Temoignages de travailleurs

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par alex » 13 Mars 2004, 14:36

Les Français sous Raffarin : des infirmiers usés.
«Ils font semblant de nous écouter»


Par Matthieu ECOIFFIER

samedi 13 mars 2004

«Ils m'énervent, ces gens-là. La notion de service public leur donne de l'urticaire.» Pendant quinze jours, Libération interroge des Français touchés par la politique gouvernementale. Aujourd'hui, Marie-Claire Legall, 50 ans, infirmière aux urgences à Bobigny (Seine-Saint-Denis).

«En septembre, on a eu droit à une fontaine à glace pilée aux urgences. Un mois après la canicule, on a pris ça pour un gag. Début août, je n'avais jamais vu ça : une arrivée massive de personnes âgées. En moins d'une semaine, leur fièvre est montée de 39 °C à 43 °C. A cette température, les centres nerveux sont grillés, il n'y a pas de retour en arrière. Ils avaient la bouche ouverte et ne répondaient pas à leur nom. Question personnel, pourtant, on était en nombre suffisant. Mais avec quatre morts par jour, la morgue de l'hôpital commençait à déborder. A ce moment-là, on a eu l'impression qu'il n'y avait pas de capitaine à bord, au ministère de la Santé. Nos SOS restaient sans réponse. Et puis, un soir, on a vu débarquer Rose-Marie (Van Lerberghe, ndlr), la directrice de l'Assistance publique (AP). Elle a mis une main sur sa bouche devant cette Berezina. Le lendemain, on nous a apporté des ventilos pris dans les bureaux et on a pu transférer des patients à l'hôpital militaire de Bégin.

Maintenant, c'est le retour de manivelle. Avec la droite, c'est : "Oh, là, là, vous avez fait un travail magnifique !" Ils vous encensent, promettent de l'argent. En décembre, on a eu une prime entre 60 et 130 euros. Mais après, ils font semblant de vous écouter. Et ils sanctionnent. C'est toujours sur les mêmes qu'ils tapent. Le directeur de l'hôpital a fait une note : on n'a le droit de prendre que 21 jours consécutifs de congé cet été. Et ils ont essayé d'assigner de force dans les services lourds les aides-soignants qui sont en formation d'infirmier et les provinciaux qui ont un logement à l'école d'infirmiers. On a braillé, ils sont revenus au volontariat.

La canicule a fait ressortir la pénurie de lits. Depuis le plan Juppé en 1995, que Kouchner a continué après 1997, on a diminué le nombre d'admissions dans les écoles d'infirmiers et de médecine. Après, on a fermé des lits, sans états d'âme : il n'y avait plus personne pour s'en occuper ! Avec le plan de l'AP 2004-2008, on ne parle plus que d'économies. Ils m'énervent, ces gens-là. La notion de service public leur donne de l'urticaire.

Les "baby-boomers" qui vont partir à la retraite ne seront pas remplacés. Et on nous martèle le prix de tout ce qu'on utilise, celui des attelles, celui des minerves. Certes, il faut faire attention, mais je suis infirmière, pas caissière. Plus les conditions de travail sont difficiles, plus certains se ménagent des portes de sortie. Et ceux qui restent rament. En plus, on nous bassine avec l'"humanisation" de l'hôpital.

A la présidentielle j'ai voté Arlette, mais pas Chirac au second tour : on ne savait plus qui était de gauche, qui était de droite. Et ça continue. La claque que les socialistes ont reçue n'était pas assez forte. Aux régionales, je voterai pour Marie-George (Buffet), une femme qui a une parole.»
alex
 
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Message par alex » 13 Mars 2004, 14:37

La campagne en TER
Dans le Métrolor, les promesses sont cuites


Par Thomas CALINON

samedi 13 mars 2004

Ils voyagent dans le TER, c'est la région qui les transporte. Voteront-ils pour autant aux régionales ?

Gare de Nancy, 6 h 12. Le Métrolor à destination de Luxembourg-Ville s'ébroue dans le petit matin glacial. Jean, 50 ans, est déjà en pleine forme. «Les régionales ? Ça fait belle lurette que j'ai déjà fait mon choix. Les gens qui ont des convictions, on ne les change pas, assure cet agent d'entretien de la SNCF. Je voterai pour le FN... Nan, nan, je rigole. Moi, je vote pour le parti du facteur (la LCR d'Olivier Besancenot, qui a fait alliance avec LO, ndlr).» «Le dossier de l'emploi» est au coeur de son choix électoral. «C'est primordial avec tous ces gens qui sont sur la paille, explique-t-il. La Poste, l'hôpital, l'Education nationale : ça va pas ! Est-ce que c'est voulu ? Sûrement. Il y a qu'une seule catégorie qui peut vivre, c'est les riches. Les autres, on les met de côté. Moi, au niveau du salaire, j'estime que c'est le fiasco. Au bout de vingt-cinq ans de carrière, toucher 1 400 euros brut par mois, c'est quand même pas le Pérou.»

Pont-à-Mousson, Metz, Hagondange, Thionville... Les voitures se remplissent. Les voyageurs sont désormais tous des frontaliers : ils vivent en France et travaillent au Luxembourg. Comme Alexandre, un informaticien de 39 ans. Lui juge la politique du président sortant, Gérard Longuet (UMP), par le prisme du TER qu'il emprunte deux fois par jour. «On nous a promis des rames ultramodernes. L'année dernière, elles devaient arriver ; cette année, elles devaient arriver ; je pense que l'année prochaine, elles arriveront toujours.» Il ne votera pas pour autant contre Longuet le 21 mars. Il ne votera pas tout court, d'ailleurs : «Que je vote ou pas, on aura toujours les mêmes TER.»

Carole, Béatrice et Cathy voyagent ensemble. Elles ont la trentaine et travaillent dans des établissements bancaires. Aucune n'ira voter. «C'est tous les mêmes : beaucoup de promesses et pas grand-chose», dit Carole. «Gauche ou droite, c'est pareil», assène Béatrice. «Des fois, j'essaie de suivre les émissions politiques à la télé, mais je change vite de chaîne. Ils passent leur temps à débattre sans trouver la solution. Aucun intérêt», assure Cathy. Les trois se plaignent pourtant de leurs conditions de transport. Carole se pose en porte-parole : «Le soir, on est debout, comme du bétail. En cas de grève, quand trois trains sont supprimés, ils les remplacent par deux bus. Sans parler des retards !» «Il y a des gens qui vont perdre leur boulot comme ça», conclut Béatrice. Assise face à Carole, Géraldine, 23 ans, est employée dans une clinique. C'est la seule qui passera par l'isoloir le 21 mars. «Je soutiens le maire de ma commune. Je ne sais pas sur quelle liste il se présente, mais il a fait de grandes choses, comme construire deux lotissements et une salle de sport.» «En plus, il est plutôt bel homme, non ?» s'enquiert Béatrice.
alex
 
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Message par Gaby » 13 Mars 2004, 15:13

Alex ils sont cools tes articles, mais ce serait très apprécié si tu pouvais donner la source.
Merci beaucoup à l'avance.
Gaby
 
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Message par zejarda » 13 Mars 2004, 19:23

le dernier c'esl libé je crois
zejarda
 
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Message par alex » 15 Mars 2004, 15:28

Les 2 articles sont de Libération du 13/03/04.
alex
 
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