint-Quentin, dans l’Aisne, étonne jusqu’à ses propres membres. Pour les plus enthousiastes, il s’agit d'une liste d’union générale qui va ébranler la droite locale, et, via le ministre Xavier Bertrand, adjoint au maire sortant UMP Pierre André, peut-être la droite nationale.
Mais c'est une liste grand écart, diront les sceptiques. Et pour cause : à la classique ex-gauche plurielle (PS, PC, MRC et Verts), Lutte ouvrière (LO), le Parti des travailleurs (PT) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) ont donné leur accord pour faire partie de cette liste aux allures de grande famille de la gauche réunie.
«Nous avons dépassé nos clivages»«Nous avons voulu faire un front uni contre la droite saint-quentinoise, mais aussi contre la politique gouvernementale actuelle. Nous avons dépassé nos clivages pour ça», explique le socialiste Jean-Pierre Lançon, qui mène la liste.
Monter une telle liste n’a pas été aisé. D’abord réunis à l’initiative du Parti communiste, plus d’une réunion ont été nécessaires pour mettre d’accord tous les partis. «Il a fallu faire des concessions. Mais nous sommes entre adultes responsables», raconte Laurent Elie, des chevènementistes du Mouvement républicain et citoyen.
LO : «Ce qui nous réunit est plus fort que ce qui nous sépare»«Ce qui nous réunit est plus fort que ce qui nous sépare. Or nous sommes dans une situation où les travailleurs en prennent plein la figure. Notre objectif commun est de faire reculer la droite», résume Anne Zanditenas, de LO, qui rappelle que son parti avait appelé aux accords les plus larges, n’excluant pas quelques listes avec le PS (comme à Perpignan, à Saint-Chaumont dans la Loire ou a Vénissieux et Vault-en-Velin avec le PC). Mais elle précise : «On continuera à distribuer notre propagande parallèlement, tout en tractant pour la liste.»
Pour la LCR, passer le cap a été en revanche plus difficile. Nationalement, le parti d’Olivier Besancenot, en pleine refondation, n’appelle pas à s’unir au PS, mais au contraire, quasiment à le combattre, du moins le dénoncer. «Pour eux, nous sommes des sociaux-traîtres», explique en rigolant un membre de la gauche saint-quentinoise.
«Un mini-laboratoire de la gauche»Mais la situation locale a favorisé l’accord de la LCR : une droite très présente, qui a remporté la mairie avec plus de 70% au premier tour lors des dernières municipales, la présence de Xavier Bertrand, et pour mener la liste celle du socialiste fabiusien Jean-Pierre Lançon. «Il a été pour le “non” au référendum européen et on le retrouve souvent avec nous dans les luttes. C’est un vrai socialiste de gauche», justifie Dimitri Severac, l’un des responsables locaux de la LCR.
Assiste-t-on aux prémisses d’une refondation de la gauche allant de la LCR au PS ? «Dans la phase de reconstruction de la gauche, c’est un peu un mini-laboratoire» veut croire le socialiste Jean-Pierre Lançon. «C’est un test. Nous avons déjà de bons échos ici», explique Jean-Pierre Tournay, du PC.
Malmener Xavier BertrandDimitri Severac minimise lui l’enthousiasme de ses nouveaux amis : «Cet accord est juste local. Un accord avec la direction du PS reste impossible. Quand on voit Ségolène Royal qui offrait une place de premier ministre à François Bayrou lors des présidentielles…»
«On va essuyer les plâtres de ce genre d’accord», pense Laurent Elie, du MRC. Mais pour lui, le jeu en vaut la chandelle : «On peut montrer que la gauche est capable de s’unir au lieu de se tirer dans les pattes.» Surtout la perspective de malmener Xavier Bertrand, «un premier ministrable», est trop belle. Malmener, à défaut de le battre. Car avec 24% pour le PS et à peine 5% pour le PT lors des dernières municipales, Jean-Luc Tournay reconnaît qu’«arriver au second tour» serait déjà bien. Presque une victoire.
LIBERATION.FR : lundi 28 janvier 2008
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