par meichler » 15 Avr 2010, 21:51
La modestie, l'appréciation rationnelle de ce que l'on est, est sans doute une grande qualité, singulièrement pour ceux qui essaient d'être des révolutionnaires.
Cependant, faut-il être déjà une «direction internationale reconnue», pour s'autoriser à avoir une expression POLITIQUE (ce qui concerne le POUVOIR réel, l'Etat tel qu'il est, le gouvernement en place), ou n'en rien dire tant que l'on n'est pas une «direction internationale reconnue», autrement dit ne pas faire de POLITIQUE, et se contenter de prêcher le communisme comme le monde merveilleux qui n'adviendra que dans bien longtemps (c'est-à-dire jamais) ?
Quand les travailleurs ne font pas de politique, les hommes au pouvoir ne peuvent l'interpréter que comme le consentement à ce qu'il demeurent en place et poursuivent LEUR politique (cf. abstention massive). Dans ce cas là tout va bien pour ceux-ci, ils gardent l'essentiel : le pouvoir d'Etat. Mais quand ils font de la politique, les travailleurs n'attendent pas les "lendemains qui chantent", ils ne peuvent attendre, ils le font, tentent de le faire, avec les instruments qu'ils ont (l'impression d'avoir) immédiatement à leur disposition, et pour ce qu'ils croient pouvoir atteindre immédiatement (les illusions sont consubstancielles à toute activité humaine...). Généralement la majeure partie d'entre eux ne se tournent pas vers les révolutionnaires car ceux-ci leur paraissent trop faibles.
Tenter de surmonter cette contradiction, est la tâche essentielle que ces derniers doivent accomplir. C'est en tout cas ce que se proposaient Trotsky et ses partisans avec le "programme de tansition".
Le bavardage commence lorsque l'on détourne le regard de cette dure réalité, de la loi d'airain qui impose aux révolutionnaires sérieux de répondre d'ores et déjà à la question du pouvoir, dans les conditions existant aujourd'hui, "hic et nunc" en quelque sorte. Le bavardage commence quand, à la place, l'on se met à chanter la petite chanson empoisonnée de l'idéologie (par exemple les "revendications" détachées de : QUEL GOUVERNEMENT - pas dans mille ans, mais ici et maintenant - peut les satisfaire ?). L'idéologie console les malheureux et tranquilise les beaux esprits qui se paient de mots, mais elle laisse tranquillement en place ceux qui ont le pouvoir et l'exercent pour le plus grand bébéfice des exploiteurs.
Comme disait l'autre : «Tant qu'ils ne font pas de politique...» (ils peuvent bien se présenter aux élections).
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»
(Baruch SPINOZA)