la classe ouvrière

[othar]

(...)

je crois pas que le problème soit d'aller "vers les ouvriers" avec des piles de bouquins sous les bras. :hinhin:
le problème, c'est d'abord d'essayer d'avoir des discussions politiques avec des travaileurs en général et des ouvriers en particulier
si on arrive à faire ça, on est face à 3 sortes de gens:
1) ceux qui s'en tapent de ce qu'on peut raconter pour le moment (par démoralisation ou préjugés)
2) ceux que ça interresse (les moins nombreux, ce qui se comprend...)
3) ceux qui sont entre les 2 (y a des trucs qui les révoltent mais les perspectives que nous défendons ne sont pas crédibles, bref ce ne sont que des mots ou des idées donc c'est pas concret)


Se cultiver, essayer de construire un raisonnement par rapport à l'organisation de la société, ça prend du temps et ça demande une certaine motivation, bref une certaine révolte.
A nous de savoir écouter les gens (même si on a plein de choses à leur dire...) pour comprendre qui est prêt à quoi ?

Avec les (quelques) personnes qui veulent tisser un lien avec nous, on peut toujours leur "raconter le Capitalisme" et il faut le faire mais, pour moi, c'est faute de mieux!
Les militants PC ont longtemps éduqué leurs collègues, voisins, amis (etc) de cette manière et ils avaient raison!! (indépendamment de la politique qu'ils mettaient derrière)
Je crois qu'il faut encourager à lire, car c'est aussi une manière de se faire une idée par soi-même.
Cela aide à se forger son propre esprit critique. Ce qui est important sur le long terme et dans les périodes de crises.
Alors bien sur pas la peine de se jeter sur "l'Idéologie Allemande"... :hinhin:
Il y a une progression, fonction de la personne, de ce qu'elle a compris auparavant, de ses centres d'intérêts, etc
Chaque type de livre correspond à certains types de problèmes.
En fait ce qui compte, plus que l'origine sociale, c'est la motivation.
Par exemple, la plupart des "'intellectuels" seraient incapables de comprendre par eux-mêmes les leçons "du Manifeste" même s'il leur venaient l'envie de le lire.

Bon, bon, je raconte tout ça mais pour relativiser, j'ai beaucoup de mal à lire en ce moment....

[Valiere]

La lecture est une question de motivation...il suffit d'être convaincu et d'avoir envie de savoir et de connaître....
mais l'approche consiste non à venir avec des livres mais à militer avec les travailleurs dans les associations locales, c'est ainsi qu'on noue des contacts, qu'on agit ensemble, qu'on s'interroge ensemble...
Moi je l'ai vécu avec un camarade ouvrier qui travaillait à Idéal Standart puis à la SNECMA -il es décédé malheureusement en 95-Il n'avait que le certif et moi j'étais instit...Très vite, il m'a dépassé y compris en nombre de livres lus et en clarté d'expression....

[zarta]

je suis d'accord pour la lecture, mais voila ce que j'en vois de la classe ouvrière depuis deux semaines que je travaille dans une usine :

- des ouvriers qui regardent de travers ceux qui travaillent dans les bureaux
- des travailleurs en cdi, qui négligent pour ne pas dire méprisent, des intérimaires
- des gens qui n'osent plus parler, même pas dans la salle de repos
- une tension permanente dans l'atmosphère dûe au rachat de l'entreprise (futurs licenciements ?), telle qu'on ne va pas fumer sa clope sans avoir le regard braquer sur sa montre pour ne pas dépasser les 10 minutes autorisées
- des autocollants cgt et fo collés sur les vitres d'une salle, mais du côté du bâtiment qui est fermé

C'est juste un sentiment soit, mais j'ai l'impression que la classe ouvrière vit tellement dans l'angoisse du licenciement qu'elle a tout le mal du monde à s'unir. Alors de là à taper causette autour d'un bouquin...

[Nadia]

C'est sûr que si les gars sont stressés par les menaces de licenciements, ils ne sont pas détendus pour lire et réfléchir calmement ! (une lapalissade)
Alors on peut parler de ces menaces, comment y réagir, s'organiser pour faire quelque chose ? (et éventuellement lire des bouquins/articles qui racontent de telles luttes)

[Valiere]

J'ai réfléchi à ta question...La lecture est peu pratiquée et ceci dans tous les milieux...
Quand on peut disposer d'ouvrages simples ils peuvent constituer des médiations très utiles...permettant d'avoir envie de se détacher de la télé.