la "concertation" sur les retraites

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par meichler » 12 Avr 2010, 19:12

a écrit :
Divergences dès l'ouverture de la concertation sur les retraites

lundi 12 avril 2010 18h45

par Jean-Baptiste Vey

PARIS (Reuters) - La concertation sur la réforme des retraites en France a montré dès son coup d'envoi lundi les divergences entre les syndicats et le patronat sur qui devra assumer les mesures visant à juguler les déficits.

Après des rencontres bilatérales avec le ministre du Travail, les syndicats ont rejeté toute réforme qui pèserait uniquement sur les salariés et les fonctionnaires, à travers un relèvement de l'âge légal de la retraite ou de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une pension complète.

Ils ont demandé à Eric Woerth de jouer plutôt sur les sources de financement des retraites, en évoquant, entre autres, des hausses générales ou ciblées des cotisations, contre lesquelles se sont élevées les organisations patronales.

Eric Woerth a refusé toute hausse générale des impôts ou des cotisations, sans toutefois écarter des ajustements "ici ou là".

"Il y a un sujet sur lequel le gouvernement n'est pas ouvert, c'est l'augmentation des prélèvements", a-t-il dit à des journalistes. "Nous ne sommes pas favorable à l'augmentation des impôts, nous ne sommes pas favorables à l'augmentation des cotisations d'une manière générale."

Les syndicats ont déploré l'insistance du gouvernement sur l'âge légal, aujourd'hui de 60 ans, et la durée de cotisation pour une retraite complète, qui atteindra 41 ans en 2012.

"On n'a rien sur la question des financements, rien sur l'élargissement de l'assiette", a dit le président de la CFTC, Jacques Voisin. "On a le sentiment que le ministre reste sur ces deux paramètres: l'âge et la durée des cotisations."

APPEL À LA MOBILISATION

Pour le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, "il est hors de question d'accepter tout ce qui reviendrait à demander aux salariés de nouveaux sacrifices".

"Beaucoup va dépendre du degré de mobilisation", a-t-il ajouté, appelant à participer aux manifestations déjà prévues le 20 avril, et surtout le 1er mai, avant d'autres rendez-vous.

Force ouvrière a confirmé son opposition au relèvement de l'âge légal ou de la durée de cotisation, tandis que la CGT, la CFDT et la CFTC ont défendu le maintien de l'âge légal à 60 ans.

"Ce n'est pas le début de la concertation, c'est le début de la confrontation", a résumé le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, qui plaide pour une hausse des prélèvements.

Le président de la CGPME, Jean-François Roubaud, a jugé au contraire qu'il y avait "au moins une chose à peu près certaine, c'est qu'il faudra augmenter la durée du temps de travail" à travers une hausse de la durée de cotisation.

"Fixer 42 ans en 2020 paraît une mesure qui pourrait être raisonnable", a dit le dirigeant patronal. Quant à l'âge légal, "il faudra sans doute aussi y toucher", a-t-il ajouté.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, s'est gardée pour sa part de répéter devant la presse sa demande récurrente de relèvement de l'âge légal et a dit espérer un "consensus".

Mais elle s'est à nouveau opposée à une hausse des cotisations, qui pénaliserait selon elle le niveau de vie des Français et la compétitivité du pays. "Nous ne pouvons pas continuer à résoudre la question des retraites par une augmentation régulière des cotisations", a-t-elle déclaré.

"ACCENTUER LES INÉGALITÉS"

Eric Woerth, qui recevait lundi cinq syndicats et trois organisations patronales, a dit que les premières options précises seraient présentées mi-mai et qu'un projet plus détaillé le serait mi-juin, pour un passage au conseil des ministres début juillet. Le gouvernement espère présenter le texte en septembre au Parlement.

Selon le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, aller aussi vite fait courir le "risque de se contenter de faire évoluer les paramètres que l'on connaît et, de ce fait, accentuer les inégalités qui existent".

Citant ceux qui commencent à travailler jeunes, les métiers pénibles ou précaires, les inégalités hommes-femmes, il a jugé qu'"il ne saurait y avoir de réforme juste si l'on ne voit pas toutes ces inégalités".

Le maintien de l'âge légal à 60 ans est pour la CFDT "un élément central", a-t-il souligné.

Jean-Claude Mailly a déclaré pour sa part que "sur les questions d'âge, il y a un blocage de notre part. Là-dessus, il n'y a rien à négocier".

Selon un sondage TNS Sofres Logica pour Europe 1 publié lundi, 56% des Français sont opposés au report de l'âge légal et 38% se disent prêts à manifester ou à faire grève.

Jean-Claude Mailly s'est dit capable de trouver une vingtaine de milliards d'euros de recettes supplémentaires.

"Nous sommes partisans de mettre une cotisation plus forte sur l'intéressement, la participation, les stocks options et de revoir certains dispositifs fiscaux", a-t-il dit, citant l'exonération des plus-values sur les ventes d'actions, qui représente selon lui 20 milliards d'euros en trois ans.

Pour les sociétés, "on peut aussi très bien prévoir un impôt sur les bénéfices plus fort pour la part distribuée en dividendes que pour la part réinvestie", a-t-il ajouté.

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2010 prévoit que le déficit du régime général, qui concerne la majorité des salariés du privé, atteindra 10,7 milliards d'euros, après 7,0 milliards estimés l'an dernier.


«Le début», cela veut dire : on va continuer à y aller...
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

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Message par meichler » 13 Avr 2010, 19:57

a écrit :
Le rapport du COR

Sans réforme, il faudrait 2 600 milliards d'euros pour sauver les retraites en 2050

LE MONDE | 13.04.10 | 11h10 • Mis à jour le 13.04.10 | 11h11

Le Conseil d'orientation des retraites (COR), qui rassemble partenaires sociaux, parlementaires et experts, a rendu son verdict. Dans le rapport sur les perspectives à long terme du système de retraite qu'il doit adopter et présenter, mercredi 14 avril, il indique de la manière la plus claire que le retour au plein-emploi ne permettra pas de financer les retraites.

Prudent, il ne se prononce pas sur la nature des changements qu'il convient d'apporter au système, laissant ce soin au gouvernement.
Dans le scénario le plus favorable (retour au plein-emploi en 2024 avec un taux de chômage à 4,5 %) et augmentation annuelle de la productivité du travail de 1,8 %), le besoin annuel de financement s'élèverait à quelque 70 milliards d'euros en 2050. Le problème est que quasiment personne ne juge plausible ce scénario qui implique un rattrapage très rapide du retard lié à la crise et une évolution très favorable de la productivité du travail.

Le scénario B (taux de chômage stabilisé à 4,5 % en 2024 et augmentation tendancielle de la productivité du travail de 1,5 %) est davantage en ligne avec la façon dont la productivité a évolué ces dernières années. Dans ce scénario, le besoin annuel de financement des retraites tournerait autour de 100 milliards d'euros en 2050. Dans le scénario C, qui prévoit un taux de chômage stabilisé à 7 % à partir de 2022, le besoin annuel de financement dépasserait 100 milliards.

Par quelque bout qu'on les prenne, ces chiffres donnent le vertige. La récession a avancé de vingt ans les échéances. En 2007, le COR avait évalué à 1,6 point de produit intérieur brut (PIB) le besoin de financement en 2030.

Or c'est dès cette année que ce niveau sera atteint : en tenant compte de la situation des régimes du public (fonction publique et régimes spéciaux), le besoin de financement gobal des retraites est de l'ordre de 30 milliards d'euros en 2010.

Même le Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui finance les dispositifs de solidarité – le minimum vieillesse, les périodes validées au titre du chômage ainsi que les majorations de pension –, est devenu déficitaire avec la détérioration de la situation de l'emploi.

LE DIFFICILE REDRESSEMENT DES COMPTES PUBLICS

Le rapport du COR fournit une autre donnée, plus impressionnante encore : si aucune mesure n'était prise, le besoin de financement cumulé des retraites à l'horizon de 2050 atteindrait 2 600 milliards d'euros. Un chiffre à rapprocher du montant de la dette publique à la fin 2009 : 1 489 milliards euros.

Toutes ces données signifient que le redressement des comptes publics ne pourra être atteint sans des mesures de redressement très volontaristes. Le 3 juin, le gouvernement doit préciser à la Commission européenne, très dubitative, comment il entend s'y prendre pour ramener les déficits publics sous la barre des 3 % en 2013, alors qu'ils devraient atteindre 8,5 % du PIB en 2010. La question des retraites est prioritaire.

De l'avalanche de mauvaises nouvelles révélées par le rapport du COR, plusieurs leçons peuvent déjà être tirées : pour garantir à long terme la répartition, compte tenu de ce qu'est la démographie française, il faudra non seulement arrêter des mesures dès cette année, mais aussi imposer aux prochains gouvernements de conduire sur longue durée des efforts d'ajustement du système en jouant probablement sur toute une série de paramètres. Aucun parti de gouvernement, Parti socialiste en tête, ne peut se désintéresser d'un tel sujet.

Dans l'immédiat et de façon plus prosaïque, il y a fort à parier, compte tenu de l'ampleur du besoin de financement dès 2010, que le gouvernement sera tenté de mettre à contribution le Fonds de réserve pour les retraites (FRR). Mis en place par le gouvernement Jospin en 1999, il était censé constituer une réserve permettant de lisser les difficultés démographiques à partir de 2020.

Bien que les gouvernements de droite qui ont suivi se soient désintéressés du sujet et malgré la crise, le FRR dispose à l'heure actuelle de quelque 34 milliards d'euros. Une cagnotte qui pourrait susciter bien des convoitises.

Claire Guélaud

Article paru dans l'édition du 14.04.10.


Entre science-fiction et épouvante, voici comme l'on veut effrayer les populations. Ils n'ont pas été capable de prévoir la crise financière de 2007-2008, même quelques jours avant la faillite de Leehman Brothers, et ils osent faire croire qu'ils peuvent se "projeter" en 2024 ou en 2050 ! C'est le foutage de gueule du "siècle".
Les "réserves" des chefs syndicaux, qui ont participé de bout en bout et continuent à participer au COR, sont des plus discrètes, pour ne pas dire "confidentielles".
«Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage» disait le dicton. Là c'est carrément la peste noire, pour tuer toute la meute.
«Ni rire ni pleurer, comprendre.»

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Message par luc marchauciel » 05 Mai 2010, 21:36

Sur le site de l'Acrimed :

http://www.acrimed.org/article3370.html

a écrit :
La réforme des retraites ? Urgente, unique, inévitable
Publié le 3 mai 2010 par Denis Perais, Mathias Reymond


Les grands médias se chauffent la voix. Cet automne le gouvernement devrait soumettre au parlement la « grande réforme » des retraites, afin de « sauver » le régime par répartition. Mais la bataille sociale, politique, et… médiatique a déjà commencé.

« Urgence » de la réforme

« Il y a urgence ! » s’exclame Alain Genestar sur France Info, le 20 février 2010. C’est « une réforme inévitable » insiste Patrick Bonazza dans Le Point le 25 février.« Incontournable », nuance Jean-Pierre Bel, « indispensable », tempère François Ernenwein, « inéluctable  », réplique Jacques Camus [1]. Pour Alain Duhamel, « la réforme des retraites, c’est la plus urgente, la plus nécessaire » (RTL, 23 mars 2010). Même point de vue pour Luc Ferry : « C’est vital et s’il y a encore une réforme à faire, c’est celle-là. Il faut acter qu’on travaillera plus. » (lejdd.fr, 26 mars 2010). C’est vital, c’est fatal – ce sont « Les retraites de la peur », comme l’indique la « Une » de Métro le 15 avril 2010.

On l’aura compris, les médias dominants nous resservent la soupe unanimiste de l’urgence de la réforme. Depuis 1993 et la première réforme des retraites instaurée par Edouard Balladur, les gouvernements successifs ont trouvé sur leur route des médias enthousiastes, saluant et soutenant la marche triomphale vers la « modernisation » des régimes de retraites (2003, 2007). La prochaine réforme, annoncée à l’automne 2010, devrait s’accompagner d’un emballement éditorial similaire. En attendant, les vedettes du journalisme marquent leur territoire.

Ainsi, Jean-Michel Aphatie insère la (bonne) réponse dans la question qu’il pose à Dominique Strauss-Kahn : « L’âge légal de la retraite, il faut quand même le revisiter un peu partout pour faire face aux déficits ? » (RTL, 4 février 2010). Idem, lorsque deux mois plus tard, il est face à Jean-Luc Mélenchon : « Comment peut-on combler ce trou financier sans augmenter la durée du travail des cotisants ? » Résumant la pensée du chœur des ténors médiatiques, Christophe Barbier propose de mettre « un grand coup d’accélérateur, immédiat et irréversible (...) afin d’accomplir les réformes les plus essentielles. Celle des retraites et des coûts sociaux, d’abord : que la franchise des débats sauve le système français une fois pour toutes ! » (L’Express, 25 mars 2010).

« La seule solution »

Les éditorialistes veulent voir les Français travailler plus longtemps, et sur ce point ils ne transigeront pas. Car il n’y a là aucune idéologie : ils se soumettent simplement au principe de « réalité », et, comme l’explique Dominique Seux, « la réalité est qu’il est impossible d’échapper au relèvement de l’âge légal de départ à la retraite. » (Les Echos, 9 avril 2010) Et pour Alain Genestar, « tout le monde sait, c’est une évidence , il faut travailler au-delà de 60 ans. » (France Info, 24 avril) Même son de cloche pour Philippe Frémeaux, directeur de la rédaction d’Alternatives Economiques : « Il n’est pas absurde de penser qu’on va travailler plus longtemps » (France Info, 26 janvier 2010).

Pour Laurent Joffrin sur France Info, ça ne fait pas de doute, «  la seule solution , c’est d’allonger la durée de cotisation » (15 février 2010). Et Sylvie Pierre-Brossolette, sa consœur du Point, censée lui apporter la contradiction en direct, acquiesce : « Moi, je pense qu’il faut les deux, allonger la durée de cotisation [mais aussi] repousser l’âge légal de la retraite, (...) ce n’est pas aussi antisocial que ça ». Laurent Joffrin peut alors conclure ce faux-débat : « L’idée d’accepter l’augmentation du nombre d’annuités, on est d’accord là-dessus ».

D’accord aussi avec Dominique Seux qui, sur son blog, explique que «  en France, grâce à la démographie dynamique, l’idée serait d’aller "seulement" vers 63 ans » (Blog, Les Echos, 15 février 2010). « La logique démographique et économique plaide pour un allongement de la durée de cotisation » tranche Le Monde dans son éditorial du 16 février 2010. La providentielle « logique démographique » a le dos large, et Gaëtan de Capèle du Figaro recopie ses confrères : « Au rythme où évolue la démographie française, il est inéluctable et urgent de repousser l’âge légal de la retraite et d’allonger la durée de cotisation si l’on veut préserver notre système par répartition. » (15 février 2010).

Trois mois plus tard, Jean-Michel Aphatie opine : « Le gouvernement récuse par avance l’idée d’augmenter les cotisations. Son argument ? Elles pèsent déjà pour le tiers du salaire versé par les entreprises, inégalement réparties entre employeurs et employés. En gros, nous sommes au seuil du supportable. C’est objectivement vrai . » (RTL, blog, 14 avril 2010) La vérité « objective » sortant de la bouche des gouvernements, pourquoi envisager d’autres solutions que les leurs ? N’en parlez pas, ce n’est pas sérieux… Ainsi, à propos de l’initiative d’Olivier Besancenot appelant à un front uni de la gauche contre la réforme gouvernementale des retraites, Laurent Joffrin semble très clair : « C’est une plaisanterie. Besancenot, il dit : y a qu’à taxer les riches, c’est tout simple. Mais comme les riches ne sont pas extrêmement nombreux, il n’y aura pas assez d’argent, ça ne suffira pas. » (France Info, 15 février 2010) Sur ce point, il est rejoint par la quasi-totalité des éditorialistes de la presse régionale à l’instar de Olivier Picard : « Sur la ligne de la retraite à 60 ans, la CGT, FO et la CFTC auront de plus en plus de difficulté à tenir cette position économiquement intenable ... même en inventant des taxations supplémentaires des bénéfices des entreprises pour trouver de nouvelles ressources » (Les Dernières Nouvelles d’Alsace, 20 janvier 2010).


« Une seule solution », donc – et une seule « grande question », posée, pour l’ensemble de ses confrères, par Bruno Dive : « La grande question porte pour l’heure sur la méthode  » (Sud Ouest, 15 février 2010).

« Conservatisme » et « privilèges »


Les premiers signes d’un alignement du Parti socialiste sur les positions médiatiquement dominantes sont aussitôt salués par les porte-voix des grands médias comme des « avancées », ou des « tabous » et des « dogmes » enfin brisés, à l’instar de ce qu’écrit Jean-Francis Pécresse [2] dans Les Echos  : « La conversion de la première responsable d’opposition à un recul de l’âge légal de la retraite est en tout cas de bon augure » (20 janvier 2010) [3]. Parallèlement, le « conservatisme » des syndicats et les « privilèges » des fonctionnaires sont vilipendés avec vigueur...

Claude Imbert par exemple, toujours égal à lui-même, ne fait pas dans la demi-mesure : « La réforme des retraites, d’une nécessité mathématique  [4], constituera un test majeur. Qu’elle s’enlise dans les arguties politiciennes ou le conservatisme syndical , et elle enlisera la France. » (Le Point, 1er avril 2010) Rien de moins… Pour Jean-Francis Pécresse, encore lui, c’est plutôt affaire de génétique : « Bien que les Français aient gagné sept ans d’espérance de vie depuis 1983, FO ne voit toujours pas le problème économique que pose un âge légal de départ dès 60 ans. Quant à la CGT, son refus de « toper » avec un gouvernement est inscrit dans son code génétique  » (Les Echos, 12 avril 2010).

Et de son côté, Franz-Olivier Giesbert, privé de tout privilège, fustige « ces privilégiés de la Nation [les aiguilleurs du ciel], qui ne travaillent que 24 heures par semaine - moins de 100 jours par an et bénéficient de retraites juteuses – et profitent de leur situation stratégique pour demander toujours plus. » (RTL, 24 février 2010). Toujours à propos des fonctionnaires, Jean-Michel Aphatie, « interroge » Jean-Luc Mélenchon : « Les retraites des fonctionnaires sont calculées aujourd’hui sur les six derniers mois ; celles des salariés du secteur privé sur les 25 dernières années. Ceci peut-il rester en l’état, Jean-Luc Mélenchon ? C’est un peu inégalitaire ! » (RTL, 13 avril 2010).



***
La « logique démographique », « l’urgence de la réforme », la « seule solution », le « corporatisme », les « privilèges »… La novlangue de l’éditocratie ne s’enrichit guère, mais accompagne « la réforme » avec le même entrain et la même insistance. Comme nous l’écrivions déjà à propos de celle des régimes spéciaux en septembre 2007 : « A chaque réforme libérale, à chaque réforme anti-sociale, le bataillon des ténors médiatiques envahit les colonnes des journaux, les écrans et les radios car il ne faut pas laisser le moindre espace à l’adversaire. Ils orchestrent le débat, et surtout se posent en gardiens du consensus. » [5]

« La réforme » est de retour ? Les gardiens du consensus aussi.

A suivre…

Mathias Reymond et Denis Perais

Notes
[1] Respectivement, La Nouvelle République du Centre Ouest du 16 juin 2009, La Croix du 22 mars 2010 et La République du Centre du 16 juin 2009.

[2] Dont le programme a au moins le mérite de la clarté : « Il faudra travailler beaucoup plus longtemps pour gagner moins, et moins longtemps, une fois à la retraite » (Les Echos, 14 avril 2010).

[3] A ce propos, on admirera l’analyse d’Alain Duhamel concernant la crédibilité d’un présidentiable PS : « A l’intérieur du PS, à propos de la réforme du financement des retraites, il faudra que les présidentiables se définissent individuellement. Qu’on voie qui est courageux, qui est compétent, qui prend des risques, qui n’en prend pas ! Bref, qui est le plus présidentiable. » (RTL, 16 février 2010). Comprendre : assez « courageux » et « compétent » pour prendre le « risque » de penser comme Duhamel.

[4] A laquelle est aussi sensible Chantal Didier, qui exige des « réformes nécessaires [...] dont l’équation est connue » (L’Est Républicain, 15 février 2010).

[5] Voir notre article : Régimes spéciaux : le retour des gardiens du consensus.

luc marchauciel
 
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Message par Zimer » 14 Juin 2010, 14:55

a écrit :Point de vue
Réforme des retraites : l'autre solution
LE MONDE | 14.06.10 | 13h54

près un mois de consultations en trompe-l'oeil, le gouvernement a remis sa copie aux syndicats et au patronat. Ce document d'orientation est précieux, car il renferme toutes les contre-vérités proférées et fausses solutions avancées depuis près de vingt ans. Choc démographique, catastrophe des régimes de retraite par répartition et travailler plus longtemps se mêlent dans un projet aussi mystificateur qu'inefficace.

Y a-t-il un choc démographique ? Oui, répond le document d'orientation. Non, a répondu à plusieurs reprises le Conseil d'orientation des retraites (COR) dont les conclusions sont sciemment travesties.

Ainsi, la France connaît un allongement de l'espérance de vie, heureuse nouvelle, et une fécondité qui la place juste au niveau du seuil de renouvellement des générations. Le COR a également établi, sans que cela soit contesté, que l'aggravation des déficits des comptes sociaux était essentiellement due à la crise financière et non pas à l'évolution démographique : en 2006, le déficit de l'ensemble du système de retraite était de 2,2 milliards d'euros ; en 2008, il atteignait 10,9 milliards et il devrait être de 32,2 milliards en 2010. La démographie n'exerce son influence qu'à moyen et long terme, et pas dans une accélération foudroyante en quelques mois.

N'y a-t-il qu'une seule solution ? Oui, répond le document d'orientation après avoir écarté sans examen les autres. Une fois ce coup de force perpétré, la réponse est assénée : "Répondre à un déséquilibre démographique par des solutions démographiques." Elle vaut ce que vaut le diagnostic : erreur magistrale. Le gouvernement s'engage à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage". Or, obliger les salariés à travailler plus longtemps (recul de l'âge légal de la retraite, augmentation de la durée de cotisation, ou combinaison des deux) entraîne obligatoirement une baisse du niveau des pensions sans qu'il soit nécessaire de l'annoncer. Nous le savions depuis les réformes de 1993 et de 2003, nous sommes prévenus pour celle de 2010.

Quand la situation économique reste et restera marquée par un chômage très élevé, l'engagement à "écarter toute solution qui baisserait le niveau de vie des Français ou augmenterait le chômage" est un faux-semblant : le travail forcé des seniors se substituera à l'emploi des jeunes en l'absence de création d'emplois en nombre suffisant, et ce surtout en accroissant la durée individuelle du travail.

Les uns travailleront plus. Les autres, jeunes, femmes, sans qualification, quinquas, erreront du chômage à la précarité dans un aller-retour incessant. Ce ne sont pas les velléités de tenir compte de la pénibilité de ceux qui auront déjà été brisés par une longue vie de travail qui atténueront la violence du capitalisme néolibéral exigeant toujours plus de productivité et de rentabilité.

La promesse de créer "une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital sans restitution au titre du bouclier fiscal" sauvera-t-elle l'ensemble ? Rien n'est moins sûr. On nous annonce une contribution pouvant aller jusqu'à quelques milliards d'euros, alors que le gouvernement n'arrête pas d'apeurer la population avec des déficits de l'ordre de 100 milliards en 2050.

Ce sont des mesures d'une autre ampleur qu'il faut prendre pour développer notre système de retraite par répartition, notamment en réorientant les politiques économiques qui privilégient la finance au détriment de l'emploi, de la formation et des salaires et qui sont au coeur du financement des retraites : un million d'emplois en plus, c'est déjà 5 milliards d'euros de recettes supplémentaires. Il y a aussi des marges d'action importantes en favorisant un plus fort taux d'emploi des femmes, la France se situant au 15e rang de l'Union européenne. La répartition des revenus dans notre pays a, depuis un quart de siècle, tourné à l'avantage décisif des actionnaires et des très hauts salariés managers. Une simple application du taux de cotisation patronale aux dividendes distribués comblerait immédiatement tout le déficit actuel de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse.

L'argument éculé de la perte de compétitivité est ici fallacieux, puisqu'il s'agirait de n'amputer que les dividendes nets reçus par les actionnaires et non les capacités d'investissement des entreprises, et parce que cela ne renchérirait pas les coûts de production. La retraite à 60 ans à taux plein peut être garantie à tous les salariés si de tels choix politiques sont faits aujourd'hui.

Pour couronner le tout, le document d'orientation se prononce en faveur d'une réforme systémique prochaine pour aller vers un système "par points" ou "par comptes notionnels". Là aussi, le gouvernement piétine les conclusions du rapport du COR de janvier qui a montré le risque d'individualisation exacerbée d'une telle réforme et, ce qui n'est pas le moins savoureux, l'incapacité de tels systèmes à surmonter un choc démographique ou économique.

Deux conclusions s'imposent donc. Primo, la crise financière surdétermine la frénésie avec laquelle tous les gouvernements du monde s'acharnent à imposer des plans d'austérité dont les salariés et les retraités font aujourd'hui les frais, tandis que les tenants de la finance se refont une santé sur le compte des budgets publics ou grâce aux garanties accordées par les Etats.

Secundo, la volonté de faire travailler toujours davantage manifeste le refus de reconsidérer la place du travail dans notre société, le refus aussi d'apprécier l'immense contribution des personnes retraitées, en termes de lien social et de création de services utiles à la société. Bref, l'obstination à promouvoir une société engagée dans un cycle productiviste sans fin.

Notre détermination à faire échec au projet du gouvernement est donc intacte : à l'opposé de la valeur pour l'actionnaire et du "travailler plus pour vivre moins", organisons une juste répartition des richesses, la réduction des inégalités, le partage du travail et une redéfinition des finalités de l'activité économique.
Jean-Marie Harribey, Attac ;
Willy Pelletier, Fondation Copernic ;
Gérard Filoche, inspecteur du travail ;
Christiane Marty, féministe ;
Christophe Delecourt, CGT-Finances ;
Didier Horus, FSU ;
Pierre Khalfa, Solidaires ;
Olivier Besancenot, NPA ;
Martine Billard, PG ;
Marie-George Buffet, PCF ;
Razzy Hammadi, PS ;
Alain Lipietz, Les Verts.
:altharion: :rtfm:

On se demande à la lecture de ce verbiage politicard quels politiciens bourgeois non-UMP ne pourrait pas apposer sa signature à un tel texte . C'est affligeant rien de rien même pas l'idée de n'accepter aucune réforme et de rejeter en bloc toutes propositions du gouvernement ! De plus ce texte s'appuie pour le défendre sur les conclusions du COR !
Zimer
 
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Message par Valiere » 15 Juin 2010, 07:59

Une autrtre solution est possible...On peut financer autrement... C'est le contre plan et la justification des débats...
Retrait immédiat de toute négociation !
maintien des acquis !
bas les pattes !
Valiere
 
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Message par Ottokar » 15 Juin 2010, 10:27

cette façon de s'exprimer en slogans quand on est seul ou à quatre chats est assez ridicule. C'est une manie du PCI et de ses avatars (même pas bleus), dont la puissance de la sono est en proportion inverse de ses scores électoraux et de son influence.

Méfions-nous du fier "Bas les pattes" qui devient facilement un "bas les papattes"...
Ottokar
 
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Message par Valiere » 15 Juin 2010, 10:56

en dehors des slogans, l'idée est la suivante : on ne négocie pas et on maintient ce que nous avons acquis.
Il paraît que la manifestation FO est importante et qu'ils sont obligés de changer de parcours.
Certes je m'en réjouis mais d'un autre côté, la dispersion syndicale profite à Sarko, qu'on le veuille ou pas.
Valiere
 
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Message par Valiere » 19 Juin 2010, 09:44

la position de FO
a écrit :Mailly (FO) demande "le retrait" de la réforme des retraites - Lead

16/06/2010 10h30 GMT - SOCIAL-RETRAITES-SYNDICATS - Monde (FRS) - AFP
PARIS, 16 juin 2010 (AFP) - Le secrétaire général de FO Jean-Claude Mailly a demandé mercredi "le retrait" de l'avant-projet de loi de réforme des retraites, qu'il juge "injuste socialement et inefficace économiquement".
"Ce projet est d'abord injuste socialement", a déclaré à l'AFP M. Mailly. "Le titre de la note de synthèse du ministère du Travail est d'ailleurs significatif puisqu'il est question de répartir +équitablement l'effort entre les salariés+. Ca veut bien dire que ce sont les salariés qui paient l'essentiel" des efforts à fournir, a-t-il dit.
Le leader de FO a dénoncé "les effets induits" du recul à 62 ans de l'âge légal de la retraite. "Avec le dispositif actuel, une personne de 54 ans, par exemple, qui décidait de travailler au-delà de 60 ans, aurait perçu une surcote de 10%. Là, elle ne les aura pas. On est clairement dans le +travailler plus pour gagner moins+", a-t-il dit.
"Un salarié ayant commencé à travailler à 18 ans et pas concerné par le dispositif +carrières longues+ va devoir travailler 44 ans pour partir en retraite", a souligné M. Mailly.
Il a aussi noté que "le report de 65 à 67 ans de la retraite sans décote va impacter tous ceux qui ont des carrières hachées, et notamment les femmes". "65 ans, c'est aussi l'âge du minimum vieillesse. Donc, il faudrait attendre 67 ans pour pouvoir le toucher", s'est-il inquiété.
Concernant la prise en compte de la pénibilité pour une retraite plus précoce, M. Mailly a jugé que le projet gouvernemental "ne correspond pas du tout à ce que demandaient de manière à peu près unanimes les organisations syndicales puisqu'on passe par un sas médical et la reconnaissance de 20% d'invalidité" pour pouvoir partir plus tôt.
Le dirigeant syndical a aussi fait valoir que "l'augmentation pendant dix ans de la cotisation retraite des fonctionnaires conduit à baisser progressivement le pouvoir d'achat".
M. Mailly a d'autre part estimé que le projet était "inefficace économiquement", estimant qu'"il n'y a pas de programmation de l'équilibre à l'horizon 2020".
Pour cet équilibre, le gouvernement intègre une somme de 15,6 milliards d'euros correspondant à un taux de contribution accru de l'Etat employeur, selon une note du ministère du Travail. "Eric Woerth transforme de la dette en recettes. Il y a un tour de passe-passe", a-t-il dit.
Quant aux prélèvements supplémentaires, ils constituent selon lui "des recettes de poche".
M. Mailly a encore affirmé que "la ligne de FO va être de demander le retrait de l'avant-projet gouvernemental". "Si d'autres organisations syndicales sont sur la même position - on ne va pas chipoter sur tel ou tel point -, dans ces conditions-là, l'unité d'action est possible".
tma/im/db

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Message par Valiere » 03 Juil 2010, 09:07

Curieuse conception du débat

Vive la concertation avec le MEDEF !
jusqu'uù iront-ils?

UD_finist_re.pdf
Valiere
 
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Message par luga » 03 Juil 2010, 15:50

Force ouvrière a quitté l’intersyndicale en mettant en avant des désaccords sur les revendications et les actions à entreprendre. De façon correcte, FO dénonce le refus de l’intersyndicale de mobiliser pour le retrait du projet gouvernemental et a justifié son refus de participer aux journées du 27 mai et du 24 juin pour cette raison. FO a également dénoncé les journées saute-mouton, en leur opposant des « grèves carrées » (c’est-à-dire de 24 heures)… Au-delà des différences de vocabulaire, cela revient au même ! En outre, FO accepte le principe d’une augmentation de la CSG, c’est-à-dire que les travailleurs paient leur protection sociale en amputant leur salaire direct.

Mardi 15 juin, FO a réussi à mobiliser à Paris autant de monde que l’ensemble des autres syndicats le 27 mai à Paris : 23 000 selon la police et 70 000 selon FO. Toutefois, il s’agissait d’une montée nationale, où l’appareil de FO a mis le paquet pour faire monter ses militants en régions. Il n’en reste pas moins que FO a recueilli un écho certain auprès des travailleurs en mettant en avant des revendications claires. Dans le cortège, très dynamique et déterminé, on pouvait entendre les slogans suivants : « Grève générale jusqu’à satisfaction », « À bas le plan Chérèque-Sarko », « Contre les manifs saute moutons »...

FO prépare son retour dans l’intersyndicale, et il est probable que, comme en 2009, la direction se mette d’accord avec les autres directions pour un plan de journées d’action dispersées en septembre.
luga
 
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