Arkema montre du doigt

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Zorglub » 19 Nov 2012, 23:31

Quand le patron joue du pipeau, il ne manque pas de danseurs, journalise et "syndicalistes".

Cet article du Monde est bien crapuleux.

a écrit :L'histoire sonne comme un avertissement. Au moment où patronat et syndicats sont appelés par François Hollande à trouver un "compromis historique " sur la compétitivité et l'emploi, des négociations du même ordre viennent d'échouer lamentablement chez Arkema, le champion français de la chimie.
Résultat : faute d'accord, c'est en Chine ou aux Etats-Unis que le groupe va sans doute effectuer l'investissement qu'il projetait en France. Un gâchis emblématique des blocages français.

Tout avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices. Il y a plus d'un an, Arkema décide d'investir 70 millions d'euros à Pierre-Bénite, dans le Rhône, pour y augmenter sa production de polymères. "Je pensais que le personnel allait m'embrasser !", raconte Michel Delaborde, le directeur général de la filiale française.

Douche froide. Au lieu de la liesse attendue, les salariés se mettent en grève. Bien sûr, ils sont favorables à l'investissement qui doit aider Pierre-Bénite à juguler ses pertes. D'autant que le projet devrait bénéficier par ricochet au site de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence), qui fabrique la matière première utilisée à Pierre-Bénite. Après tant d'années de restructuration, l'avenir semble enfin se dégager pour ces deux usines.

ARKEMA VEUT INVESTIR EN FRANCE

Mais voilà. Le projet implique aussi la disparition d'une trentaine d'emplois à Saint-Auban. En outre, la direction prévoit de revoir l'organisation de Pierre-Bénite, à effectif constant. "Loin de créer des emplois, cet investissement aurait alourdi la charge de travail, et réduit la rémunération de certains salariés, car il y aurait eu moins d'heures supplémentaires", critique Nicolas Avinin, responsable CGT de Pierre-Bénite.

Devant la grogne, Arkema suspend son projet et menace de le réaliser ailleurs : "Pour nous, ce serait plus rapide et rentable de construire cette unité en Chine ou aux Etats-Unis."

Puis les discussions repartent. Au prix de quelques concessions, la direction obtient l'appui de la CFDT, de la CGC-CFE, et même de la CGT de Saint-Auban. Les premiers millions d'euros de l'investissement sont alors engagés.

Victoire ? Non, car à Pierre-Bénite, la CGT n'accepte toujours pas la remise à plat des structures. Pendant quinze jours, quelques dizaines de militants font grève, et paralysent la production.

Pour la direction, c'en est trop. Jeudi 15 novembre, elle retire officiellement le projet. "La CGT de Pierre-Bénite le refuse depuis un an, et on ne peut rien construire sans l'adhésion du personnel", se justifie M. Delaborde.

De quoi désespérer Gérard Staes, le responsable CFDT d'Arkema : "Pour une fois qu'un industriel veut investir en France, voilà que trente personnes font tout capoter !" A Paris, la négociation nationale sur le marché du travail sera-t-elle plus fructueuse ?

Denis Cosnard


Le pauvre Arkema, premier chimiste du pays, ancienne filiale d'Elf puis de Total et, entre autres maison-mère d'AZF, nous joue une mauvaise comédie. Ainsi, après avoir fermé ateliers et usines, en en faisant pété une en passant, avec trente morts, nous la joue victime parce que "quelques salariés" et la CGT n'accepteraient pas une "remise à plat des structures".

Si quelques dizaines de salariés peuvent paralyser la production, c'est bien parce que la chimie a supprimé tellement d'emplois que les usines sont désertes. Des gains de productivité faramineux, et pas du fait seulement de l'automatisation, mais aussi au détriment de la sécurité, avec des horaires de merde et de la sous-traitance qui doit fermer sa gueule. Ca émarge à combien un aboyeur au Monde ?

Et le journaliste laquais n'a même pas besoin de conclure, un bon bureaucrate le fait pour lui. C'est Delaborde qui peut embrasser ses commis.
Zorglub
 
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Message par Faber » 20 Nov 2012, 10:39

Quelques compléments d'information dans convergences révolutionnaires de mars avril 2012, ou de l'information tout court au vu de l'article précédent.

a écrit :
Industrie chimique : Plans sociaux en cascade chez Arkema

Mis en ligne le 25 mars 2012

Depuis plus de quatre mois, les travailleurs d’Arkema – groupe français de l’industrie chimique – subissent une série d’attaques sur leurs emplois.

Première vague : le 9 novembre dernier, la direction annonce que la centaine de travailleurs de l’usine de Jarrie (Isère) bénéficiant de mesures d’âge liées à l’amiante pour partir à la retraite ne sera pas remplacée. La direction profite d’une réorganisation liée, d’après elle, à la mise en conformité du site au PPRT [1], nouveau sigle bureaucratique censé garantir la sécurité des riverains. Une « prévention des risques technologiques » qui passerait par la suppression d’un quart des effectifs de l’usine, on aura tout vu !

Deuxième vague : deux semaines plus tard, annonce du projet Amarante [2] (rebaptisé « À ma rente ! » par les salariés) pour le pôle vinylique de l’entreprise. Plus de 2 600 emplois sont menacés par ce projet de cession d’activité au fonds d’investissements de Gary Klesch [3], un « Tapie » chargé de la sale besogne des licenciements. Une opération financière louche, qui consiste en la vente d’usines, de bureaux, de milliers de salariés et d’une trésorerie positive de 96 millions d’euros… pour un euro.

Enfin, le 17 février, la direction dévoile le plan qu’elle a concocté pour les usines de Pierre-Bénite (Rhône) et de Saint-Auban (Alpes-de-Haute-Provence). Au programme : 25 emplois supprimés, l’augmentation de la production et une réorganisation à Pierre-Bénite. Ce serait prétendument une chance pour l’usine de Pierre-Bénite, puisque le plan comprend 70 millions d’investissements avec la construction d’un nouveau réacteur, ce qui renforcerait la « pérennité du site ». Pérenniser le site en commençant par supprimer des emplois ? À d’autres ! Produire plus avec moins de monde, ce n’est rien d’autre qu’exploiter plus ; d’autant qu’il s’agit de la production de PVDF [4], la poule aux œufs d’or d’Arkema.
Les réactions

Après le mouvement de grève qui a suivi l’annonce du projet Amarante, culminant à la manifestation centrale du 5 décembre devant (et dans !) le siège de l’entreprise à Colombes (Hauts-de-Seine), la mobilisation s’est poursuivie le 2 février. Au programme : grève et manifestations devant la préfecture de Lyon, les sous-préfectures de Digne et Istres. Cette fois-ci, rien de cassé, les CRS ont pu continuer à se la couler douce, contrairement à leurs collègues du 92 en décembre dernier.

Le 7 février, rassemblement devant l’usine de Saint-Fons (Rhône), des cars venant de tous les sites Arkema de France, et une ambiance chaleureuse malgré le froid. Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir. Tant mieux, même si on se demande bien en quoi le « protectionnisme européen » et son petit arsenal de mesures anti-délocalisation nous auraient été d’une quelconque aide. Notre combat n’a pas grand-chose à voir avec les délocalisations ou le « made in France » : Arkema se débarrasse de l’ensemble du pôle vinylique, y compris les sites situés à l’étranger.

Nous nous battons avant tout contre un patron bien français qui s’en prend à nos emplois pour faire plus de profits ; en somme ce que subit la classe ouvrière depuis des années. Une situation si générale à notre classe que, pour la combattre, il faut, comme le dit Mélenchon (et d’autres), être « forts politiquement », mais avant tout pour obtenir l’interdiction des licenciements (et pas uniquement les « licenciements boursiers ») et que les travailleurs contrôlent les comptes des entreprises (notamment la comptabilité suspecte d’Arkema et de Klesch).

Du côté de Pierre-Bénite et de Saint-Auban, c’était la grève le 17 février contre le plan qui cible ces deux sites, avec un blocage de l’usine des Alpes. Blocage qui aurait provoqué la colère du DRH, la direction retirant son plan… et les investissements. Allons donc ! La ficelle est grosse, il s’agit tout simplement de rendre les grévistes (de Saint-Auban) responsables du « blocage » des investissements (à Pierre-Bénite), avant de proposer une nouvelle fois ce plan. Cette petite reculade nous laisse au moins le temps de nous préparer.
Pas de coup de bambou

La direction d’Arkema croit qu’elle va gagner par K.O. en nous ensevelissant de plans. (Elle ne fait d’ailleurs qu’accélérer le mouvement entamé il y a quelques années, quand Total s’était séparé de l’entreprise.)

Mais rien n’est moins sûr, et la réaction des travailleurs le montre. Les grosses ficelles de la direction sont trop usées.

Une chose est sûre, quand on nous attaque séparément, voire qu’on tente de nous opposer les uns aux autres, la meilleure réponse est collective. Aucun « plan industriel » ne peut remplacer la lutte de tous les travailleurs d’Arkema, qui ne mènent d’ailleurs pas un combat différent de celui de tous les travailleurs en lutte contre les licenciements, les suppressions de postes et leurs divers avatars. Car, comme le disait un gréviste de Pierre-Bénite en assemblée générale, « le problème n’est pas de convaincre le patron ». Le problème est d’être suffisamment fort pour le contraindre.

12 mars 2012

Maya PALENKE et Toni ROUVEL

[1] Plan de Prévention des Risques Technologiques. Voir Convergences Révolutionnaires n° 78, « La législation à la remorque des catastrophes industrielles » et « Du côté de Feyzin : Raz(es) le bol ! ».

[2] Voir Convergences Révolutionnaires n° 79, « Projet de cession du pôle Vinylique chez Arkema, ou la sous-traitance des licenciements dans la chimie » et « À Arkema, la réaction ne s’est pas fait attendre ».

[3] Voir « Un repreneur de destruction massive », ci-dessus.

[4] Le PVDF (polyfluorure de vinylidène) est utilisé pour la fabrication des films qui constituent la couche arrière des panneaux solaires.

[5] Texte de banderole des manifestants


Comme on dit, la suite au prochain numéro.
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Message par Zorglub » 20 Nov 2012, 22:05

Des infos, oui merci, mais aussi des ambiguïtés.

a écrit :Une situation si générale à notre classe que, pour la combattre, il faut, comme le dit Mélenchon (et d’autres), être « forts politiquement », mais avant tout pour obtenir l’interdiction des licenciements (et pas uniquement les « licenciements boursiers ») et que les travailleurs contrôlent les comptes des entreprises (notamment la comptabilité suspecte d’Arkema et de Klesch).


Mais bon, c'est Convergences révolutionnaires...
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Message par malaka » 21 Nov 2012, 11:12

(Zorglub @ mardi 20 novembre 2012 à 22:05 a écrit :Des infos, oui merci, mais aussi des ambiguïtés.

a écrit :Une situation si générale à notre classe que, pour la combattre, il faut, comme le dit Mélenchon (et d’autres), être « forts politiquement », mais avant tout pour obtenir l’interdiction des licenciements (et pas uniquement les « licenciements boursiers ») et que les travailleurs contrôlent les comptes des entreprises (notamment la comptabilité suspecte d’Arkema et de Klesch).


Mais bon, c'est Convergences révolutionnaires...

a écrit :Le 7 février, rassemblement devant l’usine de Saint-Fons (Rhône), des cars venant de tous les sites Arkema de France, et une ambiance chaleureuse malgré le froid. Jean-Luc Mélenchon est venu soutenir. Tant mieux, même si on se demande bien en quoi le « protectionnisme européen » et son petit arsenal de mesures anti-délocalisation nous auraient été d’une quelconque aide. Notre combat n’a pas grand-chose à voir avec les délocalisations ou le « made in France » : Arkema se débarrasse de l’ensemble du pôle vinylique, y compris les sites situés à l’étranger.

Nous nous battons avant tout contre un patron bien français qui s’en prend à nos emplois pour faire plus de profits ; en somme ce que subit la classe ouvrière depuis des années.
Une situation si générale à notre classe que, pour la combattre, il faut, comme le dit Mélenchon (et d’autres), être « forts politiquement », mais avant tout pour obtenir l’interdiction des licenciements (et pas uniquement les « licenciements boursiers ») et que les travailleurs contrôlent les comptes des entreprises (notamment la comptabilité suspecte d’Arkema et de Klesch).


Des ambiguïtés...
Mais bon, c'est Zorglub, dont la sympathie politique est LO...
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Message par Gaby » 21 Nov 2012, 13:16

Convergences Révolutionnaires serait ambigu envers la droite du NPA qui est ambigue envers le PC qui est ambigu envers le PS qui est ambigu vis-à-vis de la droite sociale...

Et avec tout ça on n'a pas réussi à élire Fillon :w00t2:
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Message par jeug » 21 Nov 2012, 19:51

Non, c'est pas très ambigü.
Exprimé comme ça, c'est de la franche sympathie pour Mélanchon, même si on lui fait quelques recommandations au passage.
jeug
 
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Message par Zorglub » 25 Nov 2012, 00:43

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Message par artza » 25 Nov 2012, 07:16

Mélenchon est passé hier soir chez Ruquier.

Numéro bien rodé.
Il a évoqué une fois en passant une loi "sur les licenciements boursiers" qu' Hollande aurait du mettre en oeuvre.

Il a présenté sa candidature et celle du Front de gauche pour une recomposition de la majorité gouvernementale qu'il présente comme tout à fait possible avec l'actuelle assemblée.

Aucune allusion à la force des travailleurs, leurs luttes etc. et surtout un fleuve de propos cocardiers, la France grande puissance, deuxième d'Europe, cinquième du monde, jeune et dynamique, n'a pas à s'en laisser compter par une Allemagne vieillissante arc-boutée sur ses machines-outils et ses grosses bagnoles.

Evoquant les cicatrices du passé et les grattant à deux ou trois reprises, les vieux staliniens grandis dans la lutte "contre le réarmement allemand" doivent être ravis.

Pour l'article cité je veux bien croire qu'il est maladroit en laissant croire que Mélenchon prêche pour une "force politique" de qui d'abord? Je doute que ce soit l'intention ou l'illusion de l'auteur.

Modération : Des attaques un peu trop personnelles ont entraîné des polémiques qu'il a semblé préférable de faire disparaître ici et dans la suite...
Ottokar
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Message par manitas » 25 Nov 2012, 13:59

Faire passer une critique pour un éloge les bras m'en tombent...

La "force politique" il s'agit des propos de Mélenchon au rassemblement d'Arkema, l'ambigüité vient de lui quand il ne précise pas à ce moment ce qu'il entend par là, même si pour notre part nous savons à quoi nous en tenir.

Quant à discuter des "moyens" mis en avant par Mélenchon ce n'est pas le sujet de l'article. Ceux qui ne voient pas la critique de Mélenchon, certes faite au passage, dans l'article sont bien aveugles ou choisissent de l'être.

Demander un long développement sur un politicien bourgeois dans un article d'entreprise pas si long que ça, pour le coup c'est sans ambigüité sur l'utilisation de la presse militante (je le rappelle à tout hasard...) faite par celui ou ceux dont provient cette critique.









.
Sur Mélenchon, et surtout sur le reste, vous trouverez des choses (tracts, vidéos,etc.) sur le site de la CGT du complexe pétrochimique de Lavéra.

Sur AZF, c'est vrai Grande Paroisse était une filiale d'Atofina mais cette entreprise est restée dans le giron de Total contrairement au reste d'Atofina dont est issu Arkema.
manitas
 
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Message par Zorglub » 25 Nov 2012, 17:35

(manitas @ dimanche 25 novembre 2012 à 14:59 a écrit : La "force politique" il s'agit des propos de Mélenchon au rassemblement d'Arkema, l'ambigüité vient de lui quand il ne précise pas à ce moment ce qu'il entend par là, même si pour notre part nous savons à quoi nous en tenir.


Ce n'est pas une ambiguïté de la part de Mélenchon, c'est très clair au contraire, comme tu l'as dit, nous (vous et nous) savons très bien ce que cela veut dire : voter Front de gauche pour changer les choses. Reprendre ce propos sans l'expliquer tout en ajoutant un "mais avant tout" comme s'il s'agissait d'une question de degré et non de politiques diamétralement opposées c'est au mieux de l'ambiguïté, au pire, comme le souligne jeug de la complaisance.
Le contexte d'article de boîte n'a donc rien à voir ici.

Merci pour la précision sur Grande-Paroisse, j'avais oublié. Total avait probablement gardé ce boulet pour mieux mettre en bourse Arkema.
Zorglub
 
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