par Cyrano » 12 Nov 2005, 12:04
Oui, Vérié, «il est difficile de convenir qu'on s'est trompé, mais tout de même.».
Ton mode de raisonnement est une bizarrerie. Sans arrêt, le leitmotiv, c'est que LO aurait redressé la barre, pour aller dans le sens de tes affirmations fantasmées, ou que, sur ce forum, on est un paquet à s'être trompé, c'est à dire, à ne pas avoir vu que toi tu avais vu. bref, selon ta façon de dire: le "canal historique" ne pige plus rien...
La réalité réelle reste : le très, très faible nombre de jeunes qui participent réellement à ces violences. L'autre soir, à Toulouse, le chiffre de 200 a été avancé, puis d'autres ont avancé le chiffre de 150… Mais bon sang, il suffit d'un peu de jugeote pour réaliser ce que ça représente par rapport à la population jeune des banlieues de Toulouse.
Si il y avait des attitudes d'émeutier dans une partie significative de la jeunesse des banlieues, on ne verrait pas la police naviguer au hasard dans les quartiers, selon les débuts d'incendies signalés. Les rares affrontements directs qui ont eu lieu ne mettaient en jeu qu'une infime fraction de la jeunesse de ces banlieues.
Je ne parlerai pas de ma ville : une vingtaine ? une trentaine au grand, grand maximum ?.. Ça suffit pour brûler lâchement des voitures, ou pour presque mettre le feu au Lycée agricole (qui heureusement ne s'est pas propagé). Mais alors, les milliers d'autres jeunes de la banlieue ne sont pas eux, une fraction significative ? Pourtant, ils vivent dans la même réalité sociale déprimante. Dans la plupart des villes où ça a brûlé, il n'y a pas d'affrontements directs, mais juste un jeu de "gendarmes et voleurs".
La complète imbécillité des actes, l'inconscience même, sont aussi des symptômes de la moyenne d'âge de ces "émeutiers".
On ne va pas y coucher, sur cette histoire :
Faut arrêter de mélanger ceux qui sont réellement actifs, ceux qui n'oserait pas (pas facile à chiffrer ceux là !), ceux qui comprennent, etc. Ça fausse l'entendement.
Lorsque une grève des cheminots crée une gêne pour les usagers, et que certains usagers disent comprendre le mouvement, va-t-on les compter comme grévistes? Un mode de raisonnement qui est une bizarrerie. Et c'est à l'opposé de notre mode de raisonnement.
Vérié écrit :
«Les éléments d'infos se multiplient aussi qui confirment qu'il s'agit d'une révolte d'une partie significative des jeunes pauvres et non de quelques voyou » ou bien «cette réalité qui apparaît maintenant comme une évidence».
On dit d'une personne maladroite, qu'elle a deux mains gauches, bin, là, faut avoir deux cerveaux gauches.
J'ai rappelé dans un message ce que disait le Maire de Clichy sur la réalité de ce qui s'est passé dans sa commune. Et même si il faut être prudent avec les images de la télé, plus ça va, plus on voit que ce sont d'infimes groupes de jeunes (et parfois très jeunes) qui vont faire leur acte de bravoure, pour les copains, pour le prestige, pour pas être des bouffons : brûler une poubelle, une benne à verre, une voiture. On n'en est pas à constater le manque de conscience politique, non, on constate plutôt le manque total de conscience, le vide, rien : l'inconscience, sans foi ni loi.
On est en désaccord sur notre vision de la réalité des faits? Eh bien, tant pis…
Ça ne change que peu de choses : il a bien fallu qu'il y ait des conditions particulières pour que ça apparaisse, cette histoire. Et la dessus, les participant-e-s à la causerie sont d'accord (avec des nuances dans la façon de l'exprimer).
Un bois mal entretenu, fouillis de ronces, de cailloux, d'arbres malades, se retrouve avec des bestioles qui pourrissent la vie des promeneurs de ce bois ? Ces bestioles sont-elles des petites vipères ou d'aimables couleuvres soudainement agressives ? On peut en causer, encore, encore, toujours est-il que si le bois avait été entretenu, on n'aurait pas eu à se coltiner avec des bestioles. Et que c'est bien le moment de le dire!
La-dessus, beaucoup d'entre nous se retrouvent.
«Mais les témoignages d'habitants et de militants se multiplient, de même que les témoignages de jeunes qui, sans avoir participé aux émeutes, les approuvent.»
C'est Vérié qui écrit. Je peux signer aussi cette phrase, peut être en nuançant.. Mais n'oublions pas «qui, sans avoir participé…»… Bah! y'en a qui se réjouissait des pieds de nez de Mesrine, presque un nouveau Mandrin...
Et personne ne dit le contraire.
De même, voir dans les participants actifs, des voyous ou autre catégorisation, ça ne fait pas, ipso facto, de ceux qui le disent des prosélytes du discours sécuritaire.
C'est manipulateur d'écrire ça, ou même plus simplement : c'est dégueulasse.