2024, la crise politique s’installe

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Re: législatives anticipées

Message par Zorglub » 09 Juil 2024, 23:29

L'édito de Nathalie :
Il n'y aura pas de changement sans mobilisation massive et consciente des travailleurs !
Ceux parmi les travailleurs qui ont vu dans le Rassemblement national un moyen de dégager Macron se sentent floués par la tambouille politicienne qui lui a fait barrage. À l’inverse, pour ceux qui craignaient la politique du RN et ses attaques anti-immigrés, la relative victoire du Nouveau Front populaire est un soulagement.

Mais, à moins d’une explosion sociale venant de la classe ouvrière, ce soulagement ne peut être que de courte durée. Car la société continue de s’enfoncer dans la crise. Et il ne s’agit pas seulement de l’instabilité politique et d’une majorité introuvable qui risquent de condamner le prochain gouvernement à la paralysie, mais de l’aggravation de la crise économique.

Les faillites d’entreprises se multiplient, menaçant des dizaines de milliers d’emplois. La pression des financiers sur l’État, endetté à hauteur de 3000 milliards, est plus forte que jamais. Les rivalités entre grands groupes capitalistes sont exacerbées. Elles ont déjà pesé grandement sur la guerre en Ukraine, tandis que les États-Unis et la Chine se préparent à s’affronter militairement.

Dans ce contexte, même avec l’arrivée d’un gouvernement de gauche, personne ne peut croire au Père Noël. La grande bourgeoisie continuera d’imposer du sang et des larmes aux travailleurs et le gouvernement, à son service, l’y aidera. Et ce ne sera pas la première fois que les Hollande, Faure et même Mélenchon cautionneront les licenciements, les fermetures d’entreprises et la rigueur pour le monde du travail !

Un tel gouvernement ne protègera pas non plus les travailleurs d’origine étrangère du rejet, voire de la haine raciste. Ce poison est présent dans toute la société, y compris au cœur de l’appareil d’État et dans la police. Et il va continuer d’agir, car le RN ne s’est pas affaibli. Son poids politique et son influence sur toute la société n’ont même jamais été aussi élevés. Et il ne pourra que se renforcer quand, au fil des mois, le ou les prochains gouvernements montreront qu’ils n’ont rien d’autre à proposer aux travailleurs que de nouveaux reculs.

Rien de positif ne surviendra pour le monde du travail sans affrontement avec la grande bourgeoisie et son système. Ce dont aucun politicien ne veut, car ils sont tous des serviteurs fidèles du capitalisme.

Pour défendre leurs intérêts, il faut que les travailleurs retrouvent le chemin des luttes collectives, en ayant conscience qu’il faut renverser la domination de la bourgeoisie.

Le prochain gouvernement s’appellera peut-être Nouveau Front populaire en référence à mai-juin 1936 où les travailleurs ont obtenu les congés payés et la semaine de 40 heures. Mais, contrairement au mythe inventé par la gauche, ces avancées n’ont pas été octroyées par Léon Blum et son alliance gouvernementale. Elles ont été arrachées par une des grèves générales les plus puissantes que le pays ait connues, avec une vague d’occupations d’usine.

C’est parce qu’il craignait de tout perdre que le patronat de l’époque a accordé ces congés payés, dont il n’était même pas question dans le programme du Front populaire. Loin d’encourager la mobilisation victorieuse, le rôle du gouvernement Blum a été, au contraire, de la canaliser pour que les ouvriers ne contestent pas la propriété privée des usines et le pouvoir patronal.

Le dernier acte politique de la Chambre de Front populaire fut de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Autrement dit, le Front populaire n’a ni protégé les travailleurs, ni fait barrage au fascisme et à la guerre. Cette histoire doit nous servir de leçon.

Le capitalisme nous condamne à l’exploitation et à la destruction de la planète. Il fait sombrer la société dans les inégalités, les haines nationalistes et racistes, les guerres. Seules la puissance et l’unité du monde du travail, mobilisé contre la grande bourgeoisie, peuvent l’empêcher.

Dans cette perspective, il faut construire un parti regroupant des travailleurs de toutes origines autour de la conscience que le monde du travail reste la seule force révolutionnaire.

Demain, même s’il n’y a pas de gouvernement durable, la société continuera pourtant de tourner, car nous, travailleurs, en sommes la base. Les richesses, les profits et le capital de la bourgeoisie ne peuvent pas s’accumuler sans nous. Nous sommes indispensables. Cela nous donne le moyen de nous faire respecter et de nous battre, mais aussi et surtout de renverser le pouvoir de la bourgeoisie afin de diriger nous-mêmes la société.
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Re: législatives anticipées

Message par jamesdan » 10 Juil 2024, 08:36

Dommage que N.Artaud ne fasse pas référence dans son éditorial à celui à qui le MEDEF, état-major des intérêts capitalistes, s'en remet entièrement pour défendre la propriété privée des moyens de production contre le contenu social exprimé dans ces élections, c'est à dire à Macron, le principal vaincu aux européennes comme aux législatives, à Macron, clé de voûte des institutions de la Cinquième république, essentielles à la défense actuelle de l'ordre bourgeois !
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Re: législatives anticipées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 09:32

Combattre, dans l'électorat populaire, les illusions vis-à-vis de Macron, serait vraiment un objectif "petit bras" !
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: législatives anticipées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 09:33

brève LO, 09/07/2024 a écrit :La feuille de route du futur gouvernement est arrivée

Le Medef a exigé que la politique économique menée depuis neuf ans « se poursuive et s'amplifie car elle est la bonne réponse pour affronter les défis… » Et d’encourager l’exécutif « à faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans ».

En d’autres termes : quel que soit le gouvernement, il doit servir la soupe aux capitalistes.

L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: législatives anticipées

Message par jamesdan » 10 Juil 2024, 10:53

Simplement que la tête de l'exécutif dans le cadre de la Cinquième république c'est Macron, largement battu lors des dernières élections mais cherchant avant tout à manoeuvrer pour garder le pouvoir au compte de la bourgeoisie dans le silence radio de LO ! La classe capitaliste est bien plus consciente pour savoir où se situe clairement son intérêt que LO pour qui, en définitive "bof, tout ça, c'est bonnet blanc et blanc bonnet" et finalement les travailleurs s'en foutent puisqu'ils sont toujours exploités....A BAS L'EXPLOITATION !
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Re: législatives anticipées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 13:39

Encore du pas-nouveau...
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: législatives anticipées

Message par com_71 » 10 Juil 2024, 17:22

LO, 10/07/2024 a écrit :Trois blocs politiques ? Non, deux classes sociales !

La division du Parlement en trois blocs politiques, du moins jusqu’à ce que des négociations aboutissent à une solution gouvernementale, masque plus la réalité qu’elle ne l’éclaire.

Ainsi, bien des travailleurs, des petites gens, des mères de famille ont voté RN en espérant que cela change. « Cela », c’est les bas salaires, les petites retraites, la hausse continuelle des prix, la précarité du travail, la dégradation des services publics, l’inquiétude de l’avenir et, par-dessus tout, le dégoût de Macron et de sa cohorte de menteurs méprisants. Aujourd’hui, dans ces couches populaires, ces sentiments se mélangent à des degrés variables avec les préjugés cultivés par l’extrême droite. Mais, au-delà des délires xénophobes aussi étouffants et dangereux qu’ils soient, il y a une colère sociale qui découle de l’écrasement de la population travailleuse par une minorité de capitalistes. La fonction du RN est de la détourner contre des ennemis inventés, pour l’instant à coups de bulletins de vote inoffensifs.

Le Pen et Bardella, renvoyés dans l’opposition, sont dans une position leur permettant de dire qu’il faut attendre les prochaines élections pour espérer un changement. Ils savent pertinemment qu’il n’y aura aucune amélioration pour les couches populaires avec eux, mais ça ne les empêche pas de dire à leurs électeurs, particulièrement à ceux dont les fins de mois commencent le 10, qu’ils doivent patienter encore trois ans dans l’eau glacée en attendant que la marée monte suffisamment et les porte au pouvoir. En cela ils ressemblent à tous les politiciens bourgeois.

Quel que soit le futur gouvernement, de gauche, du centre ou d’ailleurs, il demandera aux travailleurs qui ont voté pour lui, et même aux autres, de patienter car « tout n’est pas possible tout de suite » et d’espérer en la bonne volonté des capitalistes. La vie est tout aussi difficile pour les ouvriers qui ont voté à gauche, pour ceux qui s’abstiennent, pour ceux qui n’ont pas le droit de vote que pour ceux qui ont voté RN. Devront-ils attendre le salut du nouveau gouvernement, du prochain ou de celui d’après ? Patienter et espérer que quelque gouvernement veuille bien prendre en considération les aspirations populaires, voilà à quoi conduisent le jeu électoral et les promesses brandies par les uns et les autres.

Mieux vaut en revenir à cette vérité simple : dans cette société il y a d’un côté les travailleurs et de l’autre les capitalistes aidés de multiples représentants politiques. Les premiers doivent se donner les moyens d’imposer leurs exigences aux seconds.

Paul Galois
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Re: législatives anticipées

Message par jamesdan » 11 Juil 2024, 09:24

Entièrement d'accord avec ce dernier texte.
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Re: législatives anticipées

Message par Kéox2 » 11 Juil 2024, 13:44

Ce texte aussi analyse très bien la situation politique à l'issue des législatives.

LO, 10/07/2024 a écrit :la progression du RN et ses dangers
Bardella ne sera pas Premier ministre mais c’est bien son parti qui réalise la plus forte progression électorale des élections législatives. Le RN va continuer à peser sur la vie politique plus que jamais.

Le RN n’a pas obtenu la majorité des élus, du fait des désistements entre le Nouveau front populaire et les macronistes, mais il a progressé en nombre de voix. Avec près de 8,8 millions de voix au second tour, le RN fait plus que doubler son score de 2022 qui était déjà de 3,5 millions de voix. Si on ajoute ses alliés LR, cela monte à 10 millions de voix.

C’est cela qui est le plus significatif. Des millions de travailleurs dans les régions les plus ouvrières, les villes populaires et même les banlieues naguère rouges de Seine-Saint- Denis ont voté RN en voulant exprimer leur colère et leur rejet des politiciens qui se sont discrédités au pouvoir. Alors, même si le RN n’arrive pas au pouvoir cette fois-ci, il ne faut surtout pas croire que le danger qu’il représente soit écarté, avec tout ce qu’il contient d’instrumentalisation et d’empoisonnement des consciences.

C’est d’autant plus vrai que ces élections ont vu encore une fois les partis de gauche appeler à voter pour des ennemis avérés des travailleurs comme Borne. Cela ne peut que renforcer l’audience du RN ainsi transformé en paria et renforcer son image de parti « anti-système ».

Lutter contre l’extrême droite, cela commencerait par faire reculer ses idées dans les consciences populaires. Et évidemment cela ne peut se résumer à des tripatouillages électoraux. C’est avant tout un combat pour faire exister d’autres perspectives politiques et sociales que les idées venimeuses du RN contre les travailleurs immigrés et pour la « préférence nationale » avec la division qu’il sème entre les travailleurs.

Convaincre des travailleurs de se détourner du RN implique de défendre de véritables idées de combat contre les seuls vrais responsables des malheurs des classes populaires : les capitalistes. Il faut défendre les idées de lutte de classe, et faire renaître la conscience que seules les luttes des travailleurs, unis quelles que soient leur nationalité, leur couleur de peau et même leurs opinions politiques, peuvent aboutir à des augmentations de salaires, à des emplois et surtout à en finir avec un système capitaliste qui mène l’humanité à la catastrophe.

Marion Ajar
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Brochure LO, été 2024

Message par com_71 » 12 Juil 2024, 11:48

Face à la faillite du capitalisme,
construire
un parti ouvrier,
communiste,
révolutionnaire

https://www.lutte-ouvriere.org/medias/d ... 24-web.pdf
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