Cette opération de grande ampleur avec convocation des medias n'est sûrement pas étrangère aux élections et à l'impopularité de Sarkozy. Il essaie les recettes démagogiques qui lui ont si bien réussis il n'y a pas si longtemps.
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Une trentaine de personnes ont été interpellées, lundi 18 février au matin, dans trois villes du Val-d'Oise
Vaste opération de police à Villiers-le Bel, trois mois après les émeutes
LE MONDE | 18.02.08 | 13h51
u petit matin, lundi 18 février, près de 1 100 policiers se sont déployés à Villiers-le-Bel, mais aussi à Sarcelles et à Arnouville-lès-Gonesse (Val- d'Oise), à la recherche des auteurs des violences commises contre les forces de l'ordre en novembre 2007. Trente-trois personnes, âgées de 17 ans pour la plus jeune à 31 ans, ont été interpellées. Cette opération fait suite aux affrontements entre les jeunes et la police survenus pendant trois jours à Villiers, après une collision mortelle, le 25 novembre 2007, entre deux jeunes qui circulaient à mini-moto et une voiture de police. Une information judiciaire est toujours en cours sur cet accident.
Lundi, Michèle Alliot-Marie a promptement réagi. "Je félicite les forces de l'ordre, a indiqué au Monde la ministre de l'intérieur, pour cette opération bien menée dans le calme et très réussie." Plusieurs brigades de recherche et d'intervention (BRI, l'ancienne "anti-gang") dépendant de la police judiciaire de Paris, de Versailles et même de Lille ont ainsi été engagées, huit compagnies de CRS, des compagnies de sécurité publique et une centaine d'hommes du RAID, soit la quasi totalité des effectifs des troupes d'élite de la police. Quatre PC ont été ouverts. Ce déploiement de force exceptionnel - "je n'ai jamais vu une opération de police de cette envergure", a commenté, sur place, la procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry -, visait à interpeller 39 personnes recherchées dans le cadre de trois informations judiciaires ouvertes pour "tentatives d'homicides volontaires" sur un commissaire de police, Jean-François Illy, et des fonctionnaires, ainsi que pour "incendies volontaires". Trois juges étaient présents.
Selon un bilan de la direction générale de la police, 131 policiers avaient été blessés en novembre 2007, dont 75 à partir d'armes à feu (fusils de chasse, pistolets à grenaille). Six d'entre eux se trouvent toujours en arrêt maladie, dont le policier qui a perdu un oeil. Lors des affrontements, plusieurs fonctionnaires des forces de l'ordre avaient été choqués et un soutien psychologique avait même été installé sur place. Le troisième jour, où, déjà, près d'un millier d'hommes avaient été déployés, le RAID était intervenu pour tenter d'arrêter les tireurs. En vain, malgré les 120 interpellations réalisées au total.
"UN PAR UN"
Depuis, pas un discours prononcé devant les forces de l'ordre qui ne fasse référence à ces événements. Le 29 novembre 2007, face à 1 800 policiers et gendarmes réunis à la Grande Arche de la Défense, Nicolas Sarkozy avait promis de trouver les auteurs "un par un" et pour eux, avait-il affirmé, "ce sera la cour d'assises. Les forces de police auront les moyens qu'il faut, le temps qu'il faut" (Le Monde du 1er décembre 2007). La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait ensuite décoré les forces de l'ordre présentes à Villiers-le-Bel, et des primes avaient été distribuées, pour apaiser leur colère.
Les moyens, eux, avaient suivi. Pour la première fois, début décembre, la police avait lancé un appel à témoins, anonyme, contre une rémunération à hauteur de "plusieurs milliers d'euros". Des écoutes de téléphones portables avaient également été mises en place. Assez vite, les auteurs présumés des tirs contre les policiers ont été identifiés. Mais toutes les précautions ont été prises dans le cadre des procédures judiciaires. L'opération a été déclenchée huit jours avant le début des vacances scolaires en Ile-de-France, et avant les élections municipales. Réagissant dès lundi matin, Ségolène Royal a dénoncé une "opération policière médiatisée".
"Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a eu des caméras pour accompagner les forces de police. On connaît ça maintenant avant chaque échéance municipale, je crois que c'est un dysfonctionnement grave de la République, a déclaré la responsable socialiste sur France Inter. Le président de la République en revient au vieux réflexe de politique spectacle sécuritaire." Interrogé au même moment sur Europe 1, François Bayrou a abondé : " J'ai toujours considéré que la justice ne devait pas s'accompagner d'une mise en scène. La justice, c'est fait pour obtenir l'arrestation et moins pour faire de la communication", a affirmé le président du MoDem.
Isabelle Mandraud