Interview d'O Besancenot Dans le Figaro

[Barikad]

Besancenot : «La LCR veut fédérer à gauche de la gauche»
Propos recueillis par Rodolphe Geisler
13 mai 2006, (Rubrique France)



Le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire se donne encore un mois avant d'annoncer son éventuelle candidature à la présidentielle de 2007.

LE FIGARO. – Une dizaine de partis de gauche, dont le PS, le PCF et les Verts, se sont réunis hier à Tours, sauf vous. Pourquoi ?

Olivier BESANCENOT. – C'est toujours pour les mêmes raisons : on refuse le tout ou rien. La direction du PS veut tout, c'est-à-dire «une gauche unique pour gouverner», et s'accommode du rien, c'est-à-dire d'«une gauche la plus dispersée possible quand il s'agirait de résister face à la droite». Au moment du CPE, on aurait pu faire plus de choses ensemble. Notamment un grand meeting de toute la gauche pour poser la question du CPE et poser la question du pouvoir. Le PS a répondu que ce n'était pas le bon moment et qu'il fallait attendre 2007. C'était être à côté de la plaque ou être sectaire. De même, discuter d'un programme global de gouvernement serait créer l'illusion qu'on pourrait, nous à la LCR, gouverner ou soutenir un gouvernement social libéral.

Sans vous encore, la gauche s'apprête à fêter les 70 ans du Front populaire. Cela ne vous trouble pas ?

Peut-être que beaucoup ont la mémoire qui flanche. Le Front populaire, pour ce qui est des acquis sociaux, cela a d'abord été des grèves populaires et des occupations d'usines. C'est la lutte des travailleurs qui a permis d'obtenir le Front populaire et non pas un programme électoral de l'union de la gauche. Bref, c'est à grands coups de pied dans le derrière que les acquis sociaux ont été arrachés. Par ailleurs, les partis ouvriers de l'époque n'étaient pas tout à fait ceux d'aujourd'hui.

Donc, aujourd'hui, si je pensais qu'il y avait même un dixième de chance de convertir le Parti socialiste à l'antilibéralisme, je le ferais. Sauf, que je ne pense pas ça... je pense même exactement l'inverse !

Fabius a gauchisé son discours, DSK parle de renationalisations temporaires... Etes-vous insensible à ces propos ?

On est content d'entendre à nouveau des mots de gauche dans la bouche de certains dirigeants du PS. Mais une gauche qui ne propose pas, pour appliquer ses mesures, une répartition des richesses en donnant à la population des moyens de contrôler ces richesses-là, est une gauche qui ne fera pas une politique de gauche une fois élue. Plutôt que de belles promesses, nous, à la LCR, on insiste sur la méthode politique qui permettra d'appliquer les mesures d'urgence sociales et démocratiques que nous réclamons. La question clef, c'est de savoir si on s'affronte une fois pour toutes avec le pouvoir des multinationales. Et ça, cela ne semble toujours pas être la volonté de la direction du PS.

Pour vous, il y a toujours deux gauches en France ?

Y a-t-il eu, après le référendum européen, une synthèse entre la gauche du oui et la gauche du non ? Non. Donc, moi, je ne veux pas être amené à faire au gouvernement le contraire de ce que je défends dans la rue.

Dans une tribune dans Le Monde, vous aviez proposé un dîner à quatre avec Marie-George Buffet, José Bové et Arlette Laguiller. Qu'en est-il ?

Pour l'instant, je ne peux même pas dire que je prépare l'apéro. Parce que, à part Bové, qui a répondu positivement à l'idée d'une discussion, Buffet a refusé en disant qu'elle préférerait un grand banquet avec toute la gauche... Le fait que nos quatre noms apparaissent dans les sondages et qu'on n'arrive pas à se voir n'est pas bon signe...

Donc, vous serez candidat de la LCR en 2007 ?

Nous avons décidé d'organiser une conférence nationale en juin pour décider de cette question. Les discussions continuent. Nous, on cherche à fédérer à la gauche de la gauche plurielle.

Que pensez-vous de l'affaire Clearstream ?

C'est un vrai scandale politique. On se rend compte qu'au plus haut sommet de l'Etat il y a des cercles obscurs qui servent aux règlements de comptes internes. Donc, on a raison de s'intéresser au corbeau. Mais de notre côté, on n'oublie pas qu'il y a aussi des renards... aussi bien dans le pouvoir que dans le système bancaire capitaliste.

[Crockette]

eh bien voilà comme d'habitude Ob ne s'est pas pris les pieds ds le tapis, il cherche à fédérer à gauche de la social-démocratie et c'est ce qui fait peur...pourtant ds cette farandole d'orga à gauche, c'est bien lui qui évalue correctement la situation et c'est encore la lcr qui a le plus les pieds sur terre pour défendre les gens du bas de l'échelle sociale.

José Bové a répondu, et Arlette ? je crois que Lo a tout à gagner à répondre à cette invitation.

Concernant Mg Buffet, c'est navrant mais réaliste : elle et ses amis Robert Hue etc. lorgnent des postes gouvernementaux...

D'ailleurs qu'il était beau et magnifique le bilan de Mg Buffet au gvt jospin... :dry:

[clavez]

Je lisait ça au travail, j'ai quand même bien aimé le passage sur 36.
Dans ce contexte ça sert à quoi de fédérer la gauche de la gauche si il faut organiser la mobilisation générale des travailleurs pour l' action contre le patronat . direct, l'action
Il faut voire les choses pour ce qu'elles sont, pas pour ce qu'elles pourraient devenir.

ps: N'appeler plus besancenot OB, ça me rappel immédiatement des pubs à la télé...

[Puig Antich]

Ben le passage sur 36 est ambigü. Même des cadres de l'UNEF peuvent tenir un tel discours, et dire qu'un gouvernement de gauche ne suffit pas, qu'il faut aussi des mobilisations ; sauf que dire que le "vrai Front Populaire" c'est les grèves ouvrières, c'est cautionner un peu l'illusion que le gouvernement d'alors était "un peu" leur gouvernement propre (illusion qui fut alors la base de l'échec de la grève pré-insurrectionnelle, puisque à quoi bon poser la question du pouvoir si on croit déjà l'avoir?), alors qu'il s'agissait d'un gouvernement bourgeois qui gérait loyalement l'état et les intérêts bourgeois.

Les grèves de 36 étaient de fait, au moins confusément, dirigé CONTRE le Front Populaire, pas pour faire pression sur celui-ci, mais pour le défaire. Voilà ce qu'aurait du dire Olivier Besancenot.

[Puig Antich]

C'est la lutte des travailleurs qui a permis d'obtenir le Front populaire et non pas un programme électoral de l'union de la gauche.

"Obtenir" le Front Populaire, ça veut dire quoi ?... C'est un peu la ligne de certains staliniens de l'épôque (désolé)....