Bonsoir.
Aussitôt paru, un des articles du dernier numéro de la revue Lutte de Classe a connu un écho médiatique un peu plus grand que d'habitude :
Le Parti de gauche et les élections européennes, entre radicalisme de façade et idées réactionnaires
Excellent article d'ailleurs. Précis, percutant, bien sourcé, et sur une ligne internationaliste indispensable à défendre quand une partie de la gauche (le PG, mais on pourrait aussi citer le journal Fakir par exemple) fait dans la démagogie anti-européenne, c'est à dire en fait nationaliste et xénophobe.
Mais alors que les journalistes politiques se passent souvent de lire la presse révolutionnaire, un journaliste d'Europe 1 l'a lu, ou au moins survolé, pour produire ça :
Lutte Ouvrière se paye le Parti de Gauche: "petit parti bourgeois", "xénophobe et nationaliste"
Peu importe la nuance : l'article de LO disait que c'était l'argumentation du PG qui est "xénophobe et nationaliste", le journaliste d'Europe 1 résume en "parti xénophobe et nationaliste". Comme s'il était impossible de distinguer la démagogie des ténors de ce parti à commencer par Jean-Luc Mélenchon, et les adhérents et sympathisants de ce parti abusés par ces mots ronflants.
Cette lecture en diagonale, qui zappe toute argumentation et toute référence pour sauter à une conclusion à gros traits, est typique de l'inculture politique et du goût du sensationnel de bien des éditocrates. Ainsi, lors de la dernière interview de Nathalie Arthaud sur iTélé, c'est sur la base de ces formules résumées que le journaliste l'a interrogée sur ce sujet.
Les réactions sur twitter des sympathisants du PG et du FdG sont très effarouchées. Dur dur pour eux d'admettre ce que leur détestation profondément ancrée de ce qu'ils appellent "l'Europe" signifie vraiment sur le fond.