Grève de la faim : que penser de ce mode d'action ?

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Houel » 29 Mai 2006, 21:56

Jean Lassalle fait des émules
LE MONDE | 29.05.06 | 13h21 • Mis à jour le 29.05.06 | 13h21


Qu'y a-t-il de commun entre un pompier de Magnanville (Yvelines), une aide-soignante de Toulouse (Haute-Garonne), un commerçant de Nice (Alpes-Maritimes), trois demandeurs d'asile angolais de Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie), des sans-papiers du centre de rétention des étrangers du Palais de justice de Paris, un militant de la langue bretonne de Vannes (Morbihan), deux salariés d'une entreprise de traitement des déchets de Lezennes (Nord) et un député UDF des Pyrénées-Atlantiques ? A l'évocation de ce dernier, peut-être, un début de réponse : Jean Lassalle a mobilisé l'attention des médias en observant une grève de la faim, dans les locaux de l'Assemblée nationale, afin d'obtenir la garantie qu'une usine employant 150 salariés resterait implantée à Accous, dans la vallée d'Aspe, située dans la circonscription dont il est l'élu. Après 39 jours de jeûne, il a obtenu la signature d'un accord impliquant l'Etat, le groupe japonais Toyal et les collectivités locales.

Le mode d'action a fait école. Christian Andrieux et Kalad Haddou, en grève de la faim depuis le 2 mai, ne cachent pas que, lorsqu'ils ont décidé de cesser de s'alimenter, l'"exemple" de M. Lassalle était "encore frais dans les mémoires" : "Il a gagné son combat et, grâce à Dieu, il s'en est sorti", loue un des membres de leur comité de soutien. Ces deux salariés de l'usine Esterra de Lezennes, entreprise de 1 100 employés contrôlée par les multinationales Veolia Environnement et Suez-Lyonnaise des eaux, ont considéré que la grève de la faim était "l'unique voie pour retrouver (leur) dignité". Tous deux ont fait l'objet d'une procédure de licenciement pour faute grave : le premier pour avoir égaré les clés de son véhicule de service, le second à la suite d'une altercation avec son supérieur hiérarchique. "On ne licencie pas quelqu'un comme ça", expliquent-ils à ceux qui viennent leur témoigner un soutien à leur permanence, rue de la Justice, à Lille.

Pour ces simples ouvriers du Nord, la montagne à déplacer n'est pas moins impressionnante que les puissances auxquelles s'est attaqué le député des Pyrénées-Atlantiques. Mais, à l'inverse de ce dernier, dont l'histoire a fait le tour de la planète, ils se sentent cruellement "isolés et abandonnés" : "Qui se soucie de salariés qui sont prêts à mourir pour leur emploi ?, constatent-ils amèrement. Les ouvriers, ils sont juste bons à travailler et à se taire, c'est tout." Et, même s'ils ont recueilli près de 10 000 signatures de soutien, ils déplorent que "ce n'est pas parce que la cause est juste que ça suffit à faire bouger les choses quand on se bat contre des gens de pouvoir".

Geneviève Mattlé, elle, une Toulousaine de 54 ans, est en grève de la faim depuis le 20 mai pour obtenir la libération de son fils, Loïc, condamné à trois mois de prison ferme pour "infraction au code de la route et outrage à agents des forces de l'ordre". Sous une bâche tendue place du Capitole, à Toulouse, elle continue à recueillir des signatures de soutien - déjà 3 300, selon ses proches. Elle dénonce les méthodes musclées de la brigade anticriminalité qui a procédé à l'interpellation de son fils, qui roulait dans un couloir d'autobus.

Pour Michel Marini, sapeur-pompier des Yvelines, la grève de la faim engagée depuis le 1er mai vise à relancer une enquête administrative sur les agissements d'un médecin-pompier du centre de secours de Montigny-le-Bretonneux que deux témoignages accusent d'abus sexuels. "J'ai entamé cette grève de la faim pour que la vérité éclate enfin et parce que toutes les démarches que j'ai entreprises depuis plus de trois ans n'ont pas abouti. Au lieu d'être écouté, j'ai été humilié, harcelé, placardisé", affirme le pompier, qui a fait l'objet d'une suspension administrative fin avril. "Aucune des deux enquêtes n'a à ce jour apporté d'élément de nature à engager des poursuites", affirme pour sa part le président du conseil d'administration de service d'incendie et de secours des Yvelines. Actions isolées, désespérées, cherchant à briser le mur du silence. Entre l'élu de la nation et les sans-grade, quelle que soit la cause, un même fil, et une même volonté de "justice".

Patrick Roger
Article paru dans l'édition du 30.05.06


http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-...1-777422,0.html
Houel
 
Message(s) : 0
Inscription : 30 Août 2005, 23:47

Message par Ottokar » 30 Mai 2006, 10:46

il me semble qu'on a déjà discuté de ce mode d'action désespéré, dangereux pour soi-même et individualiste. Si c'est Lassalle, un député de droite, un réac comme Gandhi ou des gens comme cela qui l'emploient ce n'est pas un hasard. Ou alors il faut des cas vraiment désespérés, comme les trotskystes à Vorkouta, mais certains sont morts et ceux qui ont "gagné" ont été fusillés ensuite !

Et puis avec toutes ces tentations à la fête de LO, c'est pas possible... paëlla, tapas, flammeküche, fondues, brochettes du sieur Renault ou fraises ? ou tout à la fois ? allez c'est dit, je commence mon régime... demain !
Ottokar
 
Message(s) : 731
Inscription : 16 Jan 2005, 10:03


Retour vers Politique française

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 4 invité(s)