Pour Harpo,
a écrit :Il est probable qu'au départ, suite aux décès de deux jeunes à Clichy-sous-bois, il n'y a pas eu que des voyous qui se sont retrouvés dans la rue pour brûler des voitures (c'est stupide), répondre aux insultes de Sarko, affronter les flics (cela peut être juste). Mais les affrontements avec les "forces de l'ordre" sont devenus semble-t-il plus rares par la suite et les destructions d'écoles, les agressions de pompiers et autres saloperies sont devenues plus nombreuses.
Ceux qui sont réellement révoltés se sont probablement détournés de tout ça et leur révolte, contre le chômage, les contrôles au faciès ou à l'âge, contre les patrons racistes qui refusent de les embaucher, contre les directeurs d'agences qui leur refusent un logement par racisme ou parce que leurs parents n'ont pas assez de fric pour les cautionner... cette révolte légitime, ils ont dû la ravaler, grâce aux petites frappes qui occupent le terrain et font l'actualité du 20 heures sur TF1.
Pour ma part, avec les éléments dont je dispose (mes yeux, puis la presse), cette version ne me semble pas juste. D'autant qu'elle ne discute pas de l'extension du mouvement aux villes puis régions voisines. Le raisonnement peut être juste, je le considère meme comme probable, mais ce scénario se repete à chaque ville qui connait de nouvelles emeutes. Cela étant si tu as des éléments pour étayer, je suis preneur.
a écrit :C'est cette jeunesse là, qui n'est plus dans la rue ces derniers jours, qu'il faut toucher, pas les lumpen machistes et fouteurs de merde qui n'ont pas d'autre but que de brûler plus que ceux de la cité voisine. Ceux là il faudra les mettre hors d'état de nuire quand on le pourra; et ce ne sont pas les flics qui le feront vraiment, car finalement, ils sont leurs auxilliaires d'une certaine façon.
naturellement entièrement d'accord, sauf avec "qui n'est plus dans la rue ces derniers jours" pour les raisons évoquées plus haut.
a écrit :La question qui se pose quand même, c'est celle-ci : les dérapages de la police et les condamanations lapidaires que prononcent les tribunaux (et qui touchent certainement nombre d'innocents raflés au hasard et peu de vrais voyous) ne risquent-t-ils pas de faire qu'un certain nombre de révoltés se retrouvent à nouveau derrière les voyous, faute de mieux, pour exprimer leur colère.
Voilà, tu l'as dis, faute de mieux, et si c'était nous mieux ?
a écrit :Faute d'une analyse précise de ce que sont les "émeutiers" et de leurs motivations, analyse que les journalistes se gardent bien de faire sérieusement et que l'on ne peut faire (plus ou moins correctement) que là où l'on se trouve, il est difficile de ne pas déraper dans un sens ou dans l'autre. Les optimistes forcenés voient les prémisses d'une révolution, les militants plus prudents voient une société en train de sombrer et un boulevard offert à l'extrême droite. Je me range plutôt parmi les seconds, mais encore une fois, je n'ai pas de réponse absolument sûre et j'attends toujours d'être mieux informé.
encore et encore une fois, les "optimistes forcénés" ne voient pas les prémisses d'une révolution. Ils voient des révoltés, des opprimés, la fraction la plus précarisée de la classe ouvrière et se demande comment s'adresser à elle.
a écrit :Notre boulot, c'est de comprendre, d'analyser, de savoir comment et à qui on doit et on peut s'adresser pour que les dégats matériels et surtout en terme de conscience, ne soient pas irréparables. C'est aussi, tant qu'il reste certains doutes sur la réalité de la "révolte", de ne pas s'emballer et de continuer, ce qui n'est pas rien, à intervenir avec tous nos (petits) moyens dans le même sens et auprès du même milieu que nous le faisons habituellement, aux portes des boîtes, dans les boîtes dans les quartiers, sur les marchés. La situation est au moins telle que le plan d'urgence que nous avons essayé de populariser depuis maintenant 10 ans n'a jamais été autant d'actualité, n'a jamais eu autant de chances d'être approuvé, au moins verbalement par une large partie de la population.
On ne peut être en désaccord avec cela. A ceci près, que sans emballement, on peut quand meme considérer qu'il y a un soubressaut dans l'actualité qui mérite de boulverser nos habitudes.