par Ottokar » 07 Avr 2006, 14:52
Bon, dépassionnons un peu tout ça, si on peut. Je passe sur les sous-entendus de Gipsy, puisqu'il affirme qu'il n'y en a paas. Je ne vois donc pas de quoi il parle. LO, comme d'autres groupes, a fait ce qu'il fallait pour ce mouvement, au moment où il fallait ou à peu de choses près, et n'est pas restée les deux pieds dans le même sabot. Dont acte.
Revenons au début de ce fil. Je crois que Vérié a connu une certaine époque, une époque que je n'ai pas connue, où les camarades à l'origine de LO étaient tellement petits qu'ils ne se sentaient pas d'intervenir dans des mouvements. Question de taille, d'expérience, de préoccupation sans doute. Question de principes ? sûrement pas. Nous avons tous été éduqués avec le Que Faire, "militer dans toutes le couches de la population". Donc les principes n'ont rien à y voir. A une certaine époque, quand on on n'est que trois poignées, quelques dizaines, se pose le problème de comment dépasser ce stade, de devenir une organisation capable de peser sur la scène politique, de faire des pas vers un véritable parti national, demain candidat au pouvoir. On voit que si on a fait des pas les uns et les autres, on en est encore loin, et au nombre qu'on est, je partage ce que dit Jacquemart, une montée radicale à la 68 risquerait encore de nous laisser sur le sable, qu'on ait été "les premiers sur la brêche" ou pas.
Reste alors ce qu'il faut faire quand on est petits. La réponse est évidente : grossir, grossir, grossir... grandir jusqu'à atteindre une taille telle qu'on puise se poser ces problèmes d'interventions dans différents milieux. Bien sûr il ne s'agit pas que de "bouton de veste" de discussion un par un, de pêche à la ligne... mais ça compte aussi. Arlette a raconté coment elle a été abordée dans l'autobus par un garçon (de VO) qui l'a vue lire l'Observateur. Ce garçon a bien fait de faire de la "pêche à la ligne" en tout temps et en tous lieux, non ?
Je suppose que Vérié a davantage connu l'époque où la préoccupation principale de nos camarades était celle-ci, ce qui devait conduire sans doute à durcir un peu le trait face à ceux qui méprisaient ce travail de recrutement, de formation, d'implantation dans les milieux populaires. Mais la LCR de l'après 68 grossissait le trait elle aussi, trouvant dans la Sorbonne, Nanterre et mai 68 la justification de ses choix. Elle l'avait théorisé dans la novlangue néo-kominternienne de l'époque : la "diasédi", DIAlectique des SEcteurs D'Intervention (!!), pour dire qu'ils allaient "de la périphérie vers le centre", de la petite bourgeoisie scolarisée vers le coeur du prolétariat... En 69, Krivine s'est présenté avec son jargon ridicule alors que LO aurait déjà pu proposer un ou d'autres candidats. En 74, Arlette du haut de ses 34 ans et de sa grève menée victorieusement au Crédit Lyonnais, était bien représentative de militants ouvriers que LO avait réussi à former alors que la LCR n'en avait pas d'autre à proposer. Et il fallu attendre 20 ans de plus pour voir émerger un Besancenot de ses rangs.
Mais tout cela n'est qu'un constat comme dirait Vérié, pas une attaque.
PS : si des camardes veulent me répondre, qu'ils ne croient pas que je me défile, mais je serai loin des ordinateurs quelques jours. A bientôt pour cette passionante discussion sur la "diasedi" opposée à la "méthodologie organisationnelle" (ça, c'était comment LO écrivait...).