a écrit :mardi 31 octobre 2006, 9h02
Bus incendié à Marseille: 5 personnes interpellées dont plusieurs mineurs
MARSEILLE (AFP) - Cinq jeunes gens, dont plusieurs mineurs, ont été interpellés mardi à l'aube à Marseille, lors d'une opération de police pour retrouver les auteurs de l'incendie criminel d'un bus qui a fait une victime grave, une jeune femme toujours entre la vie et la mort.
Un rassemblement de soutien à Mama Galledou, la victime de l'agression qui était toujours entre la vie et la mort lundi, est prévu à 11H30 ce mardi à Marseille à l'appel des enseignants et de la faculté Saint Jérôme où elle a étudié.
Les cinq jeunes gens ont été placés en garde à vue. Dans la matinée, les policiers prévoyaient encore d'autres interpellations. Un adolescent de 14 ans fait partie des personnes arrêtées à la cité des Lilas, dans le 13e arrondissement de Marseille. "C'est mon fils, il a quatorze ans, il a un alibi", a crié le père lorsque son fils a éte emmené par les policiers.
Une cinquantaine de policiers, dont certains en civil, sont entrés peu après 06H00 du matin dans des immeubles des cités à proximité de l'endroit où a été incendié le bus 32 de la Régie des transports de Marseille (RTM) samedi soir. De nombreux journalistes étaient présents à proximité. Le quartier est resté calme durant ce coup de filet et l'opération s'est déroulée sans incident, selon une source proche de l'enquête.
Joint au téléphone le procureur de la République de Marseille, Jacques Beaume, a indiqué que les enquêteurs étaient à la recherche "de mineurs et d'un majeur", sans vouloir évoquer de chiffre précis. Le parquet avait ouvert une information judiciaire pour incendie volontaire ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, un crime passible de 30 ans de réclusion. L'appel à témoins lancé dimanche par le procureur de la République de Marseille, Jacques Beaume, a été relayé de manière inédite par le Premier ministre. Dominique de Villepin a rappelé que les témoignages pourraient se faire de manière anonyme.
La victime de l'agression était toujours lundi entre la vie et la mort. Mama Galledou a été brûlée à 60% au visage, aux jambes, aux bras, aux mains et au thorax, a indiqué le professeur qui la traite, Jean-Claude Manelli. Elle est placée sous respiration artificielle au centre régional des grands brûlés de Marseille. "Elle a passé avec succès le cap difficile des 36 heures mais nous ne pouvons toujours pas faire de pronostic pour les jours à venir", a-t-il ajouté.
Le père de la victime, un universitaire résidant au Sénégal, des frères et des cousins se sont rendus à son chevet dans la journée, un déplacement pris en charge par la République française. Mama Galledou est diplômée en nutrition après un mastère professionnel à la faculté de Saint-Jérôme - proche du lieu du drame. Née en France, elle avait passé son baccalauréat au Sénégal avant de s'installer à Marseille en 2000. Elle vivait dans une résidence universitaire du quartier.
L'attaque du bus par trois ou quatre jeunes gens, un vrai guet-apens faisant cette victime grave à l'occasion de "l'anniversaire" des émeutes urbaines de 2005, a déclenché une indignation générale en France et est devenue une priorité tant policière que politique.
Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est "engagé devant la famille" de la victime à retrouver les coupables: "J'ai bon espoir que, dans les prochains jours, il y ait des éléments nouveaux", a-t-il déclaré sur Europe 1. "Des éléments nous permettent de penser qu'il y a, (parmi) les auteurs, des mineurs", a-t-il ajouté.
La fuite à pied des agresseurs du bus a orienté la police sur une enquête de voisinage dans les cités des Lilas, des Oliviers et des Hirondelles. Les indices matériels sont difficilement exploitables, l'incendie ayant endommagé la vidéo du bus. Après un dimanche sans transports en commun à Marseille, où les chauffeurs de bus ont exercé leur droit de retrait, le trafic a repris normalement lundi. Dans un communiqué, la mairie de Marseille a indiqué qu'elle avait obtenu du gouvernement un accord de principe pour un renfort de police réservé aux transports en commun. L'accord a été obtenu lors de la réunion à l'Hôtel Matignon consacrée lundi à la sécurité dans les transports publics.