a écrit :Arlette, à la fin de son analyse, dit ironiquement "si ce referendum venait à disparraître derrière des luttes, nous n'en serions pas malheureux !". j'ai applaudi à cela .
Moi j'ai applaudi aussi, mais...est ce la situation réelle en ce moment précis?
C'est cela qui différencie un communiste d'un reveur. Qu'il prend en compte la réalité dans sa dynamique dans son développement et pas ses envies pour la réalité.
De quoi parle t-on au boulot? Des luttes? Oui, tout en se lamentant que les bureaucrates et les politiciens les plombent avec cette histoire du référendum, au moins ce qui en parlent dans la mienne. Et que est ce que je pourrais leur dire? Sortons dans la rue? Ils me prendraient pour un fou; il n'y a pas d'appel et dans une petite boite c'est suicidaire. Alors on parle référendum.
Que je dois faire? Tout simplement expliquer de quoi ça retourne tout en leur disant que c'est mieux de voter "non" pour enmerder le patronat et Raffarin-chirac-hollande. si je lui dit, "plus importantes ce sont les luttes" il me retorquera " quels luttes?" et je serais resté dans les abstractions, ce qui risque de l'intéresser, mais dont il n'a aucune prise.
Alolrs c'est preférable de le prevenir de ne pas se faire trop d'illusions, mais il n'en a pas beaucoup. Alors on peut lui montrer que les véritables responsables sont le patronat et le gouvernnement. Il est d'accord, mais ne voit que dans le vote "non" le seul moyen de manifester son mécontentement. Je lui dis alors qu'il faut voter "non".
A mon modeste avis, c'est cela faire la campagne du "non" et il n'y a pas de contradiction entre ce qui dit Arlette et ce que je retransmet dans ma boite.
Mais, ce n'est pas suffissant. Il est nécessaire de s'adresser aussi à la population, aux travailleurs qu'on ne peut toucher que par une campagne générale de propagande. C'est aussi cela utiliser les élections pour faire la propagande communiste.
Il faut des affiches éclaircissant l'essentiel: la responsabilité du patronat français dans les attaques contre les travailleurs, le caractère réactionnaire de la constitution tout en disant que ce n'est que par les luttes que la situation peut radicalement changer. C'est cela que j'appele de mes voeux et que j'appele une accentuation de la propagande de LO dans cette période de réferendums et des possibilités accrues de propagande communiste.
Lorsque tu dis que l'espoir que le référendum disparraisse derrière la lutte de classe ne correspond pas à la situation réelle, je suis d'accord.
Mais alors, pourquoi Arlette dit-elle cela ?
Parceque c'est une manière de dégager des perspectives. Le moral n'est pas haut actuellement, mais il y a des luttes. Dire aux travailleurs qu'ils peuvent faire ravaler à Chirac son référendum bidon, c'est dégager une perspective dont ils n'ont pas encore idée, il faut cependant la leur montrer.
Arlette n'a pas dit que notre espoir était que le référendum disparaisse derrière la Révolution, ni même derrière la grève générale. Ce serait gauchiste que de dire cela.
Mais pour être clair avec ceux à qui on parle, il faut montrer que nous croyons vraiment à ce que nous disons, c'est à dire que nous n'apporterons pas une ligne ou une goutte de salive à la diversion de Chirac sauf pour lui dire : non, nous ne nous laisserons pas piéger par ta question bidon, nous voterons blanc, et si tu veux en savoir plus sur nos projets, tu n'as qu'à attendre un peu qu'on s'organise ...les patrons viendront alors te demander à l'aide !
Tu dis que tes collègues auraient l'impression d'abstraction si tu leur disait que le seul débouché est dans la lutte, mais nous nous trouvons bien souvent dans ce cas de figure.
Lors de l'élection de Chirac contre Le Pen, il y avait des tas d'anti-racistes qui sincèrement, avaient l'impression qu'on était dans l'abstraction de la Révolution, qu'on était pas solidaires des immigrés, etc. Et pourtant, il fallait tenir, expliquer, et ne pas les laisser nous convaincre de voter Chirac. C'était un plan à moyen terme, mais maintenant, quel point d'appui dans les discussions que de n'avoir pas voté Chirac !
Tu dis que les gens ont l'impression de n'avoir aucune prise dans la lutte de classe, et qu'ils se raccrochent donc au référendum, je suis tout à fait d'accord. C'est l'occasion de chercher avec eux le pourquoi des échecs, le rôle des syndicats, etc. Et si tu leur dit que toi, avec ton souhait le plus cher de voir la lutte de classe prendre le dessus, tu ne va pas voter au référendum, ils ne peuvent que se dire "Elle/il croit en ce qu'Elle/il dit, ça vaut le coup d'y réfléchir". Seul les staliniens, les propagandistes du "non" de gauche ou les sectaires tourneront les talons en se disant, "oui ben avec eux, il y a rien à faire, ils ne nous aiderons pas à précipiter notre retour en 2007".
Celui qui est d'accord en principe que "seule la lutte paye" mais qui ne voit actuellement pas d'autre débouché que de voter "non" n'a pas vraiment compris comment évolue la société. Il a des illusions, il faut les lui retirer. Non pas en le traitant d'imbécile, mais en lui disant que tu n'es pas d'accord, que la victoire du "non" ne changera rien, que si ça pouvait changer quelquechose tu irais, mais que là, il n'y a aucune raison de répondre quelquechose à Chirac : il faut chercher et trouver la réponse ailleurs ! En 68, les travailleurs l'on fait et c'est ça qu'il faut faire.
Bien peu de travailleurs ne frémissent pas un peu en entendant parler de 68. Ils n'y croient pas forcément, mais ils sont content et cela les aide à réfléchir à pourquoi comment on peut penser comme cela.
A mon avis, ça doit être cela notre façon de militer : expliquer, expliquer, mais sans oublier d'agir en conformité avec ce que nous disons pour trouver crédit à leurs oreilles.