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Message par bidule » 20 Fév 2008, 22:19

Une pratique dont j'ai été témoin :

un proprio achète l'appartement (l'infâme chambre de 15 m² sans confort - 7è étage sans ascenseur, WC sur le palier) au dessus-de chez moi.

Il l'achète aux enchères (après une première réquisition déjà), je suppose pas trop cher, et il ne fait qu'un premier réglement.

Il y met trois gaillards qui travaillent dans le bâtiment, sans papiers, à qui il fait payer un loyer (dans mon immeuble cela peut aller jusqu'à 600 euros mensuels pour une telle surface - peut-être leur faisait-il payer plus).

Une inondation plus tard (ils avaient installé à la va-vite une douche où ils se succédaient tous les trois chaque jour... juste au-dessus de ma chambre), je constate que des scellés ont été mise à la porte de leur "appartement".

Le proprio n'avait jamais eu l'intention de payer l'intégralité de l'appartement. Evidemment, il ne payait pas les charges incombant au propriétaire. Pendant que le syndic de l'immeuble faisait les démarches pour récupérer l'appartement, le proprio encaissait les loyers des ouvriers qui y logeaient.

Lorsque le syndic parvient à récupérer le logement pour le revendre une fois de plus aux enchères, il en expulse aussi les locataires.

Qui sont devenus quoi ?

Le proprio, lui, a perdu le logement, mais il s'en était déjà remboursé largement, grâce aux loyers des ouvriers. Et il n'est nullement inquiété pénalement : le syndic arrête ses poursuites au seul résultat qui l'intéresse : récupérer l'appartement pour l'attribuer à quelqu'un qui va payer les charges. Le proprio indélicat peut recommencer son coup ailleurs, tranquillement ; il peut procéder partout pareillement simultanément et s'enrichir en toute illégalité, mais en toute tranquillité.

Quand ils ne poussent pas le vice jusqu'à refuser devant les tribunaux de se voir expropriés... et gagner régulièrement leur procès !

Sinon, concernant la question de la crise du logement, d'une manière générale, je me souvenais de ça :

France - le logement malade du capitalisme, LDC n°63, janvier 2002

A relire !
bidule
 
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Message par bidule » 20 Fév 2008, 22:34

La conclusion de l'article
(LDC n°63 janvier 2002 a écrit :
En fait, le logement continue à subir une pénurie sélective et organisée. Il existe aujourd'hui suffisamment de logements, de qualité correcte, pour mettre un toit au-dessus des têtes de l'ensemble de la population. Le recensement de 1999 enregistrait 29 millions de logements pour environ 60 millions d'habitants. De plus, les besoins recensés, estimés aux alentours de 300 000 logements par an, correspondent à peu près à la production annuelle, toutes catégories de constructions confondues.

Pourtant, tous ceux qui ne disposent pas de revenus suffisants n'accèdent pas au logement dont ils auraient besoin pour vivre correctement aujourd'hui, y compris dans le secteur social, auquel est cantonnée la majeure partie du monde du travail.
Quant aux logements autres que "sociaux", ils sont le plus souvent inaccessibles pour les familles de travailleurs. Alors que les ressources de ceux qui ont besoin de se loger sont fragilisées, les propriétaires-bailleurs se font de plus en plus exigeants. Non seulement ils imposent un dépôt de garantie, mais il devient courant qu'ils demandent deux personnes pour se porter caution d'un locataire, plusieurs mois de loyers d'avance, voire un an, des relevés bancaires sur plusieurs mois, car les simples feuilles de paie ne suffisent plus. Plus les ressources de ceux qui cherchent une location sont modestes et plus les propriétaires sont exigeants.

Dans ces conditions, le "droit au logement", rabâché au fil des discours des ministres qui se succèdent, est une formule creuse. Le problème est insoluble dans la société capitaliste soumise aux lois du marché. Car le secteur du "logement social", destiné à permettre au patronat de payer des bas salaires, est néanmoins lui aussi soumis aux lois du marché. L'Etat a beau le subventionner sous diverses formes toute une gamme d'aides de diverse nature ont été imaginées et appliquées au fil des années , il n'y a pas de solution à la crise du logement de toute une partie de la population tant qu'on respecte les intérêts des propriétaires, des banquiers, des promoteurs et des capitalistes du BTP. Et tant qu'on respecte les intérêts de la bourgeoisie en général. Car, dans cette société où tout s'achète et se vend, résoudre la crise du logement implique d'abord d'augmenter substantiellement les salaires afin que les travailleurs aient les moyens de payer les prix proposés sur le marché de l'immobilier. Ou alors il faut faire du logement un service public à prix coûtant, en réquisitionnant les terrains, les entreprises du BTP, les capitaux, etc. L'Etat et les différents gouvernements, de droite comme de gauche, ne veulent aucune de ces solutions. C'est là la raison de leur incapacité à résoudre ce problème, pourtant essentiel, du logement de la population dans des conditions dignes de notre époque. Ce sera à la classe ouvrière de le faire quand elle sera en mesure de peser sur l'organisation de la société et d'imposer ses propres solutions.
bidule
 
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Message par bidule » 21 Fév 2008, 22:54

Je ne le savais pas : le film qui vient de passer sur la deux "De battre mon coeur s'est arrêté" montre le milieu des "marchands de bien" et la violence qui règne, juste histoire de pouvoir conduire ses affaires comme il se doit.

Je vends, j'achète ou je loue, et à la moindre entourloupe, je cogne... à moins que je ne sois tué un beau jour...

Mais il y a peut-être déjà quelque chose sur ce forum au sujet de ce film qui a eu 8 césars.
bidule
 
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