Merci Barnabé. J'en extrais deux passages. Sur les nationalisations de 45 d'abord :
a écrit :Après la première vague de nationalisations de 1936, relativement limitée, la vague suivante, beaucoup plus importante a eu lieu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de fin 1944 à 1946. Les circonstances étaient tout à fait différentes du Front populaire.
L’impérialisme français émergeait d’un désastre qui venait de durer cinq ans. La majorité du patronat français était resté en place en faisant bon ménage avec les forces d’occupation. Pendant ces quatre années, l’appareil industriel et les infrastructures du pays ne se modernisèrent pas comme elles le firent dans des pays non occupés comme la Grande-Bretagne et surtout les États-Unis. Et pendant la guerre il y eut, en France, de nombreuses destructions dues aux bombardements anglais puis anglo-américains.
En 1945, la situation de l’impérialisme français était donc délicate sur le plan économique.
La bourgeoisie réussit à se sortir de cette passe difficile grâce au nouveau régime dirigé par de Gaulle et qui a bénéficié de la collaboration sans faille du Parti Communiste Français. Restait à régler le problème du retard économique. Si l’impérialisme français voulait ne pas être rejeté en arrière par ses concurrents, il lui fallait absolument faire un gros effort pour, d’une part, remettre en selle la bourgeoisie et, d’autre part, reconstruire puis moderniser les infrastructures et l’appareil industriel du pays.
Or de cela la bourgeoisie n’était pas capable toute seule. Il lui fallait l’aide des fonds d’État et le silence de la classe ouvrière grâce au Parti Communiste Français et à la CGT. L’aide de l’État, ce furent les nationalisations ; l’aide du Parti Communiste, ce fut la politique du « produire d’abord, revendiquer ensuite » selon le slogan du PCF et de la CGT de l’époque.
La combinaison de ces deux facteurs fit que le PCF et la CGT prétendirent qu’avec les nationalisations les travailleurs produisaient pour eux, alors que c’était en réalité un nouveau départ pour le patronat..
et la conclusion intitulée "Défendre ce qui reste des services publics"
a écrit :Aujourd’hui, devant l’offensive qui conduit à la privatisation de plus en plus grande de secteurs qui, pour n’être pas tout à fait publics, sont utiles et même indispensables à la population, les usagers ainsi que les travailleurs sont le dos au mur.
Les capitalistes achètent la fraction la plus rentable des entreprises et ils usent certaines infrastructures jusqu’à la corde, en économisant sur l’entretien, sur le personnel, sur tout, quitte à les revendre ensuite lorsque ça ne vaut plus rien, à l’État si cela se trouve, mais en ayant récupéré largement le prix d’achat.
Alors, aujourd’hui, nous en sommes à défendre le peu qui reste de services publics dans ces entreprises.
L’intérêt public, c’est que tous les endroits, même les plus reculés, soient pourvus d’électricité, indispensable pour se chauffer et s’éclairer, que les régions rurales soient pourvues de bureaux de poste, tout comme d’hôpitaux de proximité, de maternités et de transports en commun.
L’intérêt public, c’est que dans les villes on puisse être transporté correctement par le réseau collectif, sans attendre des demi-heures, sans être entassés comme des sardines, sans qu’il soit impossible à une personne âgée ou accompagnée d’un bébé d’accéder au métro faute d’escalator, au train, au tramway ou au bus faute de plate-forme suffisamment basse.
L’intérêt du public, c’est que les hôpitaux soient en mesure d’accueillir les malades, sans attentes interminables, et sans qu’on les renvoie chez eux le plus tôt possible faute de personnel soignant en suffisance.
L’intérêt du public, comme du personnel, c’est que les chauffeurs ne se voient pas imposer des rythmes déments, que l’entretien des trains, voire des avions, ne soit pas, comme c’est le cas, de plus en plus espacé, voire négligé.
Énumérer tout ce qui ne va pas - et on pourrait allonger cette liste encore longtemps - c’est faire ressortir tout ce qui constituerait de véritables services publics.
Nous devons essayer de nous opposer à ce que l’État et le capital les réduisent encore. Et, soit dit en passant, ce n’est pas sur la gauche que nous pourrons compter. La gauche, lorsqu’elle était au gouvernement, a participé à la dégradation des services publics, et quant aux privatisations, elle en a fait tout autant sinon plus que la droite, même si hypocritement elle appelait cela « ouvertures du capital ».
Et même lorsqu’elle se trouve dans l’opposition, comme maintenant, la gauche se garde bien de s’engager à annuler toutes les mesures du gouvernement Raffarin qui ont dégradé tout ce qui, dans les services publics, est utile à la population.
Lutter en faveur du maintien de ce qui est indispensable à la population dans ces services de moins en moins publics, cela fait partie de la lutte générale du monde du travail.
Mais pour qu’il existe de véritables services publics il faudra que toute l’économie soit au service du public, c’est-à-dire que l’on produise en fonction des besoins réels de la population et non pas pour produire du profit pour la minorité capitaliste qui monopolise les richesses et les moyens de production.