La lutte contre le port du foulard ne passe ni par la loi, ni par l'exclusion !
Les marxistes-léninites doivent faire une distinction entre leur attitude vis-à-vis de la religion, d'un point de vue philosophique, et leur combat politique.
Sur le plan philosophique, notre organisation VOIE PROLETARIENNE se réclame du marxisme-léninisme et plus généralement du matérialisme dialectique. Dans cette conception matérialiste du monde, il n'y a pas de place pour un ou des dieux, que ce soit dans la formation des sociétés humaines, dans l'action des femmes et des hommes, ou dans un futur après la mort. VOIE PROLETARIENNE, est matérialiste dans le sens où elle s'accorde à ne reconnaître que des bases matérielles, et leurs reflets dans la conscience, aux actions des femmes et des hommes. A ce titre, elle mène donc aussi une lutte idéologique contre les superstitions religieuses dans la mesure où elles entravent la conscience et la participation à la lutte des classes, et également contre les institutions religieuses qui propagent la soumission à l'odre établi.
En contre point, sur un plan politique VOIE PROLETARIENNE ne proclame pas son athéisme et n'exige pas de ses membres qu'ils le soient. Seul l'accord avec notre orientation politique communiste, est essentiel pour construire une autre société.
L'analyse de la croyance religieuse elle-même est conforme à celle que Marx avait caractérisée : "la détresse religieuse est, pour une part, l'expression de la détresse réelle et, pour une autre, la protestation contre la détresse réelle. LA RELIGION EST LE SOUPIR DE LA CREATURE OPPRIMEE, la chaleur d'un monde sans coeur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est L'OPIUM DU PEUPLE. Abolir la religion en tant que bonheur illusoir du peuple, c'est exiger son bonheur réel. Exiger qu'il renonce aux illusions sur sa situation, c'est exiger qu'il renonce à une situation qui a besoin d'illusions".
Si l'on pense ainsi que la croyance religieuse n'est que le reflet dans la tête des femmes et des hommes de leurs conditions matérielles d'existence, cela signifie qu'on ne pourra la faire évoluer que dans le changement de ces conditions : participation à la lutte révolutionnaire du peuple, base d'une autre société, et non pas par une propagande forcément abstraite.
La lutte idéologique pour une conception scientifique de l'existence doit être menée, mais elle est subordonnée à l'ensemble des tâches politiques : l'édification du Parti de la classe prolétarienne, la révolution socialiste. "L'unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l'unité d'opinion des prolétaires sur le paradis du ciel" (Lénine).
En conclusion, le développement de l'athéisme sera plus le résultat de la lutte politique et des changements de société qu'elle produit que de la lutte idéologique seule.
En conséquence, les communistes de VOIE PROLETARIENNE ne peuvent exiger une "pureté idéologique", de principe, des ouvriers d'origine diverse qui décident de nous rejoindre. Ce serait complétement faux, illusoire, européocentriste. En revanche, nous devons exiger : 1/ un accord politique, vérifié par une pratique commune dans la lutte de classe ; 2/ une rupture idéologique "de base" avec les traits les plus forts de la domination bourgeoise : racisme, chauvinisme, mépris et aliénation des travailleurs manuels, oppression des femmes et des jeunes des classes dominées ; 3/ rupture manifestée concrètement dans l'attitude sociale ; 4/ la non-appartenance aux sociétés religieuses [ou maçonniques...] de type congrégations africaines, qui traduisent une aliénation pratique et un engagement militant incompatibles avec l'appartenance à une organisation communiste prolétarienne.
C'est dans ce cadre que les désaccords idéologiques doivent être examinés en fonction de l'origine sociale et des ruptures déjà faites.
Nous savons également que nous sommes le produit de notre histoire coloniale, mais aussi bourgeoise. En France, 20% de la population se déclare sans croyance religieuse, et ce chiffre est sans doute plus élevé dans la classe ouvrière et selon les régions [fond culturel républicain, anarcho-syndicalisme et marxiste]. Ce n'est en général pas le cas dans d'autres pays. Vouloir que tous les prolétaires que nous approchons partagent ce fond culturel pour intégrer l'organisation serait utopique, petit-bourgeois et chauvin.
Notre internationalisme prolétarien sera aussi jugé par notre capacité à prendre en compte d'autres cultures à égalité de principe avec la nôtre, sans jugement de valeur et avec une approche matérialiste et fraternelle.
Les valeurs universelles et collectives sont présentes dans bien des cultures, et ont souvent été intégrées par la religion bien plus fortement que par l'individualisme judéo-chrétien occidental.
Au total, sachons découvrir et nous appuyer sur les richesses de ces cultures au lieu de les combattre, par réflexe !
