Merci Bolchevisma.
Je ne suis pas calée du régime spécial des cheminots, mais sur ces quelques points, j'ai des doutes
(Bolchevisma a écrit : en touchant une pension proportionnellement plus petite au regard du dernier salaire touché (67% du dernier salaire à la SNCF contre 84% dans le privé).
Il me semble que chez les cheminots, c'est bien 75 % du dernier salaire pour 37,5 ans de cotisations. Par contre, il est vrai que pour pouvoir partir à 55 ans par exemple (seuls les roulants ont le droit de partir à 50 ans), peu de cheminots ont alors leur 37,5 ans de cotisation.
C'est toi-même qui précise 34 ans en moyenne : c'est par cette moyenne que tu expliques les 67 % du dernier salaire ?
Entre parenthèse, le fait que les cheminots font rarement 37,5 ans, ils seraient fortement pénalisés par le système de la décote, même dans le cas où ils garderaient le droit de partir à 55 ans. 5% en moins par année non cotisées, pour 40 ans de cotisation pour le droit à une retraite à temps plein, cela fait presque pour tous une pénalité de 25% s'ils voulaient partir à 55 ans... Ils partiraient alors avec maximum 50% de leur dernier salaire... sans retraite complémentaire !
Quand à dire que dans le privé, on part avec 84% de son ancien salaire, il me semble là aussi que le taux "sécu" est de 50% des 25 meilleures années, tandis que la retraite complémentaire, souvent obligatoire, permet heureusement de compléter la retraite (mais tant pis pour ceux qui n'ont pas pu cotiser à une retraite complémentaire.
Ainsi quand tu compares le taux de cotisation des cheminots (40%) et le taux des salariés du régime général (28%), les 28% incluent-ils les cotisations aux retraites complémentaires ont sont-ils uniquement les cotisations à la sécu branche retraite ?
(Bolchevisma a écrit :Les pensions moyennes d’un retraité cheminot est de 1600 Euros Brut en 2006 pour 1713 Euros chez un salarié du privé.
Je demande à voir pour ce chiffre de 1713 euros bruts ... Mais admettons
En fait, c'est tout le problème de rentrer ainsi dans les détails : pour un militant qui est dans les chemins de fer, il faut qu'il soit capable de faire le calcul avec son collègue : voilà ce que tu risques de perdre - et c'est effectivement énorme.
Mais chercher à prouver que le régime spécial est moins avantageux que le régime général, et que leur travail est peut-être plus pénible que celui de bien d'autres travailleurs... c'est encore opposer les travailleurs entre eux.
Pour moi, l'argument, c'est de dire que les cheminots, et les salariés de GDF / EDF, etc, c'est le dernier pan de la classe ouvrière que le gouvernement s'est gardé pour la fin, dans son projet de faire passer pour tout le monde le nombre d'années de cotisation de 37,5 à 40 ans. C'était pour le gouvernement la leçon de 1995 : les cheminots avaient été le fer de lance de la lutte victorieuse contre le passage aux 40 ans de cotisation. Même en 2003, il lui a fallut leur rappeler plusieurs fois qu'ils n'étaient pas concernés par l'attaque contre les fonctionnaires, car les cheminots, pas dupes, et conscients qu'ils allaient passer à la casserole peu après, s'étaient mis en grève avec les fonctionnaires...
Les cheminots, c'est une réserve de combativité pour une riposte contre la politique de Sarkozy, dont même des enseignants peuvent sentir les mauvais coups.
Sur le seul plan des retraites, le gouvernement ne cache pas son projet de passer à 41 ans entre 2009 et 2012, puis à 42 ans, puis à reculer l'âge légal à 62 ans, même si on a 42 ans de cotisation avant 62 ans...
Donc lutter avec les cheminots, c'est freiner tous ces sales plans bien ficelés d'avance.
En fait, depuis que les "mesures" Balladur sont rentrés entièrement en application en 2003, c'est entre 20 et 30 % en moins que touchent les retraités du privés par rapport à ce qu'ils auraient touché avant ces mesures, sans compter (ou en comptant) la plus défavorable revalorisation annuelle des pensions.
Et vu le chômage, l'effet c'est peut-être pour un nombre croissant de travailleurs, plutôt la baisse drastique de leur pension, que l'augmentation de leurs années de travail. Car pour travailler jusqu'à 62 ans, il faudra ne pas avoir été licencié...
Car même les fonctionnaires ne seront plus pour très longtemps protégés par un statut que le gouvernement leur conteste...