(colbleu @ mercredi 31 mars 2010 à 19:53 a écrit : Quijote et Meichler je ne préconise pas l’abstention et je ne vais pas dans le sens du POI qui semble dire que les abstentionnistes se regroupent derrière eux.
Ma position, c’est de dire que le terrain électoral n’est plus un terrain de lutte pour la classe ouvrière.
Comme tu le dis Meichler ce débat n’est pas nouveau Lénine a polémiqué sur cette question avec Gorter et la Gauche Allemande. A mon avis l’histoire a montré que la Gauche Allemande avait raison car aucun changement n’a pu se faire par les élections
Lénine n'a jamais dit qu'un «changement» pouvait se faire par les élections. Il ne s'est jamais agi POUR LE PARTI OUVRIER RÉVOLUTIONNAIRE (ou l'organisation qui combat pour le construire) que d'élargir son audience dans la population travailleuse, de rassembler les ouvriers autour de son programme, autour de lui en tant qu'organisation, le plus largement possible, autrement dit de faire progresser le groupement politique de la classe autour du programme (et par conséquent arracher les travailleurs à l'influence politique des partis bourgeois et opportunistes - comme on disait à l'époque de Lénine).
La question de la possibilité ou non des réformes est une AUTRE QUESTION, question complexe, mais qui ne saurait, quoi qu'il en soit, se poser comme : OU BIEN les "réformes", OU BIEN la révolution. Affirmer que la bourgeoisie est incapable d'accorder la moindre concession est absurde, car la bourgeoisie n'a qu'un impératif catégorique, c'est de maintenir son pouvoir politique, que demeure en place son appareil d'État, même si elle doit parfois en concéder (contrainte et forcée) la gestion à ceux que Lénine appelait les «lieutenants ouvriers de la bourgeoisie» (actuellement les PS, PC, ou ceux qui portent leurs valises politiques, voire les DIRIGEANTS syndicaux - qu'il est mortel de confondre avec les ORGANISATIONS syndicales). Garder le pouvoir politique est ce qui vaut bien toutes les "concessions", puisqu'aussi bien le maintien en place de l'Etat bourgeois permet toujours de tout reprendre ensuite.
Mais les révolutionnaires ne se présentent pas aux élections pour obtenir des réformes (sans compter ce que signifie aujourd'hui ce mot sur la scène politique...). Ils doivent (et ne doivent) le faire (que) pour accroître l'influence du programme historique dont ils sont porteurs dans la classe, que pour accroître la cohésion de celle-ci autour du programme dont le parti est la forme concrète organisée.
Les élections, à fortiori les parlements bourgeois, voire les syndicats, présentent des "risques" de corruption ? Oui, bien évidemment. Et les révolutionnaires ne doivent jamais l'oublier. Mais ils n'oublient surtout pas que la plupart des ouvriers n'apprennent pas la politique en lisant des livres, mais dans le cours même de l'action, de la vie, à l'usine, au syndicat, dans la rue, et aussi dans ce qu'ils perçoivent de la vie politique, dont les élections sont un moment majeur (que l'on le veuille ou non), même si nous savons qu'elles ne changent rien par elles-mêmes. Dès lors les révolutionnaires n'ont pas de «leçons» à donner, mais à faire leurs preuves, sur le terrain pratique, dans les élections comme ailleurs, partout où SONT les ouvriers, partout où l'on peut les joindre. Alors les révolutionnaires peuvent être
un peu écoutés et essayer de dire
quelques mots, (et parfois un peu plus quand ils ont gagné la confiance par des années de présence et de sérieux EN PRATIQUE auprès des travailleurs), quelques mots de leur programme.
Ce qui a changé depuis 1914, ce n'est pas l'impossibilité absolue de réformes favorables au prolétariat. Il en a d'ailleurs conquis de nombreuses depuis,
sous la menace, qui pesait sur la bourgeoisie,
de la révolution prolétarienne, menace incarnée d'abord par
la révolution russe d'octobre 1917 et l'Etat ouvrier qui en était issu (quelles que fussent ses déformations monstrueuses par la bureaucratie stalinienne). Car cela signifiait : l'Etat bourgeois PEUT TRE DÉTRUIT, les ouvriers peuvent prendre le pouvoir, c'est-à-dire LA terreur absolue pour la bourgeoisie, la grande peur du Capital. Non, ce qui a changé à partir de 1914 (première guerre mondiale impérialiste) c'est que le mode de production capitaliste ne pouvait plus conduire à de nouveaux progrès historiques pour l'espèce humaine, ne pouvait plus développer les forces productives sinon à travers de gigantesques destructions concomittantes, sinon une extension du Capital (ce qui n'est pas la même chose) à travers de convulsions terribles, catastrophes, crises, guerres, et autres calamités abominables.
C'est ce qui commença à être établi par l'internationale communiste dans ses quatre premiers congrès, et développé ensuite par Trotsky.