La question des licenciements

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Cyrano » 05 Mai 2004, 14:08

Cyrano (dixit savinien) : « Vous ne trouvez rien dans les articles de LO concernant la lutte d'Alstom parce que ce dont parlent ces articles vous est étranger. »
Wolfeteau : « Non on n'y trouve rien parce qu'il n'y a rien dedans. »
Bon, ma dernière réponse de chez dernière réponse dans ce sujet…
Pasque avoir des conceptions différentes est une chose...
Mais:
« Non on n'y trouve rien parce qu'il n'y a rien dedans. »
Ça y va fort, là!

Début de la grève
3 mars, la grève n'a pas commencé. A Belfort, se tient une réunion extraordinaire du Comité central d'entreprise, à l'hôtel Mercure situé à 4 km, à l'extérieur de la ville. Les syndicats avaient appelés à un rassemblement devant l'entreprise. 500 personnes s'y sont retrouvées (la moitié de l'effectif appelé, ça donne une idée du niveau de mobilisation). Mais parmi les salariés, 200 ont décidé d'aller causer avec la direction à l'hôtel Mercure, et les barrières, les cadres, les vigiles n'ont pas pesé lourd. La direction a été obligée de sortir de son cocon hôtelier pour discuter avec les salariés. (LO, 12 mars 2004).
Le 8 mars, la grève débute à la Courneuve. La grève est votée par une AG qui réunit 200 personnes.
Une cinquantaine de travailleurs motivés font preuve d'initiative et d'énergie : ils vont s'adresser « à ceux qui étaient restés au travail dans les bureaux pour tenter de les convaincre de rejoindre la grève. A ceux qui ne le voulaient pas, ils ont demandé de quitter leur poste de travail. Il n'a pas été nécessaire d'argumenter beaucoup pour que la majorité d'entre eux cessent de travailler. Après une seconde "tournée" de ce type, en début d'après-midi, l'usine était vidée. » (LO, 12 mars 2004).
Le piquet de grève ne regroupe qu'une petite centaine de grévistes. « Malgré cela, la plupart de ceux qui ne voulaient pas faire grève sont repartis chez eux, sans heurt ni colère. » (LO, 12 mars 2004).
Donc, 200 personnes uniquement à l'AG (c'est beaucoup moins que le nombre même de licenciements prévus), et une centaine de grévistes actifs… Ceux qui pour des raisons X, Y, ne rejoignent pas leur combat mais ne montrent pas d'hostilité.
Ce qui explique que « la plupart des salariés qui ne participent pas activement au blocage de l'usine restent chez eux. » (LO, 19 mars 2004).

Des initiatives
Les grévistes qui assurent le piquet de grève prennent des initiatives heureuses :
« Mardi 16 mars, une trentaine de grévistes de La Courneuve se sont rendus dès 7 heures du matin au siège de leur division, Alstom-Power, à Levallois pour s'adresser aux salariés de ce site également touchés par les licenciements. A trente, nous avons suffisamment inquiété la direction pour qu'elle ferme les portes laissant les 500 à 700 employés de l'immeuble... sur le trottoir! Toute la matinée jusqu'à midi, cela nous a permis de discuter avec eux, de leur expliquer notre grève et ils ont applaudi l'intervention d'un délégué CGT montrant ainsi qu'ils condamnent, eux aussi, la politique de la direction, même s'ils ne font pas grève. » (LO, 19 mars 2004).
Ça ne semble pas facile de persuader les autres travailleurs de rejoindre la grève ! Mais ça ne démoralise pas le petit groupe en lutte (même si ils restent isolés dans leur grève, ils ne se sentent pas isolés ou en porte-à-faux par rapport aux autres salariés).
« Mercredi 17 mars, une réunion du comité central d'entreprise devait se tenir à Belfort. Une manifestation était prévue où une délégation de grévistes de La Courneuve était présente. C'est à 500 que nous nous sommes retrouvés devant l'hôtel où devait se tenir la réunion. Les membres de la direction, échaudés par une précédente manifestation où ils avaient été pris à partie, se sont réfugiés à la Chambre de commerce. Les manifestants les y ont suivis. Un directeur est sorti sur le perron invitant une délégation de dix personnes à entrer pour discuter. Sa proposition fut accueillie par un tollé, les travailleurs réclamant que ce soit les directeurs qui sortent pour s'expliquer devant tout le monde. Des vitres ont volé en éclats, des portes ont été brisées, et c'est par une porte dérobée que la direction s'est échappée... Parmi les manifestants, ceux de La Courneuve scandaient "tous en grève" slogan repris par une partie des travailleurs de Belfort. » (19 mars 2004).
Tous en grève ! Tous en grève ! Oui, les amis, gardez le moral, gardez votre détermination.

Troisième semaine
Quand arrive la 3e semaine de grève, la motivation de la centaine de grévistes ne faiblit pas : bel exemple de combativité !
Les grévistes « ont poursuivi leurs visites aux autres sites Alstom. Ils étaient à Saint-Ouen le jeudi 18 où, selon son habitude, la direction fermait les portes, bloquant les salariés dehors jusqu’à ce que les grévistes s’en aillent, vers dix heures du matin. » (LO, 26 mars 2004).
Le moins qu'on puisse dire, c'est que les grévistes ne restent pas les deux pieds dans le même sabot ! Hélas : la mayonnaise ne semble pas vouloir prendre.
Jeudi 18 mars, la direction assouplit quelques mesures. 3 grévistes sont embarqués par la police pendant deux heures.

L'apprentissage de l'autonomie
Durant la 4e semaine de grève, les travailleurs ont continué « la visite des autres sites Alstom de la région parisienne. Jeudi 25 mars, ils étaient à Saint-Ouen, vendredi 26 à Levallois. » (LO, 2 avril 2004). Une belle persévérance, car ils restent isolés dans la lutte.
La direction accuse la "minorité" de grévistes de mettre le site de la Courneuve en péril.
Avec la 5e semaine de grève, la direction amorce un recul. Ainsi, 200 grévistes dont une centaine réellement présents dans la lutte ont réussi, oh ! pour le moment, on est loin de la victoire, mais ce recul « est sans doute à mettre à l'actif de la détermination des travailleurs de La Courneuve. » (LO, 9 avril 2004).
Les grévistes « sont allés, parfois à plusieurs reprises, sur tous les sites Alstom de la région parisienne, de Saint-Ouen en Seine-Saint-Denis à Massy-Palaiseau dans l'Essonne, en passant par Levallois dans les Hauts-de-Seine et Vélizy dans les Yvelines. » (LO, 9 avril 2004).
Les visites se font à quinze ou vingt, elles n'arrivent pas en faire grossir le mouvement, mais elles font réagir la direction (eh dame ! on sait jamais ! si un autre site se mettait en grève…)
« À Saint-Ouen et à Massy, les grévistes ont pu entrer et s'adresser aux travailleurs dans les ateliers ou les bureaux. » (LO, 9 avril 2004)
Et les faignant d'usine ne se calment pas : « Ils tiennent bon et sont retournés le dire, le jeudi 8 et le mercredi 14 avril, à leur direction, Alstom-Power, au siège de Levallois, provoquant la fermeture des portes et laissant le personnel du siège dehors, plusieurs heures durant. » (LO, 16 avril 2004).
7e semaine de grève… La direction assigne 85 grévistes sont assignés devant le tribunal pour tenter d'obtenir la levée du piquet de grève. « Le secrétaire de la CGT a fait remarquer qu'aucun travailleur ne s'était présenté à la porte ce matin-là, pas plus que les autres jours d'ailleurs, personne n'avait donc été "empêché de travailler". » (LO, 23 avril 2004).

La reprise
Lundi 26avril : après 7 semaines de grève, c'est la reprise.
« Les grévistes ont tenu sept semaines à un peu plus de cent à La Courneuve. Les autres travailleurs de l’usine ou du groupe ne se sont pas joints à eux, malgré leurs tentatives pour populariser et étendre la grève et la sympathie qui s’exprimait à leur égard. Mais à cent, ils ont imposé des reculs à la direction. » (LO, 30 avril 2004).
Certes, tout ne semble pas réglé ! « Ainsi, de recul en recul, difficilement arrachés à la direction qui a attendu six semaines pour commencer à discuter avec les grévistes, il reste à La Courneuve 50 à 70 travailleurs dont l’emploi n’est pas garanti par un engagement de la direction. C’est dans ces conditions que la reprise a été votée, le piquet de grève levé, avec le sentiment de ne pas avoir complètement réussi. » (LO, 23 avril 2004)
« Au nombre qu’ils étaient, les grévistes ont défié la direction d’un groupe industriel parmi les plus importants du pays. [...] Un sentiment de fierté les animait lundi matin 26 avril à la reprise du travail. Il sont passés se saluer mutuellement avant de rejoindre leur poste à l’atelier ou au bureau. Et la maîtrise s’est tenue prudemment à distance. » (LO, 23 avril 2004)
Bon sang, une belle leçon ! Unis, décidés, les grévistes, minoritaires, ont fait reculer sur certains points une direction arrogante.
La municipalité PCF a fait servir un repas aux grévistes.
« Ce repas pris tous ensemble dans un local du CE a prolongé l’esprit de la grève. Quand ceux des bureaux sont arrivés, ils ont été applaudis par ceux des ateliers. Comme pendant la grève, il y a eu des prises de parole et des applaudissements, des discussions parfois animées; bref les liens créés par la grève sont bien solides.
Cette ambiance est de bon augure pour continuer à faire pression sur la direction quand viendra le règlement des cas individuels restés en suspens. Ces sept semaines-là restent des moments formidables pour tous.
» (LO, 23 avril 2004)
On aimerait y être. C'est une lecture qui réchauffe, oui, plus qu'une motion, foutez moi ce bout d'papier dans le barbecue !

Corps à corps
Le combat contre la capitalisme, le corps à corps réel contre ces possédants méprisables, oui, on peut se sentir solidaire, oui, on peut se réjouir de l'énergie des grévistes, de leurs tentatives répétées à élargir la grève, d'abord dans l'entreprise, ensuite sur les autres sites.
En somme, les grévistes en ont eu pour leur monnaie. Leur monnaie à eux, c'est le nombre de salariés en lutte, c'est leur motivation, leurs initiatives. Ceux là ont ressenti qu'ils représentaient une force collective. Il faut le dire, le répéter aux salariés du site et des autres sites : les licenciements ne sont pas une fatalité ! Z'avez vu ce qu'ils ont imposé à deux cents ? tous ensemble, nous serions une force collective d'une autre tournure !
Les articles de LO nous renseignent la dessus. Et c'est un point d'appui.

Schiiit ! Schiit !
En allant d'un site à l'autre, les grévistes ont fait l'apprentissage de l'autonomie.
Evidemment, pour Friedrich, « c'est le retour au XIXeme siècle. ». Qu'est ce que vous voulez répondre à ça ? Faut que les grévistes fassent une motion et rentrent chez eux. Et max la menace applaudira !
Oui, il faut redonner aux travailleurs la conscience de leur force collective.
Y'a des théoriciens de la "sixième" semaine de lutte qui méprisent ça : « "Conscience de leur force collective" ? Kezako ? » (Friedfriche, la fontanelle en jachère). Y'a pas d'motion ? c'est nul cette lutte !
Que répondre ?
Ah, Paulo, tu tombes bien, t'as un crachoir ? Schiiit ! Schiit ! merci, ça soulage.
Evidemment, si la seule chose qui intéresse, c'est de brailler pour un gouvernement PC-PS, si on paralyse les luttes en arguant du fait qu'il faut un débouché politique (entendez : retour à la case gauche unie, plurielle, etc.), on n'est pas foutu de comprendre cela !
Hum, Paulo, reviens, merci… Schiiit ! Schiit !
Alors, bien sûr, si on n'a pas sa petite motion, dans les articles de LO, « Non on n'y trouve rien parce qu'il n'y a rien dedans. » (wolfeteau, le héros de la motion magique)
« rien dedans. », bah ! ce ne sont que des luttes de prolos sans conscience politique… Ils ignorent, ces crétins, le Programme de transition, alors que lohen a tout appris, lui.
Que répondre ?
Ah, Paulo ? t'es pas parti ? ça tombe bien, merci, tends le crachoir… Schiiit ! Schiit !
Cyrano
 
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Message par zejarda » 05 Mai 2004, 16:35

j'aime aussi
:t3xla:
zejarda
 
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Message par Friedrich » 06 Mai 2004, 12:07

Après une longue loghorrée tentant par le mépris de noyer la discussion et qui ne nous apprend rien, Cyrano nous prête la pensée :

(Cyrano @ mercredi 5 mai 2004 à 15:08 a écrit :(...) bah ! ce ne sont que des luttes de prolos sans conscience politique… Ils ignorent, ces crétins, le Programme de transition,(...)


En tout cas, les travailleurs du Rateau eux n'ignorent pas les directions syndicales démontrant par la même qu'ils ont une conscience politique du programme de transition bien supérieure à celle de Cyrano.

Par un singulier renversement de perspective, Cyrano nous accuse de n'avoir vu dans le progr. de transition qu'un livre de recette de cuisine. En vérité, il nous renseigne par là même, sur le fait qu'il n'y voit lui même qu'un livre de recette de cuisine et surtout qu'il est incapable de le transposer dans la réalité vivante de la lutte des classes.

Je lui laisse la paternité complète de ses paroles. Quand à moi, je considère que le prog. de transition est une arme, et qu'elle est tout à fait utilisable par les travailleurs, comme le font les travailleurs du Rateau qui luttent contre la direction contre-révolutionnaire du prolétariat.
Friedrich
 
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Message par faupatronim » 06 Mai 2004, 13:36

[quote=" (Friedrich @ jeudi 6 mai 2004 à 13:07"]
Par un singulier renversement de perspective, Cyrano nous accuse de n'avoir vu dans le progr. de transition qu'un livre de recette de cuisine. En vérité, il nous renseigne par là même, sur le fait qu'il n'y voit lui même qu'un livre de recette de cuisine et surtout qu'il est incapable de le transposer dans la réalité vivante de la lutte des classes.
Phrase pouvant être traduite par c'est toi qui l'a dit, c'est toi qui l'est.

C'est un peu court, jeune homme, comme dirait De Bergerac...
faupatronim
 
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