Bové-PCF, même combat en 2007 ?
Le syndicaliste pourrait incarner, à l'avenir, l'ouverture communiste à la société civile.
Par Pascal VIROT
vendredi 25 juin 2004
Casse-tête communiste : comment obtenir en 2007 un résultat honorable qui fera oublier les 3,37 % de Robert Hue en 2002 ? «Je vous fais un pari : certains dirigeants du PCF vont proposer une candidature ouverte, style José Bové», explique un élu, plutôt hostile à la direction actuelle. Cette hypothèse de laisser l'ex-porte-parole de la Confédération paysanne porter les couleurs de la gauche antilibérale (du PCF à une partie des Verts, en passant par la LCR et tous les mouvements altermondialistes, associatifs ou syndicaux) dans la course à l'Elysée pourrait commencer à faire son chemin.
Le principal intéressé ne ferme aucune porte. Mais pour l'heure, il entend suivre son calendrier. Avec comme «premier enjeu» l'exigence d'un référendum sur la Constitution européenne. Ensuite, explique José Bové, c'est «l'alternative au gouvernement Chirac-Raffarin» qu'il faudra construire autour d'«une vraie réflexion de fond avec la reconnaissance claire de la société civile et de mouvements sociaux capables de négocier un vrai projet». Des termes que ne désapprouverait pas Marie-George Buffet, qui doit exposer aujourd'hui, devant le conseil national du PCF, son propre calendrier jusqu'à 2007.
Comme le syndicaliste paysan, la secrétaire nationale du PCF a expliqué hier qu'elle entendait d'abord insister sur la demande d'une consultation populaire sur la Constitution européenne. Puis elle souhaite mettre à profit les mois qui viennent jusqu'à 2006 pour «créer une dynamique de rassemblement avec ceux qui pensent que la gauche doit rompre avec une alternative libérale». D'ici là, il y a du boulot.
Obnubilée par les quelques résultats satisfaisants obtenus aux régionales en Ile-de-France, une partie de la direction communiste espère refaire le même coup à la présidentielle et aux législatives de 2007. S'appuyant sur des militants syndicalistes, associatifs et altermondialistes, le PCF avait tenté de présenter une autre offre politique, entre le rouleau compresseur socialiste et les concurrents trotskistes du tandem LO-LCR. Mais l'Ile-de-France n'est-elle pas l'arbre qui cache la forêt de la stagnation du PCF ? Buffet se dit «lucide». Un dirigeant a récemment employé une formule qu'elle devrait reprendre aujourd'hui devant le «parlement» du PCF : aux élections, le parti a enregistré «un recul comptable et un redressement politique». Symptomatique d'un parti en perte de repères.
Ce «redressement politique» passe-t-il par Bové ? En tout cas, la figure médiatique est attendue avec des bazookas. Notamment chez les amis de Nicolas Marchand, un fidèle de l'ex-secrétaire général Georges Marchais, qui plaident pour un PCF dûment identifié. Comme chez les proches de Robert Hue, qui entendent «installer le PCF à gauche où le PS a une place prépondérante». Seuls les refondateurs, ardents défenseurs de l'ouverture du PCF au mouvement social, pourraient se satisfaire d'une telle candidature. En tout cas, ils se félicitent de «l'évolution» de la ligne du PCF. Cela suffira-t-il à faire de l'homme du Larzac le «sauveur» du PCF ?
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