Cette circonscription comprend une partie de l'agglomération de Chalon-sur-Saône, celle de Montceau-les-Mines et vient englober quelques communes proches du Creusot (qui est dans une autre circonscription).
Secteur de Chalon-sur-Saône :Chalon-sur-Saône, 44.592 habitants.
Saint-Rémy, 6.476 habitants.
Saint-Marcel, 6.211 habitants.
Châtenoy-le-Royal, 6.205 habitants.
Cette agglomération a longtemps abrité des sites industriels appartenant à de grandes multinationales (Kodak, Saint-Gobain, Philips, Creusot-Loire, International Paper...) Elle a été durement frappée par la disparition de Kodak, fermé en 2006, site qui employait 2.000 personnes (3.000 par le passé) et où travaillait alors l'actuel candidat LO. L'usine produisait pour la photographie grand public - première activité stoppée - et beaucoup pour l'industrie du cinéma et pour l'imagerie médicale (radiographies). Cette fermeture a été marquée par l'ambiance pesante et le discours fataliste de l'évolution inéluctable de l'argentique au numérique, avec des charrettes de suppressions d'emplois se succédant par vagues (5 PSE à partir de 2005, en l'espace de 18 mois seulement)...
Les organisations syndicales du site, à commencer par Sud Chimie (premier syndicat, pas du tout combatif sur ce site), se sont positionnées dans l'accompagnement des mesures de la direction et l'ambiance plombée n'a jamais permis aux camarades (militant en dehors des principaux syndicats) d'organiser une vraie riposte. Selon le site patronal info-social RH (extraits) :
En parallèle, un médecin acupuncteur apprend aux salariés à gérer leur stress. « Au lieu d’aller crier leur colère dehors, ils l’exprimaient dans les ateliers », poursuit la consultante de Menway. Pas de grève ni de directeurs retenus ou d’arrêt de production… L’absence de conflits dans une usine qui en a connu de douloureux tient du miracle. L’étalement des PSE (cinq entre 2005 et 2008) et la communication contribuent à calmer les esprits. (...)
Pour éviter les fuites, à chaque annonce, l’usine passe en black-out et les managers préviennent les salariés restés chez eux. « Sans la confiance, le droit ne sert à rien », estime Philippe Chapuis, l’avocat de la direction. Les syndicats jouent le jeu. « Une fois les dés jetés, il fallait se préoccuper du reclassement des salariés, reconnaît Christian Geleta, secrétaire adjoint du CE, chez SUD, premier syndicat de l’usine. Entrer dans un conflit, c’était prendre le risque de braquer les Américains et d’avoir des PSE moins généreux. » Le pragmatisme plutôt que le jusqu’au-boutisme…
Kodak était une usine très particulière où certains ateliers travaillaient dans le noir complet (quelques secteurs ayant droit à une faible lumière rouge), où les humains finissaient par apprendre à se repérer dans le noir, et où les sons prenaient de l'importance - les piétons devant impérativement éviter les fenwicks... Les installations de Kodak ont été fermées, démolies (un bâtiment emblématique en 2008) ou vendues à la découpe à différents repreneurs dont peu ont perduré. Tournaire Plastic qui a repris l'atelier de plasturgie produisant les flacons et bidons destinés à recevoir les révélateurs et autres fixateurs, fabrique aujourd'hui le même type de bidons en plastique pour des produits chimiques divers (phytosanitaires, produits dangereux...) et a été racheté par un groupe plus gros, Greif ; l'activité a été déplacée sur une commune voisine où près de 50 personnes sont employées. L'activité d'analyses chimiques de Kodak a été reprise et est installée dans l'ancien bâtiment administratif, sous le nom de LaCoMed (environ 40 personnes) aujourd'hui rattaché au gros groupe Intertek. L'atelier de chimie fine synthétisant les molécules pour la photographie a été repris par une PME de la région niçoise, La Mesta Chimie Fine, souhaitant faire des principes actifs pour cosmétiques et parfums, mais la demande a chuté brutalement avec la crise de 2008 et le site chalonnais dénommé La Mesta Bourgogne (50 personnes) a fermé dès 2011, le reliquat d'activité étant transféré à Nice. L'atelier de mise en bidons des produits chimiques pour la photographie (en aval de Tournaire) a été repris par Chalon Photochimie, filiale d'un groupe dénommé Champion, qui a effectivement été champion pour permettre à Kodak de sous-traiter à travers lui, dès 2010, le licenciement des 104 personnes reprises. D'autres cessions de la partie distribution ou logistique ont eu lieu, par exemple au logisticien CEPL qui a repris 95 personnes et transféré depuis un autre site la logistique du Coq Sportif, avant de se faire racheter par ID Logistics qui a supprimé le gros des emplois en 2016 ; ou au transporteur régional Rave, un patron de choc. Des salariés ont aussi organisé une PME spécialisée dans la numérisation des films argentiques, Forever (27 personnes), qui a failli disparaître avec le confinement Covid-19 mais a finalement tenu le coup. Aujourd'hui, il reste à la place de Kodak un parc d'entreprises diverses, dont certaines n'ont plus rien à voir avec les activités d'origine ; la principale est le centre d'appels Webhelp avec 500 personnes, arrivé en 2020, devant une entreprise de maroquinerie de luxe, un fabricant de pompes à chaleur, un autre de micro-batteries lithium ion et un recycleur de métaux. Le démarrage de la boulangerie industrielle du groupe espagnol Vicky Foods est attendu sous peu, avec la promesse de 80 à 120 emplois. Toute cette zone a été réhabilitée et étendue sur une commune voisine à grand renfort de fonds publics.
Ici, un reportage de 13 mn aux infos régionales sur l'usine, intéressant même si on a droit à l'interview de l'inévitable directeur du site, lui-même fondateur d'un musée Kodak dans l'un des bâtiments à partir de 2009.
https://www.youtube.com/watch?v=00tmpWZZ1aID'autres entreprises de l'agglomération ont fermé, comme Nordeon (fabrique de néons de 140 personnes, ex-Philips) en 2017 qui a laissé une friche finalement rachetée par le Grand Chalon en 2021 qui a entamé un processus de 4 ans de dépollution... L'imprimerie de journaux régionaux comme le Journal de Saône-et-Loire (JSL) et Le Bien Public, a fermé en 2014, son activité étant transférée près de Lyon.
Néanmoins, Chalon reste une ville de tradition industrielle. A l'échelle de l'agglomération, Framatome à Saint-Marcel (850 personnes, assemblage d'équipements lourds pour le nucléaire tels que les cuves de réacteurs) a le vent en poupe avec un doublement de sa capacité et des centaines d'embauches annoncées. Le groupe Saint-Gobain est à l'origine de plusieurs usines, réparties aujourd'hui entre la société Saint-Gobain SEVA (moules, 280 personnes sur 2 sites), Saint-Gobain Isover (laine de verre, 160 personnes) et Verallia qui ne fait plus partie du groupe (bouteilles, notamment leader sur les bouteilles des vins de Bourgogne, 450 personnes) et est en cours de rachat par un fonds d'investissement brésilien. Également dans le verre, la société allemande Gerresheimer produit des flacons pour médicaments injectables avec 160 personnes. La cartonnerie International Paper Chalon (ex-Emballage Laurent) produit des emballages en carton pour l'industrie du vin (caisses-casiers), le e-commerce, les cosmétiques etc. avec 240 personnes. Amcor Capsules, ancienne filiale de Péchiney aujourd'hui détenue par un groupe australien, fabrique des capsules en aluminium (pour les bouteilles) avec 200 personnes. L'usine Alfa Laval / Packinox produit des échangeurs thermiques avec 150 personnes. Un entrepôt Amazon s'est implanté sur une commune de l'agglomération, avec 500 personnes en temps normal et 500 de plus à Noël...
Secteur du Creusot :Montchanin 4.982 hab.
Torcy 2.805 hab.
De nombreux travailleurs des usines métallurgiques du Creusot habitent ces villes, au passé minier désormais très lointain (1912-1913 pour les derniers puits) mais qui abritent encore d'anciens mineurs des houillères de Montceau-les-Mines.
Secteur de Montceau-les-Mines :Montceau-les-Mines 16.946 hab.
Saint-Vallier 8.508 hab.
Blanzy 5.983 hab.
Les villes du secteur ont un passé houiller plus récent (Houillères de Blanzy / CDF), la dernière mine ayant fermé à Montceau-les-Mines en 1992.
La principale usine est Michelin à Blanzy (1.200 personnes) qui fabrique d'une part, des semi-finis pour d'autres sites et d'autre part, des pneumatiques pour le génie civil (engins de chantier).
L'ancienne usine d'assemblage de composants électroniques du groupe Schneider, puis Bosch, devenue Eolane en 2002 (avec 230 personnes), a fermé fin 2020 en pleine crise Covid, licenciant les 77 derniers travailleurs. De même, deux usines emblématiques du secteur, autrefois gros employeurs, ont fermé à Saint-Vallier fin 2020 : l'usine de confection ex-Gerbe (bas et collants, 33 personnes) peu après son rachat par un groupe hôtelier chinois et l'usine Kone Cranes, ex-PPM (Potain Poclain Matériels, 142 personnes), produisant des grues mobiles et d'autres engins de manutention-levage.
Le premier tour de la législative partielle est aujourd'hui même, dimanche 18 mai.