Bonjour, juste une petite question :
Qui sont, et surtout où sont "classables" politiquement les responsables et journalistes de la revue POLITIS.
J'avoue avoir des difficultés à les situer.
Merci.
(vdzh @ vendredi 17 septembre 2004 à 09:15 a écrit :Bonjour, juste une petite question :
Qui sont, et surtout où sont "classables" politiquement les responsables et journalistes de la revue POLITIS.
J'avoue avoir des difficultés à les situer.
Merci.
a écrit :
Besoin d’une autre Europe
Denis Sieffert
Que l’on se rassure ! Il n’entre pas dans nos intentions ici de chanter des louanges à la gloire de Laurent Fabius, ni d’inviter nos lecteurs à porter des T-shirts à l’effigie du nouveau leader populaire. On admettra évidemment avec l’ensemble de nos confrères qu’il y a une grande part de calcul dans la posture politique de l’ancien Premier ministre socialiste. Mais, depuis Guy Mollet, tout le monde sait que le parti socialiste se gagne à gauche et se gouverne au centre. En vérité, ces considérations stratégiques n’ont guère d’intérêt tant, hélas, elles sont évidentes. On s’étonnera par conséquent des commentaires presque unanimement fielleux qui ont accueilli l’annonce par Laurent Fabius de son opposition au projet de Constitution européenne. Comme si ses rivaux, y compris et surtout au parti socialiste, n’étaient eux qu’abnégation et vertu, candeur et esprit de sacrifice. Ces procès sont trop bons pour être honnêtes. Quelles que soient ses motivations, la déclaration de Fabius est un événement dans un univers politique figé, où les rôles sont ordinairement trop bien distribués. Tout ce qui force au débat est utile à la démocratie, et osons le dire à la construction européenne. Plus d’un an avant l’hypothétique référendum annoncé par le chef de l’État, on voyait ces dernières semaines les lignes commencer à se reformer selon les mêmes techniques qu’en 1992, au moment de Maastricht : « ringardisation » des opposants au traité, exaltation d’une modernité européenne vide de tout contenu, transformation de l’Europe en une sorte de marqueur culturel et social qui sépare les élites d’une piétaille incapable même de voir où est son intérêt. Maastricht, ce fut au total une formidable entreprise de culpabilisation collective. Quiconque était hostile à l’indépendance de la Banque centrale européenne, et à des contraintes budgétaires qui ignoraient les paramètres sociaux, devenait un ennemi de l’idée européenne, et était stigmatisé comme tel.
L’Europe souffre depuis l’origine de cette mystification qui consiste à faire croire que lorsque les débats sont portés à l’échelle continentale, les clivages sociaux s’en trouvent abolis. La galère européenne serait la même pour tout le monde. Avec l’Europe, l’ouvrier mis au chômage et son patron délocalisateur seraient invités à placer le même bulletin dans l’urne. Les commentateurs, tout occupés à se gausser du « non sauf si » de Fabius, n’ont guère souligné que le jour même où celui-ci s’exprimait à la télé, Ernest-Antoine Seillière annonçait depuis Bruxelles que le Medef ferait « bien entendu » campagne pour le oui. On est frappé par l’argumentaire du patron des patrons, qui voit dans le projet de Constitution « un progrès modeste mais non négligeable ». Du président du Medef à Dominique Strauss-Kahn, ce sont les mêmes mots, et la même loi d’airain. Comme si l’un des deux n’était pas ce qu’il dit. Douze ans après Maastricht, la pilule de ce consensus libéral passe mal. À l’époque, nous avions annoncé, ici même, le phénomène des délocalisations comme une conséquence inéluctable d’une Europe exclusivement économique et financière. Ce n’est plus aujourd’hui une prédiction, mais une réalité. On nous oppose souvent que l’Europe n’est pas la cause de cela. Et c’est vrai. C’est la mondialisation libérale qui met ainsi en concurrence les salariés sur un marché du travail globalisé. C’est le libéralisme qui créé les conditions d’un chantage à la baisse des salaires ou ce qui revient au même à l’augmentation du temps de travail (voir notre dossier). Mais l’Europe devait nous en préserver. Or, non seulement ce n’est pas le cas, mais c’est au sein de l’Union européenne que le chantage s’exerce aujourd’hui. Nos patrons n’ont plus besoin de s’installer aux Philippines, la Hongrie et la République tchèque leur tendent les bras, à moindre coût.
Avec la Constitution, le credo libéral, celui-là même qui « interdit [...] toutes pratiques concertées [qui auraient] pour objet ou pour effet d’empêcher, de restreindre, ou de fausser le jeu de la concurrence », ce credo, donc, serait élevé au rang de loi fondamentale. C’est la liberté d’être opposé à cette conception de la société humaine qui serait retirée aux citoyens européens. Avec la Constitution, le libéralisme économique cesserait d’être un objet de débat. Il ne serait plus un courant de pensée, mais une réalité quasi géologique. C’est le rapport de force, nous dit-on, l’exacte photographie d’une Europe dominée par Silvio Berlusconi, Tony Blair et Gerhard Schröder. Soit, mais n’est-il pas suffisant de devoir subir ce rapport de force politique sans en plus l’ériger en dogme ? Plus que jamais, nous avons besoin d’Europe, mais d’une Europe alternative aux États-Unis, défendant une autre culture sociale et affichant une autre vision du monde. C’est aujourd’hui impossible ? Peut-être. Faut-il pour autant céder à la pente libérale, et insulter l’avenir ?
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