a écrit :EDF-GDF : perquisitions au comité d'entreprise et à la direction des ressources humaines
LE MONDE | 27.04.04 | 13h56 • MIS A JOUR LE 29.04.04 | 13h43
Une information judiciaire a été ouverte pour "abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, complicité et recel".
Les policiers de la brigade financière parisienne ont perquisitionné, mardi 27 avril, dans neuf bâtiments d'EDF-GDF, dont le siège de la Caisse centrale d'activités sociales (CCAS), le comité d'entreprise d'EDF-GDF, situé à Montreuil (Seine-Saint-Denis), et la direction des ressources humaines, située à Chevilly-Larue (Val-de-Marne).
Ils ont notamment saisi des documents dans les bureaux de la direction des ressources humaines et de la comptabilité. Cette opération de police s'inscrit dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 19 février pour "abus de confiance, escroquerie, faux et usage de faux, complicité et recel" par le parquet de Paris et confiée au juge d'instruction Jean-Marie d'Huy.
Celui-ci enquête sur des soupçons de malversations financières au sein de la Caisse centrale d'activités sociales (CCAS) d'EDF-GDF, gérée de tout temps par la CGT, majoritaire. Une structure qui brasse près de 400 millions d'euros, emploie 3 700 salariés permanents et 6 000 saisonniers, dispose d'un parc immobilier considérable, gère la restauration des cantines et revendique la place de premier producteur de spectacles de France.
Cette instruction fait suite à une enquête préliminaire ouverte en 2003 par le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis), après le dépôt d'une plainte d'un ancien salarié d'EDF, fin mai 2003. D'autres avaient suivi. Selon Victor Fremaux, un cadre retraité d'EDF, "la CCAS finance directement ou indirectement des activités sans aucun rapport avec sa mission". Le plaignant faisait notamment état d'emplois fictifs, de prestations surfacturées de fournitures et de services, comme des locations de voitures, et de prestations de restauration pour des organisations tierces. Le dossier avait ensuite été transféré en octobre 2003 au parquet de Paris.
La Cour des comptes a également décidé de se pencher sur le fonctionnement de cet organisme hors normes, dont certaines dérives avaient, à l'origine, été dénoncées par son ancien directeur général, Jean-Claude Laroche, aussitôt suspendu de ses fonctions. Dans un courrier au conseil d'administration, ce dernier avait attiré l'attention sur des "irrégularités lourdes". Elles avaient alimenté une partie des plaintes en cours sur certaines opérations jugées "suspectes". Entendu par le juge d'Huy le 6 avril, Jean-Claude Laroche, aujourd'hui chargé de mission à EDF, a expliqué au magistrat les irrégularités qu'il avait pu noter lors de son passage à la direction de la CCAS. "J'ai eu l'occasion d'être plus précis, a-t-il indiqué au Monde, j'ai notamment pointé les dysfonctionnements auxquels j'ai été confronté. J'ai également détaillé les raisons pour lesquelles il m'avait été impossible de diriger cet organisme." Il a désigné deux secteurs d'activité de la CCAS dans lesquels il suspectait des malversations : "J'ai parlé des passations de marchés avec des partenaires extérieurs, a-t-il précisé, mais aussi de l'embauche de certaines personnes pour des raisons que je ne maîtrisais pas." M. Laroche a été entendu une dernière fois, lundi 19 avril, par la brigade financière, qui suspecte l'existence d'une dizaine d'emplois fictifs au sein de l'organisme.
L'ex-directeur de la CCAS n'a pas voulu se montrer plus affirmatif : "Disons que je n'ai jamais su où travaillaient certains employés, a-t-il déclaré. J'espère que l'information judiciaire va permettre de tirer les choses au clair. Il est temps de s'interroger sur le contrôle de ce type d'organisme."
Gérard Davet et Piotr Smolar
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 28.04.04
Dans un article paru dans Le Monde daté du vendredi 30 avril il apparait que l"assistante de Bernard Thibault est visée par l'enquête. Le PCF est aussi dans le colimateur de la justice. La société qui organise la Fête de l'humanité a été perquisitionnée. Affaire à suivre...