Positions de l'extrême gauche sur les élections

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Barnabé » 02 Avr 2004, 13:02

Ca montre bien quand même où cela mène leur politique d'entrisme dans le PC, c'est-à-dire à s'applatir devant lui, et à refuser de le combattre, au prétexte qu'il serait juste imparfait (et donc perfectible?).
Sinon moi il me semblait qu'ils étaient uniquement dans le PC et pas le PS (mais cela ne m'étonerait pas trop non plus).
Ensuite plus largement sur le courant grant, c'est vrai qu'il est loin d'être inexistant et insignifiant en grande-bretagne. Cela dit ce qui semble caractériser son activité aujourd'hui, c'est à la fois une grosse production théorique (et discutable, par ailleurs) et dans le même temps, au nom du refus de sectarisme, se mettre à la remorque des appareils. De ce point de vue, ce n'est pas une spécificité française.


PS. pour nadia qui cite ce texte comme "ma" riposte, je n'ai pas de sympathies particulière pour le courant grant-woods, simplement je ne trouve pas ça inintéressant de voir ce qu'ils racontent...
Barnabé
 
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Message par Nadia » 02 Avr 2004, 13:11

(Barnabé @ vendredi 2 avril 2004 à 14:02 a écrit : PS. pour nadia qui cite ce texte comme "ma" riposte, je n'ai pas de sympathies particulière pour le courant grant-woods, simplement je ne trouve pas ça inintéressant de voir ce qu'ils racontent...
Oui, désolée, je me suis rendue compte de ce bête jeu de mots que maintenant. :emb:
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Message par Nestor Cerpa » 03 Avr 2004, 10:38

Perso je pensais qu'ils étaient juste dans le PCF, mais bon...
Sinon ils représentent quoi en anglette et au niveau international?
D'ou vient ce courrant et que quoi il ce différencie?
Nestor Cerpa
 
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Message par com_71 » 03 Avr 2004, 10:52

(Barnabé @ vendredi 2 avril 2004 à 14:02 a écrit :
Ensuite plus largement sur le courant grant, c'est vrai qu'il est loin d'être inexistant et insignifiant en Grande-Bretagne.
Suite à un éclatement organisationnel, ils existent maintenant moins en GB que dans d'autres pays...
Reste qu'ils ont été pendant des dizaines d'années l'un des deux groupes trotskystes les plus importants numériquement en GB (sur une position entriste au Labour Party, mais tout le monde était au courant...) Et par exemple le mouvement contre la pool-tax à Liverpool et ailleurs, ils étaient loin d'y être étrangers...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Nestor Cerpa » 03 Avr 2004, 11:43

com_71 j'ai ouvert un fil sur les différentes 4 donc si tu peu nous expliquer car là on est limite hors sujet
Nestor Cerpa
 
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Message par pelon » 03 Avr 2004, 15:24

(wolf @ vendredi 2 avril 2004 à 12:56 a écrit : Ce genre de réponse montre que tu ne connais pas le courant de Grant, par delà leurs trois-quatre représentants français. C'est tout à fait à côté de la plaque. ils ont occupé dans la classe ouvrière anglaise des positions telles que c'est d'un ridicule achevé que de leur reprocher de s'opposer à la diffusion de tracts de boîtes ou à la tenue de réunions.
Ils ont fait effectivement "beaucoup de tort" au parti travailliste.
pelon
 
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Message par Barnabé » 16 Avr 2004, 21:07

Article du GSI, section français de la LIT-QI (regroupement international du PSTU brésilien). C'est très long mais je le met quand même pour info:
a écrit :
Des élections sous la pression de
la lutte des classes

Les dernières élections cantonales et régionales resteront comme un de ces moment où la lutte des classes s'invite bruyamment là où les "politologues" ne l'attendaient pas. En effet, rivés encore une fois aux chiffres des intentions de vote, les doctes experts des instituts de sondages n'ont rien vu venir qui ont tout simplement négligé la capacité de la classe ouvrière à faire connaître son mécontentement par la grève et la manifestation mais, aussi, par l'expression sur le terrain électoral. Un terrain certes déformé, mais un moyen d'expression, d'organisation et de construction pour qui veut s'en saisir en marxiste. De ce point de vue, nous avons vu là les limites de ce que l'"extrême-gauche" peut et veut faire. Dès lors, il importe de tirer les enseignements de ce scrutin en termes de perspectives et d'organisation pour la classe ouvrière.

La politique de Maastricht encore une fois rejetée

Dès le premier tour, le 21 avril, il a été clair que la "sanction" du gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkozy risquait de tourner à la débâcle pour la majorité présidentielle, au second tour, le 28. Ce fut le cas ; et il ne pouvait en être autrement tant les attaques avaient été multiples, en application du traité de Maastricht, contre tous les secteurs de la classe ouvrière et de la fonction publique. Ainsi, c'est bien cette politique que les travailleurs rejettent élection après élection, et quel que soit le gouvernement qui s'en fait l'exécutant.

Il est évident que l'ensemble de la classe ouvrière a tiré les leçons de la grève de ce printemps et que les arguments de division avancés par le gouvernement, tentant d'opposer les travailleurs du public et du privé, ont été balayés. La relance des "journées d'actions" par les direction syndicales indiquait, "en négatif", cette même évidence, en apportant la preuve que la masse des travailleurs poussait à nouveau vers une riposte centralisée : une riposte rendue nécessaire par les attaques patronales et gouvernementales.

Depuis plusieurs mois, les intermittents du spectacle restent mobilisés contre l'accord scélérat qui aggrave durement les conditions de leur indemnisation chômage, les condamnant à la misère. Depuis plusieurs mois aussi, "plan sociaux", charrettes de licenciements et fermetures d'usines se multiplient, avec les très sincères condoléances des ministres concernés : Air Lib, Air Littoral, Metaleurop, etc. Les méthodes musclées de déménagement d'usines et de sabotage d'installations, pendant les vacances et les week-end, sous la "protection" de milices patronales et avec licenciement "à l'anglaise" sont, également, de plus en plus fréquentes. Ainsi par exemple l'affaire OCT, le 20 février à Dourdan. Et en même temps, les chômeurs sont frappés simultanément par la suppression de l'allocation de solidarité et par le raccourcissement de la durée de leur indemnisation : dès janvier, plusieurs centaines de milliers de chômeurs ont subi de plein fouet ces mesures iniques.

Les étudiants, eux aussi, sont descendus dans la rue en novembre contre le LMD et les ECTS et, sans la politique de collaboration de l'UNEF (organisation dirigée par des militants en grande majorité du PS), leur mobilisation aurait pu prendre une toute autre ampleur. Ont suivi les chercheurs ; et ensuite les enseignants à nouveau (que Chirac avait voulu diviser avec une nouvelle affaire de voiles), les pompiers professionnels, etc. Par ailleurs, à toutes ces attaques, on pourrait ajouter les lois Sarkozy-Perben qui multiplient les atteintes aux libertés démocratiques et remplissent des prisons déjà au bord de l'explosion.

Pour sa part, la Cour des Comptes a attendu que les élections soient passées pour confirmer ce que tout le monde pressentait : 69% des baisses d'impôts ont profité aux 10% les plus riches, alors même que la fiscalité locale et les taxes augmentaient en frappant les plus démunis. Situation que la décentralisation ne va qu'aggraver encore. Entre-temps, le gouvernement aura annoncé sa volonté de légiférer par ordonnances sur l'avenir de l'Assurance Maladie, pendant que le plan hôpitaux 2007 en conclut, après la catastrophe de l'été dernier, qu'il est urgent de privatiser les hôpitaux, de maintenir le numerus clausus en filière médecine, etc., etc.

Comble du cynisme : le 25 avril, entre les deux tours, Sarkozy envoie les CRS disperser violemment une manifestation des pompiers professionnels, lesquels ne quitteront le quartier de l'Opéra, à Paris, qu'après trois heures d'affrontements et plusieurs dizaines de blessés de part et d'autre. Que demandaient les pompiers ? Etre classés dans les professions à risque et pouvoir partir à la retraite à 55 ans, tout simplement. En résumé, ces derniers mois, seuls à avoir obtenu satisfaction à leurs exigences : les restaurateurs et les buralistes qui, eux, sont traditionnellement des électeurs de droite et sensibles aux sirènes de l'extrême-droite...

Enfin, les travailleurs ne sont pas dupes du pourquoi de l'opposition entre Chirac et Bush à propos de l'Irak. Comment le seraient-ils quand, tous les jours, s'étalent à la une des journaux (pourtant tenus en laisse) les atrocités d'un affrontement inter-impérialiste, par factions africaines ou haïtiennes interposées.

Tout cela était amplement suffisant pour que, leur exaspération portée à son comble, les travailleurs s'emparent du bulletin de vote comme d'un moyen de la lutte des classes, pour signifier leur rejet de cette politique et de ce gouvernement, "sans illusion, mais sans réserve", comme nous allons le voir en analysant quelques chiffres des élections régionales (1). Dont le second tour traduit bien cette exaspération exprimée par bien des travailleurs dans les ateliers, les bureaux et les chantiers, qu'ils aient voté LO-LCR et, plus souvent, PS ou PCF le 21 : "on sait qu'avec les socialistes ça serait à peu de chose près la même merde, mais Chirac, Raffarin et Sarkozy, avec tout ce qu'ils nous ont fait, il faut leur mettre un gros coup dans la gueule", et certains de préciser : "comme les Espagnols avec Aznar".

Bien qu'elle se maintienne à un haut niveau, l'abstention recule au premier tour et encore au second tour. Ce chiffre, en relation avec la répartition des votes, montre qu'une partie de l'électorat ouvrier et populaire s'est mobilisé à nouveau pour signifier son rejet de Chirac-Raffarin-Sarkozy et de la politique de Maastricht. Il serait toutefois hasardeux de pronostiquer un retournement durable de la tendance à la hausse de l'abstention constatée depuis 15 ans, abstention surtout centrée sur les quartiers ouvriers, où elle demeure plus forte. Ainsi, pour un taux moyen de 37,77% au premier tour (Le Monde du 23/03/04), on constate 43,6% d'abstention en Seine-St.-Denis et 40,06% dans le Nord, des départements à forte densité ouvrière. Au second tour, pour un taux moyen de 34,27% (Le Monde du 30/03/04), on constate dans ces départements 39,44% et 37,26% d'abstention, respectivement. Nationalement, le taux de votes blancs et nuls reste tout de même au dessus de 4% aux deux tours des régionales.


Le gouvernement CRS lourdement sanctionné et Chirac en première ligne

La classe ouvrière s'est donc saisie de ces élections pour signifier, au gouvernement, un rejet clair et massif d'une politique toute entière vouée aux intérêts capitalistes. Le jugement du premier tour déjà sans appel, le deuxième enfoncera brutalement le clou : sur les 22 régions de métropole, 1 seule reste dirigée par l'UMP, alors que l'assemblée de Corse, profondément divisée, reviendra in extremis aux mains de l'UMP. Ajoutons que sur les 4 "régions d'outre-mer", 2 sont dirigées par le PS, la Réunion restant au PCR et la Martinique aux indépendantistes ! Il y a donc un recul significatif des voix de droite (-1,12 million) et... de l'extrême-droite. Cette dernière revient, en gros, à son niveau de 1998, ce qui lui aura permis de se maintenir malgré tout dans 17 régions, pour le second tour.

Répétons-le : ce n'est pas seulement à un rejet du gouvernement Chirac-Raffarin-Sarkosy que nous assistons mais, et surtout, à un rejet de leur politique tout entière, en tant qu'application des orientations de l'UE et de l'OCDE. Le départ de Raffarin et aussi de Chirac sont donc à l'ordre du jour. Au delà du rejet signifié par la classe ouvrière, ces élections traduisent aussi, et comme conséquence de l'aiguisement de la lutte des classes, une crise profonde de la bourgeoisie, celle-ci restant divisée malgré la tentative chiraquienne de fonder un parti unique, un parti conservateur à la française et ordonné autour des "revendications" du MEDEF.

En termes électoraux, bien qu'une partie des votes d'extrême-droite et "divers" se soit portée sur leurs listes au second tour, UMP-UDF n'ont récupéré que peu de voix dues au recul de l'abstention. Cette défaite se produit alors que, bien qu'en recul, le FN est toujours présent, cherchant désormais ouvertement à se poser en alternative et revendiquant le pouvoir à droite. L'héritière, Marine Le Pen, travaille à donner à son parti des airs de "respectabilité républicaine", tout en soignant son discours en direction des travailleurs et des chômeurs.

Pour sa part, Chirac ne laisse nullement de côté ce qui est essentiel, du point de vue des intérêts qu'il défend et incarne. Aussi, entend-il respecter scrupuleusement l'agenda fixé par les institutions internationales du capital, OCDE et Union Européenne en tête. C'est pour cela qu'à l'occasion de l'interview accordée à TF1 et France 2, le 1er avril au soir, il a tenu à réaffirmer son orientation, sa politique, justifiant la nomination de J.-P. Raffarin pour constituer un nouveau gouvernement CRS. A la remarque d'A. Chabot à propos du "dialogue" et de la "concertation" : "Comment faire que le mot réforme ne soit pas toujours associé au mot sacrifice pour les Français, il y a du "gagnant -gagnant" ?" Chirac répond : "... En employant moins ce mot.".

En même temps, Chirac a pris un certain nombre d'initiatives pour tenter de "déminer" le terrain de la lutte des classes : suspension de la suppression de l'ASS, ouvertures en direction des chercheurs et des intermittents du spectacle, renonciation à faire passer la réforme de la protection sociale par ordonnances Enfin, en annonçant l'ouverture d'un grand débat national sur l'avenir de l'assurance maladie, Chirac indique vouloir intégrer plus étroitement les syndicats, bien entendu, à sa politique de démantèlement des acquis sociaux Et F. Hollande de s'empresser de répondre favorablement à une telle proposition...

Pour sa part, à l'occasion de son discours de politique générale devant l'Assemblée Nationale le 5 avril, Raffarin confirmera le cap et le calendrier au point que, pour l'assurance maladie, il n'y aura certes pas d'ordonnances mais le projet devra tout de même être adopté avant les vacances d'été... Mais le tableau serait incomplet si l'on n'indiquait pas que le gouvernement Raffarin a, néanmoins, remporté une petite victoire que beaucoup ont ignorée. Il ambitionnait de faire de ces élections régionales un point d'appui pour la politique de décentralisation, en mettant l'accent sur l'importance des régions, celles-ci étant appelées, dans son projet, à supplanter les communes et départements. Or, sur ce plan il a réussi à un point tel, que les élections cantonales seraient passées inaperçues s'il n'en était résulté que 49 départements seront désormais contrôlés par la "gauche plurielle". Ainsi donc, la mise en oeuvre de la décentralisation dans les départements, et surtout dans les régions, sera dorénavant essentiellement de la responsabilité de... la gauche plurielle !

La "gauche plurielle" investie par défaut

Tout d'abord, on peut constater que là où ils se sont présentés seuls, le PCF et les Verts ont progressé par rapport aux précédents scrutins. Pour nous concentrer sur le PCF, il est fort probable qu'une partie des militants et électeurs, éloignée car en désaccord lors de l'entrée du parti au gouvernement Jospin, se soit saisie de ces candidatures qui, sur des questions concrètes, leur sont apparues plus consistantes qu'un vote LO-LCR. Des questions concrètes comme l'appel du PCF à constituer des comités de défense de la sécurité sociale, qu'auraient bien pu lancer LO et la LCR...

Si l'on regarde le total des voix "de gauche" au premier tour, soit 9,49 millions de voix, ce score dépasse d'à peine 240  000 voix le score de toute la "gauche plurielle" au premier tour de la présidentielle le 21 avril 2002. Mais ce vote progresse de 2 millions de voix entre les deux tours ! Bien que LO et la LCR n'aient pas donné de consigne de vote pour le deuxième tour, il y a fort à parier que leurs électeurs se sont majoritairement reportés sur les listes de la "gauche plurielle". L'élément principal reste qu'au second tour, le recul d'abstention profite quasi exclusivement à la "gauche plurielle", ce qui lui aura permis de passer la barre des 50%.

Les commentateurs habituels, qui ne comprennent rien à ce qui se passe en profondeur - ou qui sont terrifiés par ce qu'ils voient monter - ont inventé une nouvelle formule : le "zapping électoral". Selon ces observateurs avisés, les électeurs se comporteraient en politique comme dans le domaine de la consommation, en passant d'une chose à l'autre selon l'avantage immédiat qu'ils y trouvent. Que ce soit de l'exorcisme ou de la méthode Coué, dans les deux cas cette analyse révèle, surtout, un profond mépris pour la classe ouvrière.

Non, le vote pour la gauche plurielle (essentiellement pour le PS), ne traduit pas de l'impatience ni de l'incompréhension vis-à-vis des "réformes", mais un rejet conscient d'une politique et d'un gouvernement et, partant, ce vote n'est pas un vote d'adhésion à un programme. Un programme qui d'ailleurs n'existe pas, si ce n'est la volonté de continuer dans la voie tout tracée par l'application de traités comme celui de Maastricht, et accords comme ceux de Schengen...

Contradictoirement, ce vote met le PS dans l'embarras car, d'après son agenda, il va devoir donner le change pendant 3 ans, avec ses "partenaires" (sous l'appellation "gauche unie" ?), alors qu'il sera en première ligne pour appliquer la politique de Raffarin. Car, répétons-le, la mise en oeuvre de la décentralisation et ses conséquences lui incomberont sur le terrain. Quid des postes décentralisés des administrations et de la fiscalité locale en pleine expansion ? Quid de la déréglementation des transports ferroviaires, et de l'énergie, et des agences régionales de la santé ? Quid de l'ensemble des compétences devant être transférées de l'Etat aux collectivités locales ?

La grève de 2003 n'a pas eu le débouché politique qu'elle pouvait avoir du fait de la responsabilité des appareils bureaucratiques syndicaux, mais aussi et surtout du fait de l'absence de perspective politique. Ce que dit le vote de ces régionales et cantonales c'est qu'il n'y a toujours pas de perspective politique, si ce n'est, par défaut, celle du retour de la "gauche plurielle"... en 2007, comme elle-même le précise. La gauche plurielle occupe donc un espace politique qui, au moins en partie, n'est déjà plus le sien. Pourquoi ?

L'extrême-gauche sans perspective

L'extrême-gauche, qui se réduit aux listes LO-LCR pour les élections régionales (2), progresse de 140 000 voix par rapport à l'élection équivalente de 1998. Mais elle se situe, cependant, bien en dessous des scores atteints lors des présidentielles de 1995 et 2002.

Avant les élections, nous avons analysé (L'Internationaliste n°51) l'accord LO-LCR en posant la question : ""perspective" électorale ou... perspective ouvrière et socialiste ?" Aussi, avons-nous posé les termes de la rupture avec le capitalisme, et non pas avec un "ultra-libéralisme" ! Et à l'échelle internationale, européenne tout au moins, et non pas franco-française. Or, force est de constater que, à aucun moment, la question de la prise du pouvoir par les travailleurs ne fut mise en avant par les têtes de liste LO-LCR. Il faudrait s'en remettre aux luttes, mais lesdites luttes buttent sur le manque d'une perspective politique : l'argumentation d'Arlette et d'Olivier se mord la queue et plus d'un travailleur s'en est rendu compte.

S'en prendre à la décentralisation de Defferre à Raffarin ? Non ! Le régionalisme girondin est vivace à la LCR : il vaut mieux parler de réforme "démocratique et solidaire" de l'Europe. De même, cette organisation se prononce pour la démocratie participative et le budget idoine qui n'est, sous la houlette pro-capitaliste de Lula au Brésil, que la cogestion de la misère et l'intégration des exploités à leur propre exploitation. Est-ce un hasard si Ségolène Royale, nouvellement élue présidente PS de la Région Poitou-Charentes, en a fait son cheval de bataille ?

Attaquer Maastricht ? Surtout pas ! Ce serait se retrouver sur le terrain de l'extrême-droite, n'est ce pas ? Or, la critique de l'Europe par le FN ne reflète que la peur panique de secteurs de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie, qui risquent de perdre beaucoup, à une nouvelle division internationale du travail en relation avec l'UE. Comme marxistes, notre critique se situe sur un tout autre terrain de classe : l'UE et les critères de Maastricht sont les moyens d'une politique imposant aux gouvernements, quels qu'ils soient, de privatiser, démanteler les services publics et les acquis des travailleurs ; et cela mérite d'être dit, tout de même !

Se déclarer antimondialisation ? Idem. L'extrême-droite ne se déclare-t-elle pas antimondialiste, pour les mêmes raisons qu'elle se déclare contre Maastricht ? Il faut donc à tout pris s'en démarquer et devenir "altermondialiste" ! Les plus téméraires oseraient même anticapitaliste, mais s'ils se penchent sur les années 20 et 30 ils devront bientôt trouver une autre formule et ce, pour les mêmes raisons. Car le grand oublié, dans tout cela, est le socialisme, c'est-à-dire une république universelle des conseils ouvriers et paysans, basée sur la propriété collective des moyens de production.

Mais le socialisme est l'antichambre du communisme et, là, il va falloir tout expliquer à beaucoup de travailleurs car, pour eux, le communisme c'est Staline, le goulag, la coexistence pacifique, la nomenklatura transformée en mafia russe, ukrainienne, ouzbek, etc. Bref, de guerre lasse, quand on a éliminé toutes ces solutions, et passé par dessus bord la dictature du prolétariat et le centralisme démocratique, si on a peur de se voir stigmatisés et vilipendés par R. Debray, H. Weber ou B.-H. Lévy, il n'en reste qu'une : la social-démocratie, de gauche, cela va sans dire. On a sa fierté.


L'accord électoral LO-LCR, en ne mettant pas en avant une perspective claire, tant pour les mots d'ordre que pour l'organisation, est resté un accord électoral. Ainsi, est-il revenu au PCF (oui, au PCF !) d'appeler à organiser des comités de défense de la Sécurité Sociale, alors qu'une politique conséquente de LO et de la LCR imposait la bataille pour de tels comités, pour des comités de base, pour poser les fondations d'un futur parti. Dans ce cadre, les 140 000 voix de plus qu'en 1998, ne peuvent-ils masquer que par rapport à 2002 c'est un recul significatif, même sur le terrain électoral. Sans parler du fait que, la loi électorale ayant été modifiée à l'occasion de ce scrutin, les listes LO-LCR n'ont atteint nul part le niveau de 10% requis pour se maintenir au second tour. LO et LCR n'ont donc plus de conseillers régionaux (sur 23 sortant) ; pour en conserver, la nouvelle loi leur imposait de fusionner leurs listes avec celles de la "gauche plurielle".

L'offensive pro-PS dans la LCR ne s'est d'ailleurs pas faite attendre. Dès le 22 avril, 24 membres de la direction regroupés autour de C. Piquet appelaient à voter pour la gauche plurielle, en contradiction avec la décision des directions LO-LCR. L'argument massue de l'appel : faire barrage au FN... qui progresse, selon eux ! Il fallait s'y attendre, car bien que les chiffres disent le contraire, comme cet argument avait marché en 2001 avec Chirac, pourquoi ne marcherait-il pas en 2004, avec Hollande ?

Le résultat de la gauche plurielle comme le score décevant de l'extrême-gauche (qui, elle, n'a pas progressé d'un iota en termes d'organisation) ont ouvert une crise dans la LCR. Questions : quand la crise va-t-elle éclater à LO ? Quelle attitude va désormais adopter la fraction publique de cette organisation ? Tout dépendra du score de la liste LO-LCR aux élections du parlement européen. Mais à n'avoir pas voulu ouvrir de manière conséquente la perspective d'un parti communiste des travailleurs, après la présidentielle de 1995, LO risque bien, comme la LCR, de laisser passer le train de l'histoire.

Ouvrir une perspective anticapitaliste
pour le socialisme !

Rappelons cette citation intégrée à notre éditorial du numéro 51 : "J'insiste doublement dans ma préface - c'est-à-dire dans les Leçons d'Octobre - sur le fait que la bourgeoisie, lorsqu'elle prit le pouvoir, bénéficia de tout une série d'avantages en tant que classe, alors que le prolétariat ne peut compenser l'absence de ces avantages qu'en possédant un parti révolutionnaire (...) de même, les conditions révolutionnaires les plus favorables ne peuvent amener le prolétariat à la victoire s'il n'est pas dirigé par un authentique parti révolutionnaire capable d'assurer la victoire (...) le prolétariat ne peut même pas utiliser la situation révolutionnaire la plus favorable si dans la période antérieure, préparatoire, l'avant-garde révolutionnaire du prolétariat ne s'est pas structurée au sein d'un parti authentiquement révolutionnaire , c'est-à-dire un parti bolchevique. Ceci est la leçon centrale d'Octobre. Toutes les autres lui sont subordonnées." [Souligné par nous] (La Dictature révolutionnaire du prolétariat de Darioush Karim (N.Moreno), Bogota, 1979. Citation originale de Trotski, dans Our differences. The challenge of the left opposition).

Toute la responsabilité des marxistes, en France, en Europe et dans le monde, est-elle contenue dans ce paragraphe. Une campagne électorale doit être pour nous une tribune pour la propagande et l'agitation en faveur du programme socialiste  ; une telle campagne doit aussi être l'occasion d'une mobilisation, et celle de la construction du parti révolutionnaire, pour le socialisme.

La grève de 2003 avait vu surgir le débat pour un autre projet de société "contre le libéralisme". Mais maintenant, la question qui revient de plus en plus souvent sous la plume de militants, ici et là, est celle du socialisme : nous serions fiers d'avoir modestement participé à cette évolution importante et décisive ! Car en effet, tous les regroupements, tous les forums, à l'échelle nationale comme à l'échelle internationale, ne peuvent qu'échouer s'ils ne se posent comme perspective la rupture avec le capitalisme, pour le socialisme.

Aussi, le débat est vif entre ces militants, au sujet du positionnements de leurs groupes ou tendances, surtout vis-à-vis de la LCR : parmi ceux qui s'y étaient ralliés au lendemain de l'élection présidentielle (malgré l'appel à voter Chirac contre Le Pen...), parmi ceux qui pensaient (à tort, selon nous), que cette organisation pourrait constituer le pôle de construction du parti révolutionnaire, un processus de décantation est en train de s'opérer. Processus au cours duquel reviendront de plus en plus fréquemment deux exigences : dégager une perspective anticapitaliste pour le socialisme, et faire le bilan critique d'une attitude qui a consisté, bien souvent, à chercher des raccourcis à la construction du parti à travers des mouvements et syndicats "radicaux".

Le scrutin européen de juin doit nous permettre de développer une campagne pour les Etats-Unis Socialistes d'Europe, vers une république universelle des conseils ouvriers et paysans, c'est-à-dire la destruction de l'UE et ses institutions ainsi que l'abrogation de ses traités, et non pas sa "réforme démocratique et solidaire". Ce scrutin doit aussi être l'occasion d'une clarification des positions dans le mouvement trotskyste, en France certes, mais aussi dans l'ensemble des pays d'Europe. Une clarification préalable indispensable, et qui doit nous permettre de poser les bases d'un regroupement anticapitaliste pour le socialisme, non seulement en France mais partout en Europe et à l'échelle de l'Europe.




(1) Un canton sur deux était renouvelé, le chiffre des régionales est donc plus pertinent que celui des cantonales, mais les tendances sont les mêmes.

(2) Le PT a présenté des candidats seulement aux élections cantonales.
Barnabé
 
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Message par Delapaille » 03 Mai 2004, 08:50

(wolf @ vendredi 2 avril 2004 à 12:06 a écrit :Ils sont adhérents au PS, vous le savez au moins?

Petite précision, en tant que militant de La Riposte, je peux vous signaler que l'essentiel de nos forces se trouvent dans le PCF et la JC, en raison des perspectives que vous connaissez (bien que vous ne les partagiez pas semblent-il).
Cela implique que si un militant de chez nous possède sa carte au PS (ce qui n'est pas interdit bien sur, comme d'avoir sa carte à LO ou la LCR) ça reste marginal.

Fraternellement

P.CAUCHARD
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Message par pelon » 03 Mai 2004, 08:56

(Delapaille @ lundi 3 mai 2004 à 09:50 a écrit :
(wolf @ vendredi  2 avril 2004 à 12:06 a écrit :Ils sont adhérents au PS, vous le savez au moins?

Petite précision, en tant que militant de La Riposte, je peux vous signaler que l'essentiel de nos forces se trouvent dans le PCF et la JC, en raison des perspectives que vous connaissez (bien que vous ne les partagiez pas semblent-il).
Cela implique que si un militant de chez nous possède sa carte au PS (ce qui n'est pas interdit bien sur, comme d'avoir sa carte à LO ou la LCR) ça reste marginal.

Fraternellement

P.CAUCHARD

Je serais très étonné qu'un militant de La Riposte ait sa carte de LO. Nous ne sommes pas pour la double appartenance. C'est ce qui nous distingue par exemple (mais pas seulement :hinhin: ) du parti travailliste.
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