La grève des gardiens de prison

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Message par Vérié » 18 Mai 2009, 11:16

a écrit :
Leur société
Prisons - Fin du mouvement des surveillants, à quand les suivants ?

Deux syndicats de surveillants de prison, l'UFAP-UNSA et FO-Pénitentiaire, ont signé un accord lundi 11 mai avec la ministre de la Justice Rachida Dati, mettant ainsi fin au blocage progressif des prisons qui avait commencé le lundi 4 mai. Le syndicat

CGT-Pénitentiaire a refusé quant à lui de signer un accord dont il dit qu'il « enterre les espoirs ». Et quand on sait que cet accord prévoit la création de... 351 postes, dont la plupart pas avant 2010, on peut comprendre cette réaction.
Ce ne sont bien sûr pas ces 351 postes de plus qui vont rendre supportables les conditions de travail des 24 300 surveillants de prison ! Et ce n'est pas davantage la promesse de Rachida Dati de réexaminer l'application des « règles pénitentiaires européennes », censées s'appliquer dans tous les pays de l'Union, qui changera grand-chose dans les prisons.

C'est d'abord pour demander des embauches que les gardiens se sont mobilisés. Dès le lundi 4 mai, ils bloquaient la plupart des prisons et empêchaient les transferts de détenus vers une autre prison et vers les palais de justice pour une audience ou un interrogatoire. Le gouvernement choisissait la manière forte en envoyant immédiatement les CRS dégager sans ménagement les abords des prisons. Face à la détermination des gardiens, ils n'ont pas toujours eu le dessus. Les surveillants avaient d'ailleurs décidé, à la suite de ces interventions musclées des CRS, d'étendre le blocage aux visites des familles et des avocats.

La situation dans les prisons est insupportable pour les gardiens comme pour les détenus. Pour 24 300 surveillants il y a 63 351 détenus qui s'entassent dans des prisons qui ne disposent que de 52 535 places, d'après les chiffres de l'administration pénitentiaire elle-même. Alors, comment s'étonner que le taux de suicide des détenus - 52 depuis le début de l'année - soit le plus élevé d'Europe et que, sur la même période, dix gardiens aient choisi de mettre fin à leurs jours, ne supportant plus des conditions de travail exécrables ?

Pendant la semaine qu'a duré leur mouvement, on a pu entendre des témoignages de gardiens. Dans Le Monde l'un d'eux demandait « Comment gérer 100 détenus par étage ? ». Un autre racontait : « On ne peut passer que 45 secondes par détenu, les insultes, crachats, menaces deviennent quotidiens. » Un dernier parlait de surveillants devenant « de la chair à canon » face à des « petits délinquants » qui peuvent être dangereux.

Rachida Dati s'est félicitée de l'accord, et de ce qu'elle a appelé le sens de la responsabilité des syndicats. Juste avant son départ du ministère, elle a peut-être pu mettre un terme au blocage des prisons, en associant la manière forte à des concessions limitées, Mais elle laisse à son successeur une situation aussi explosive, fruit de la politique sécuritaire du gouvernement, dont le résultat est d'entasser des milliers de détenus dans des prisons bondées.

Cédric DUVAL



Cet article me semble équivoque et insuffisant. Pouvons-nous soutenir en effet la grève des gardiens de prisons pour obtenir des embauches comme nous soutenons une grève de cheminots ou de postiers ?

Si la situation est insupportable en prison, du fait de la surpopulation, c'est avant tout parce qu'on met de plus en plus de gens en prison, qui y restent de plus en plus longtemps (contrairement à ce qu'on essaie parfois de nous faire croire), dont beaucoup de gens qui n'ont rien à faire en prison, par exemple des drogués.
Embaucher davantage de gardiens, construire de nouvelles prisons ? C'est un cycle infernal : plus on construit de prisons, plus on en enferme de gens.

Par ailleurs, les gardiens font partie de l'appareil répressif de l'Etat, même si leur sort et leur travail ne sont pas agréables, ce ne sont pas des "travailleurs comme les autres". Leurs revendications sont souvent très équivoques. Même si les syndicats les plus à gauche comme la CGT évoquent leur "mission de réinsertion" et parlent (un petit peu) des conditions de détention, ce ne sont pas du tout les préoccupations essentielles des gardiens. Ceux-ci considèrent le plus souvent que tout euro dépensé en faveur des détenus est à leur détriment, que toute petite amélioration des conditions des détenus, des activités (sport, études etc), c'est pour eux du travail en plus (en déplacements notamment). Beaucoup de gardiens sont très réactionnaires et l'influence du FN est forte parmi eux. Au delà des revendications comme des augmentations de salaire, les gardiens revendiquent généralement des mesures sécuritaires supplémentaires, des limitations des "droits" des détenus.

Enfin, les seules victimes des actions des gardiens sont les détenus et leurs familles, privées de parloir, d'activités etc, comparutions et procès retardés par les blocages etc.

On ne peut donc pas évoquer les mouvements de gardiens sans évoquer ces questions et souligner leur ambiguité. Sans compter ce que les révolutionnaires pensent de la prison : un moyen de répression barbare qui disparaîtra un jour, comme la roue et l'échafaud.

Les gardiens sont, dans une certaine mesure, victimes eux aussi de la crise et de la désagrégation de la société, mais la solution n'est certainement pas l'embauche de gardiens supplémentaires, d'autant que nous devons tout de même défendre la prévention plutôt que la répression.
Vérié
 
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