Le facteur qui inquiète le PS

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Le facteur qui inquiète le PS

Carl Meeus

La Poste aurait-elle égaré la « Lettre recommandée au facteur », qu'Henri Weber, sénateur socialiste de Seine-Maritime, a envoyée à Olivier Besan-cenot, facteur dans le civil et porte-parole du mouvement trotskiste LCR (Ligue communiste révolutionnaire) ? Le premier assure avoir envoyé un exemplaire de son livre au second, qui dément l'avoir reçu. « Il aurait mieux fait d'envoyer des lettres ordinaires aux électeurs des couches popu- laires que le PS a perdus », répond le candidat de la LCR aux élections régionales d'Ile-de-France.

S'il l'avait lu, tout porte à croire que Besancenot n'aurait pas apprécié cette missive. En un peu plus de 170 pages, Henri Weber, ancien fondateur de la LCR, démonte les mécanismes ravageurs du programme économique et social du chouchou des médias.

Schizophrénique

Un réquisitoire édifiant mené à partir des écrits du postier : « Collectivisation des entreprises, planification centralisée de l'éco- nomie, élimination des entrepreneurs remplacés par des directeurs élus, destruction de la "vieille machi- nerie d'Etat" : tout le logiciel marxiste-léniniste des années 1920 et 1930 est là, au grand complet », démontre Weber.

Mais, au-delà de l'analyse approfondie des redoutables théories du « sympathique jeune homme », ce livre décrit le comportement schizophrénique de ses amis élus dans les conseils régionaux, notamment ceux de Lutte ouvrière, ses associés électoraux : dans le Nord-Pas-de-Calais, au lendemain du dépôt de bilan de Metaleurop, les élus trotskistes ont refusé de voter en faveur de la création d'un fonds doté de 2 millions d'euros et destiné à aider les salariés licenciés. « Une phraséologie très révolutionnaire peut couvrir une atti-tude très conservatrice, voire réactionnaire », déplore Weber. Plutôt que les habituels tracts sur les marchés, le PS ferait bien d'envoyer cette lettre aux électeurs de gauche séduits par le discours du jeune facteur à la « gouaille juvénile » qui, le 21 mars, pourrait, grâce aux scores de l'extrême gauche, empêcher les sociaux-démo- crates de conserver ou de conquérir certaines régions puisqu'ils ont refusé de s'allier avec eux au second tour