un seul mot d'ordre : rendez les 113,7milliards

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Valdoisien » 24 Mai 2004, 13:00

(canardos @ lundi 24 mai 2004 à 13:50 a écrit : valdoisien, otes moi d'un doute t'es en train de proposer que ce soient les patrons qui payent toutes les dépenses de santé, ou comme je le crains, dans l'optique liberale que seuls les plus riches aient le droit de se soigner...

si c'est le cas tu t'es trompé de forum....
Pour l'instant je ne propose rien du tout.

Tout ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, ce qu'on nous présente comme une réforme du système de santé n'est rien d'autre qu'une adaptation du système actuel, avec quelques petites variantes sur la forme.

Le fond est toujours le même : un patronat qui calme les moutons grâce à un système financé par les moutons.
Valdoisien
 
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Message par Margaret » 24 Mai 2004, 13:38

Le problème de la sécu s'est posé partout dans le monde bien avant nous.
D'un coté, les ressources ne sont pas extensibles à l'infini. Déjà presque 10 % de toute la richesse produite en France est réalisée dans le domaine de la santé, et ce sans résultats sanitaires satisfaisants.

Donc rien ne sert de pomper plus aux une ou aux autres, il faut d'abord voir ce qui ne va pas.
Notre système est géré par des syndicats qui ne représentent plus grand-monde et qui n'ont pas la compétence de gérer de tels systèmes mutualistes ET par l'Etat qui intervient de plus en plus autoritairement et de façon contreproductive et stupide. Les hôpitaux publics, eux, ne sont souvent pas gérés du tout. Les médecins de ville, eux, n'en font qu'à leur tête sans supporter le moindre contrôle.

Dans le monde, 3 méthodes de contrôle ont été testées :
- libre concurrence. Exemple : Etats-Unis. 25 % de la population la plus démunie est couverte par Medicaid et Medicare aux frais de l'Etat, 15 % n'ont pas les moyens de se couvrir (profil trop risqué pour les assurances privées ou pas assez de revenu pour s'offrir une assurance). Le poids de la santé est de 14 % du PIB ! (contre 10 % chez nous, déjà trop dépensiers). Et les résultats sanitaires sont médiocres. Bref, pas franchement le rêve.
- contrôle par les prix, comme en France. On baisse les remboursements et on augmente les primes,mais sans aucun contrôle sur la quantité de soins. On peut aller voir 10 spécialistes de suite, tous sont remboursés. Les plus démunis sont de moins en moins bien couverts (ticjet modérateur), les coûts continuent à déraper avec moult effets pernicieux (l'hôpital, mieux remboursé que la médecine de ville, attire foule alors que le coût d'une visite y est beaucoup plus élevé ...)
- contrôle par les volumes. On fixe à priori les budgets de la santé. Les médecins doivent suivre le cadre des caisses d'assurance maladie ou des mutuelles. Les soins lourds non urgents sont contingentés en fonction des budgets fixés. Pas de dérapage, contrôle fiable et résultats sanitaires globaux satisfaisants. Inconvénient : listes d'attentes mal vécues.

Les Pays-Bas tentent un système qui combine contrôle par les prix (participation financière du soigné, franchises) et par les volumes (budget fixé à priori). Plusieurs piliers (soins lourds/urgents, soins courants, complémentaire) sont distribués par des caisses publiques concurrentes, des mutuelles et des assurances privées. Les 2 premiers piliers sont garantis à tous au même tarif proportionnel au revenu et les entreprises contribuent aussi. Pas d'exclus, tout le monde est responsable et les caisses imposent aux médecins de ville et aux hôpitaux leur carte, leurs tarifs et leurs conditions. Ca a l'air de marcher pour un poids de 7.5 % du PIB seulement.

Bref, il faut sortir du discours "qui doit payer" et s'intéresser à l'organisation du système, non ?
Margaret
 
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Message par Valdoisien » 24 Mai 2004, 13:47

Ce ne sont que des propositions de gestionnaires, pas de révolutionnaires !
Valdoisien
 
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Message par woody » 25 Mai 2004, 21:06

J'ai failli rater ce fil là... Très interessant pour un lecteur qui chercherait à comprendre quelles sont les différences de point de vue sur la sécu entre PT, LCR et LO.


TK2003,

Tu as oublié de répondre à une question posée deux fois par Canardo et Nestor Cerpa :
a écrit :Bon sur les 116 milliards: je comprends pas. C'est un cumul sur plusieurs années?


Soyons précis : il s'agit de 113,7 milliards d'exonérations dont les patrons ont spolié la sécu depuis 1992.
Perso, j'ai beau être sympathisant PT, j'avoue que le "virgule 7" me fait doucement rigoler... Bon, enfin admettons qu'il y ait des économistes pointilleux au parti... La somme de 20 milliards d'exonérations durant cette année 2003 pendant laquelle Douste déclare 14 milliards de "déficit" me semble nettement plus solide, et somme toute, moins fantaisiste.

De toute façon, le vrai message du PT, c'est qu'il n'y a pas de trou de la sécu, point barre. Ca a le mérite d'être vrai, court, et précis : on peut reprocher au PT de souvent vouloir articuler son combat politique autour de quelques slogans chocs de longue durée, mais de mon point de vue, c'est plus une qualité qu'autre chose.

Là où je bondit, c'est quand je lis discufred nous dire :

a écrit :Dire que le trou de la sécu n'existe pas c'est passer, auprès de gens normaux, pour un clown. Dire que le gouvernement exagère le trou de la sécu ou, pour le moins, s'en sert de prétexte pour s'attaquer à la protection sociale des salariés et de leurs familles, c'est quand même tout de suite beaucoup plus crédible.


M'enfin c'est quoi les "gens normaux" ? Tu veux parler de ceux qui ont digéré le discours Blazien au point de s'être persuadé que ben oui, la sécu c'est de leur faute ? Qu'ils sont trop souvent allé chez le toubib, qu'il ont consommé trop de médicaments ?

De plus, tu dis "c'est passer" tu dis "crédible", comme si le soucis premier d'un révolutionnaire devait être d'organiser un discours qui a l'odeur du vrai, et qui collerait le plus possible aux "idées dominantes d'une époque". Tu sais, celles qui "ne sont jamais que les idées de la classe dominante" :marx: . On s'en fout de "passer" ou de "pas passer", l'important c'est la vérité. Et "La vérité est tétue", camarade.

Dire que le gouvernement exagère le trou de la sécu, c'est reconnaître qu'il y en a un.

Reconnaître qu'il y en a un c'est logiquement faire abstraction des milliards dérobés aux ouvriers par le patronat avec le secours inestimable de TOUS ses partis bourgeois.

Margaret,

je vais te répondre :

a écrit :Bref, il faut sortir du discours "qui doit payer" et s'intéresser à l'organisation du système, non ?


non
woody
 
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Message par com_71 » 25 Mai 2004, 22:01

(Valdoisien @ lundi 24 mai 2004 à 14:00 a écrit :

Le fond est toujours le même : un patronat qui calme les moutons grâce à un système financé par les moutons.
Profites-en maintenant, parce que tu verras les moutons...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par logan » 25 Mai 2004, 22:10

Pour une fois je suis plutot de l'avis de tk et woody : il faut défendre l'idée qu'il n'y a pas de trou de la sécu!
C'est peut etre surprenant pour les gens mais c'est la réalité.

Si on dit qu'il y a un trou, mais qu'il faut que les entreprises payent, on va passer pour des empecheur de tourner en rond, des agités hurlant sans cesse après les patrons.

Par contre si on explique qu'il n'y a pas de trou, que ce sont les gouvernants qui gavent les entreprises de toutes les manières possibles, ce sont eux qui apparaissent comme des agités.
logan
 
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Message par Barnabé » 25 Mai 2004, 22:35

Là dessus, édito des bulletins de la fraction de LO de cette semaine:
a écrit :


Sécurité sociale : les mensonges et grosses ficelles de Douste-Blazy !



C’est par la bouche de Douste-Blazy que nous ont été révélées les premières mesures par lesquelles le gouvernement compte s’en prendre à notre système de santé. 100 longues minutes à la télé pour nous convaincre... que presque rien ne changera, que ces mesures seront indolores, que tout le monde sera mis à contribution ! Voyons sur pièces.

Une franchise d’un euro par consultation, ça peut apparaître modeste (bien que pour des familles aux faibles revenus, un surcoût d’un euro à chaque fois peut finir par représenter une somme considérable). Mais une franchise, même minime au début, c’est fait pour être augmentée par la suite. Quelques heures plus tard on en a eu l’illustration avec l’annonce que le forfait hospitalier sera augmenté lui aussi d’un euro par jour alors qu’il l’a déjà été de 3 il y a quelques mois à peine.

La CSG des actifs ne serait pas touchée, a aussi annoncé le ministre, espérant ainsi les dissocier des retraités qui verraient la leur s’accroître de 0,4 %. Là aussi il n’a pas fallu plus de quelques heures pour être mis au parfum : finalement l’assiette de la CSG des actifs passerait quand même de 95 à 97 % du salaire. Une misère bien sûr, mais qui donne toute sa valeur aux engagements du ministre de ne pas toucher aux cotisations des actifs. Ceux-ci seraient bien fous de croire qu’on ne piochera que dans la bourse des retraités.

A noter que la C3S, contribution des entreprises, serait elle augmentée de 0,03 points, treize fois moins que pour les retraités ! C’est comme ça que Douste-Blazy met... tout le monde à contribution.

Derrière l’air bonasse du ministre de la santé, c’est à toutes les vieilles ficelles que le gouvernement est en train d’avoir recours pour nous emberlificoter et nous endormir : l’étalement des mauvaises nouvelles dans le temps, le diviser au début pour faire payer tout le monde à la fin.

Il est donc évident que ces premières mesures seront suivies de bien d’autres et que ce sont les salariés, les retraités et les malades qui devront supporter tout le poids de cet effort pour combler un trou... que d’autres ont creusé.

Car ce sont les patrons et les gouvernements successifs qui se sont entendus pour vider les caisses de la Sécu : le montant des exonérations de cotisations pour les entreprises a été multiplié par six entre 1993 et 2003 ; c’est 20 milliards d’euros que les patrons n’ont pas payés en 2003 (pas loin de deux fois l’équivalent du trou de la Sécu). Sans parler des profits de l’industrie pharmaceutique sur le dos des malades et de la Sécu justement.

Il n’empêche que c’est aux assurés que nos ministres font la morale : il nous faudrait être raisonnables, arrêter de prendre trop de médicaments, d’avoir trop d’arrêts de travail, d’aller pour un oui, pour un non, chez le médecin. Et plutôt que d’obliger les patrons à rembourser leurs dettes et payer pour renflouer l’assurance-maladie, Douste-Blazy et Raffarin ont choisi de continuer à dérembourser de nouvelles listes de médicaments ou de nous obliger à passer d’abord par notre médecin traitant avant d’aller consulter un spécialiste, au risque de payer des dépassements d’honoraires faramineux !

Le Parti Socialiste prétend s’opposer au gouvernement sur le dossier de la Sécurité sociale. Mais il reprend la fable du déficit et veut lui aussi « sauver » la Sécu par des mesures qui sont de la même veine que celles de la droite : réduire la consommation de médicaments de 20 %, « partager les efforts »... Il escamote lui aussi le véritable problème : les dettes scandaleuses des entreprises.

Alors pour faire savoir notre opposition à cette politique de régression sociale :

  Dans la rue, soyons nombreux à manifester le 5 juin, à l’appel de la CGT, de la FSU, des Sud et d’associations et de partis de gauche et d’extrême gauche. C’est une première occasion pour leur faire savoir à tous notre manière de penser.

  Dans les urnes, le 13 juin, votons pour les listes LO-LCR, les seules à refuser clairement ce chantage au financement et à affirmer : assez de tous ces gouvernements, de droite comme de gauche, qui s’emploient à faire les poches aux travailleurs, c’est aux patrons de payer, et à eux seuls ! 
Barnabé
 
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Message par Mariategui » 26 Mai 2004, 10:30

Personnellemet, je me sens plus proche des positions de Canardos à condition de poser la question du rythme. Car il faut d'una part et immédiatement dénoncer le montage financier du "trou " de la sécu et le pillage en règle organisé par la patronat sur l'assurance maladie (avec un état qui ponctionne le salaire socialisé des travailleurs au profit des entreprises).
Mais il faut essayer aussi de poser ,dans les luttes, les bases d'une amélioration de la condition des travailleurs. Il est alors normal d'abandonner le plan purement défensif (touche pas à ma sécu) pour proposer des perspectives offensives aux travailleurs: l'augmentation des cotisations des entreprises, le remboursement total de tout et la maîtrise politique de la sécurité sociale exclusivement par les travailleurs.
Mariategui
 
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