Villiers-le Bel

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Message par pelon » 18 Fév 2008, 15:44

Cette opération de grande ampleur avec convocation des medias n'est sûrement pas étrangère aux élections et à l'impopularité de Sarkozy. Il essaie les recettes démagogiques qui lui ont si bien réussis il n'y a pas si longtemps.

a écrit :
Une trentaine de personnes ont été interpellées, lundi 18 février au matin, dans trois villes du Val-d'Oise
Vaste opération de police à Villiers-le Bel, trois mois après les émeutes
LE MONDE | 18.02.08 | 13h51

u petit matin, lundi 18 février, près de 1 100 policiers se sont déployés à Villiers-le-Bel, mais aussi à Sarcelles et à Arnouville-lès-Gonesse (Val- d'Oise), à la recherche des auteurs des violences commises contre les forces de l'ordre en novembre 2007. Trente-trois personnes, âgées de 17 ans pour la plus jeune à 31 ans, ont été interpellées. Cette opération fait suite aux affrontements entre les jeunes et la police survenus pendant trois jours à Villiers, après une collision mortelle, le 25 novembre 2007, entre deux jeunes qui circulaient à mini-moto et une voiture de police. Une information judiciaire est toujours en cours sur cet accident.

Lundi, Michèle Alliot-Marie a promptement réagi. "Je félicite les forces de l'ordre, a indiqué au Monde la ministre de l'intérieur, pour cette opération bien menée dans le calme et très réussie." Plusieurs brigades de recherche et d'intervention (BRI, l'ancienne "anti-gang") dépendant de la police judiciaire de Paris, de Versailles et même de Lille ont ainsi été engagées, huit compagnies de CRS, des compagnies de sécurité publique et une centaine d'hommes du RAID, soit la quasi totalité des effectifs des troupes d'élite de la police. Quatre PC ont été ouverts. Ce déploiement de force exceptionnel - "je n'ai jamais vu une opération de police de cette envergure", a commenté, sur place, la procureure de Pontoise Marie-Thérèse de Givry -, visait à interpeller 39 personnes recherchées dans le cadre de trois informations judiciaires ouvertes pour "tentatives d'homicides volontaires" sur un commissaire de police, Jean-François Illy, et des fonctionnaires, ainsi que pour "incendies volontaires". Trois juges étaient présents.

Selon un bilan de la direction générale de la police, 131 policiers avaient été blessés en novembre 2007, dont 75 à partir d'armes à feu (fusils de chasse, pistolets à grenaille). Six d'entre eux se trouvent toujours en arrêt maladie, dont le policier qui a perdu un oeil. Lors des affrontements, plusieurs fonctionnaires des forces de l'ordre avaient été choqués et un soutien psychologique avait même été installé sur place. Le troisième jour, où, déjà, près d'un millier d'hommes avaient été déployés, le RAID était intervenu pour tenter d'arrêter les tireurs. En vain, malgré les 120 interpellations réalisées au total.

"UN PAR UN"

Depuis, pas un discours prononcé devant les forces de l'ordre qui ne fasse référence à ces événements. Le 29 novembre 2007, face à 1 800 policiers et gendarmes réunis à la Grande Arche de la Défense, Nicolas Sarkozy avait promis de trouver les auteurs "un par un" et pour eux, avait-il affirmé, "ce sera la cour d'assises. Les forces de police auront les moyens qu'il faut, le temps qu'il faut" (Le Monde du 1er décembre 2007). La ministre de l'intérieur, Michèle Alliot-Marie, avait ensuite décoré les forces de l'ordre présentes à Villiers-le-Bel, et des primes avaient été distribuées, pour apaiser leur colère.

Les moyens, eux, avaient suivi. Pour la première fois, début décembre, la police avait lancé un appel à témoins, anonyme, contre une rémunération à hauteur de "plusieurs milliers d'euros". Des écoutes de téléphones portables avaient également été mises en place. Assez vite, les auteurs présumés des tirs contre les policiers ont été identifiés. Mais toutes les précautions ont été prises dans le cadre des procédures judiciaires. L'opération a été déclenchée huit jours avant le début des vacances scolaires en Ile-de-France, et avant les élections municipales. Réagissant dès lundi matin, Ségolène Royal a dénoncé une "opération policière médiatisée".

"Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a eu des caméras pour accompagner les forces de police. On connaît ça maintenant avant chaque échéance municipale, je crois que c'est un dysfonctionnement grave de la République, a déclaré la responsable socialiste sur France Inter. Le président de la République en revient au vieux réflexe de politique spectacle sécuritaire." Interrogé au même moment sur Europe 1, François Bayrou a abondé : " J'ai toujours considéré que la justice ne devait pas s'accompagner d'une mise en scène. La justice, c'est fait pour obtenir l'arrestation et moins pour faire de la communication", a affirmé le président du MoDem.

Isabelle Mandraud
pelon
 
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Message par Vérié » 18 Fév 2008, 15:54

Pelon, tu m'as devancé... ;)

Bon, il est clair que Sarko essaie de faire oublier ses déboires avec cette vaste opération sécuritaire. Mais cette opération, qui n'est pas la première du genre, vise aussi à terroriser et punir la population pauvre de Villiers-le-Bel.

Les flics qui débarquent dans les apparts à 6 H du matin en enfonçant les portes avec des béliers, on sait très bien que ça n'a aucune efficacité pour arrëter des délinquants. C'est une véritable punition collective contre la population qui n'a pas livré ceux qui ont affronté les flics après la mort de deux jeunes.

Car, si les appels à la délation avaient eu autant de succès que le prétendent les autorités, il n'aurait pas été nécessaire d'envoyer 1500 flics. Deux ou trois suffisent pour "serrer" un suspect".

C'est une véritable guerre contre les pauvres, et les gens le ressentent ainsi comme en attestent divers témoignages.
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Message par com_71 » 18 Fév 2008, 16:35

Je n'ai pas cette impression là, et n'ai pas entendu de témoignages allant en ce sens.

Que le gouvernement veuille afficher, et médiatiser une image d'efficacité policière, c'est certain. Qu'il faille parler de "guerre contre les pauvres" pour une parade d'un couple d'heures, c'est moins évident.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 18 Fév 2008, 16:41

(com_71 @ lundi 18 février 2008 à 16:35 a écrit : Je n'ai pas cette impression là, et n'ai pas entendu de témoignages allant en ce sens.


Ce matin, sur France Inter, j'ai entendu plusieurs personnes - des jeunes et une mère de famille - qui employaient exactement ces termes. Certes, des hélicos ne viennent pas banalcer du napalm sur la cité. Mais, quand tu es réveillé à 6 H par les coups de bélier sur ta porte, tu peux le ressentir de cette façon.


D'ailleurs, lors d'une opération précédente du même type, la TV avait montré la porte d'un appartement enfoncée, la mère de fmaille en larmes etc. Ensuite, on avait expliqué qu'il s'agissait d'une erreur.

Quand il y a des délinquants en col blanc, ou meme de gros trafiquants de drogue planqués à Neuilly ou dans le 16ème, on enfonce pas les portes des apparts au hasard. C'est un traitement réservé aux pauvres. Peu importe s'il y a des dégats collatéraux.
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Message par com_71 » 18 Fév 2008, 16:48

Mépris des pauvres alors. Mais "guerre" ?
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Vérié » 18 Fév 2008, 16:54

(com_71 @ lundi 18 février 2008 à 16:48 a écrit : Mépris des pauvres alors. Mais "guerre" ?

On peut discuter sur le terme bien sûr. Mais c'est un peu plus que du mépris, tu ne crois pas ?

Derrière ce débat sur un mot - peut-être excessifs bien qu'il ait été employé par des gens concernés -, peut-être y a-t-il aussi une différence d'appréciation de cette opération ?
- Soit on considère que c'est seulement du battage médiatique.
-Soit on pense qu'à côté du battage médiatique - indiscutable -, il y a aussi la volonté d'habituer la population à des méthodes musclées, la volonté de la punir après les révoltes des jeunes de banlieue. Car ces méthodes pourraient très bien être utilisées aussi dans d'autres circonstances, en cas de mouvements sociaux un peu vigoureux par exemple.

Sans tomber dans la parano de la répression, on doit donc, à mon avis, dénoncer ces actions, pas seulement pour leur caractère médiatique et bidon.
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Message par NazimH » 18 Fév 2008, 18:46

Sur le site de Lo :

a écrit :18/02/2008 - Villiers-le-Bel : Mise en scène sécuritaire ?

Des centaines d’hommes casqués, armés jusqu’aux dents, ratissant avant même que le jour se lève les quartiers d’une ville : les scènes que diffusaient les télés semblaient parvenir tout droit d’un pays en guerre. Pourtant, on était tout bonnement à Villiers le Bel, dans la banlieue parisienne. Outre l’armement des policiers, ce qui frappait, c’était le nombre de caméras et de journalistes présents. La presse avait été invitée, avant même que le maire de la ville en soit averti, à filmer l’opération, de façon à pouvoir servir tout chaud à l’opinion ces images calculées pour impressionner.

Pourquoi ce déploiement ? Pour arrêter, a-t-on dit, les responsables des violences contre la police en novembre dernier, lors des heurts entre cette police et des jeunes, heurts qui avaient fait suite à la mort de deux jeunes de Villiers-le-bel, après un choc avec une voiture de police.

La ministre de l’Intérieur, se félicitant du succès de l’opération, soulignait qu’elle devait contribuer à ramener « l’ordre et la paix » dans cette banlieue. Rien n’est moins sûr. Car ce type d’opération, loin de ramener le calme et la sérénité, risque plutôt d’y accentuer les tensions.

Dans ce quartier, où les situations individuelles se dégradent, faute de pouvoir trouver du travail, faute d’un encadrement scolaire suffisant, faute d’un service public efficace et de qualité, la population ne connaît de l’Etat que ces interventions policières, ponctuelles, ces opérations de ratissages qui prennent un beau matin tous les habitants du quartier en otage, pour se retirer ensuite, laissant dans le meilleur des cas la situation en l’état, avec bien souvent un peu plus d’amertume dans les esprits.

Mais qu’importe ces conséquences pour Sarkozy et ses acolytes. L’essentiel pour eux est d’avoir fait un « coup ». A la veille des élections municipales, ils calculent sans doute que cette mise en scène sécuritaire peut être payante pour eux. Et pour cela, ils sont prêts à risquer l’exacerbation des tensions dans les banlieues, pour ensuite pouvoir, eux, les incendiaires, se déguiser en pompiers.
NazimH
 
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Message par com_71 » 21 Fév 2008, 01:56

(Lutte Ouvrière a écrit :Villiers-le-Bel (93) Mise en scène sécuritaire

1 000 policiers casqués et armés jusqu'aux dents, une trentaine d'hommes du RAID encagoulés, ratissant des quartiers de banlieue, forçant les portes et pénétrant dans les appartements avant même que le jour se lève : ces scènes semblaient parvenir tout droit d'un pays en guerre. Pourtant, les images provenaient tout bonnement du quartier de la Zac, à Villiers-le-Bel, des cités d'Arnouville-lès-Gonesse et de Sarcelles.

Avec le surarmement des policiers mobilisés, ce qui frappait était aussi le nombre de caméras et de journalistes présents sur les lieux de l'opération. Le maire PS de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant, n'était pas encore prévenu que la presse avait déjà été invitée à filmer l'opération, de façon à pouvoir servir toutes chaudes à l'opinion ces images calculées pour impressionner. La ministre de l'Intérieur, qui s'est félicitée du résultat de cette descente très musclée de la police, la qualifiant de « très belle opération », a fait semblant de regretter que « des fuites aient conduit à une médiatisation importante ». Comme si cette « médiatisation importante » n'avait pas requis bien plus que de simples fuites, dans une période électorale où la droite fait de la sécurité un de ses axes de campagne !

Mais pourquoi un tel déploiement de forces ? Pour arrêter, a-t-on dit, les responsables des événements des 25 et 26 novembre 2007. Ces jours-là, le décès de deux jeunes à moto, entrés en collision avec une voiture de police, avait déclenché des affrontements violents entre les jeunes et les policiers, au cours desquels certains de ceux-ci avaient été blessés et un commissaire de police passé à tabac. Une enquête judiciaire avait été ouverte sur les circonstances de la mort des jeunes ainsi que pour retrouver les auteurs des violences. Un appel à la délation, contre rémunération, avait été lancé par la police judiciaire dans les boîtes aux lettres des quartiers concernés.

L'opération a permis d'arrêter une trentaine de jeunes reconnus, paraît-il, comme ayant participé aux événements de novembre 2007. Selon la ministre Alliot-Marie, cela devrait contribuer à ramener «  l'ordre et la paix » dans ces banlieues. Mais rien n'est moins sûr, car ce type d'opération risque plutôt d'y accentuer les tensions.

À Villiers-le-Bel, comme dans bien d'autres villes de banlieue, la situation des familles se dégrade, faute de travail, faute d'un encadrement scolaire suffisant, faute de services publics efficaces et de qualité. La population ne connaît bien souvent de l'État que les interventions policières, des opérations comme ces ratissages qui prennent un beau matin tous les habitants d'un quartier en otages, pour se retirer ensuite, laissant dans le meilleur des cas la situation en l'état, mais bien souvent avec un peu plus d'amertume dans les esprits.

Mais qu'importe ces conséquences, pour le gouvernement ? L'essentiel pour lui est d'avoir fait un « coup ». À la veille des élections municipales, il calcule sans doute que cette mise en scène sécuritaire peut être payante pour les tenants de sa majorité. Et quitte à risquer l'exacerbation des tensions dans les banlieues, pour ensuite pouvoir, lui l'incendiaire, prendre la noble posture du pompier.

Lucienne Plain
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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