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Mme Buffet "n'exclut pas" une candidature unique non communiste à gauche du PS
LE MONDE | 22.09.05 |
Pour la première fois, la direction du PCF explique que l'hypothèse d'un "candidat de rassemblement" non communiste n'est pas totalement exclue. Rien ne serait donc tranché pour 2007.
La nouvelle ligne que Marie-George Buffet avait timidement dessinée à la Fête de l'Humanité début septembre a été développée devant les cadres du parti réunis en conseil national mercredi 21 et jeudi 22 septembre à Paris. Mercredi soir, le porte-parole du parti, Patrick Cohen-Seat, a détaillé dans son rapport introductif, la stratégie communiste pour les deux ans qui viennent. Face aux "exigences fortes de changement" et au "rejet du libéralisme", la gauche doit être capable de se mettre d'accord sur un programme de "transformation". Et aux yeux du PCF, tout le monde a du pain sur la planche : "Les conditions de cette alternative ne sont pas réunies ni en terme de contenu ni en terme de rassemblement", selon l'expression de Jean-François Gau, responsable des questions européennes.
Pour le PCF, il y a donc urgence à lancer les discussions sur ce programme dans un "processus d'élaboration" collectif des forces du non mais aussi au-delà. Toutes les occasions de rencontres sont donc bonnes à prendre. Le Parti communiste reste investi dans les collectifs unitaires issus de la campagne référendaire, rebaptisés "collectifs du 29 mai", participera aux rencontres mises en place par la fondation Copernic. Il a décidé par ailleurs de proposer une "co-organisation" de ses propres forums de discussion à quiconque serait intéressé. Reste à savoir comment aborder le débat sur l'éventualité d'une candidature commune à cet arc de forces.
Le sujet n'est dorénavant plus tabou Place du Colonel-Fabien. Jusqu'alors, Marie-George Buffet avait pris soin de ménager toutes les hypothèses en rappelant que son conseil national avait voté en faveur d'une candidature communiste mais en précisant que seul le congrès trancherait.
Mercredi, la direction est allée plus loin. La candidature communiste en 2007 n'est "ni un préalable, ni une décision arrêtée", a insisté M. Cohen-Seat. Ce proche de Mme Buffet a expliqué que, si la secrétaire nationale devait être candidate, elle ne le serait que si elle apparaît la mieux placée "au terme du processus de rassemblement". Dans ce cas, le PCF proposerait un "pack" à ses partenaires : des candidats communs aux élections législatives, municipales et cantonales avec partage des circonscriptions.
"ON RESTE GROUPÉS"
Cette inflexion de la ligne jusqu'alors assise sur la certitude que le PCF était au centre de la gauche du non intervient à la suite de quelques scrutins législatifs partiels peu probants pour les candidats étiquetés PCF. Mme Buffet a pu aussi se rendre compte que d'autres figures sont plus populaires à gauche : un sondage de l'institut Louis Harris du 24 et 25 août 2005 la plaçait en effet en 7e position derrière Arlette Larguiller, Noël Mamère, Olivier Besancenot et même Laurent Fabius.
La Place du Colonel-Fabien n'entend pas se rallier dès aujourd'hui à une éventuelle candidature de José Bové qu'elle juge trop éloignée des préoccupations des quartiers populaires "pas sûr que l'imaginaire produit par Bové tiendrait face à Sarkozy", explique un membre de la direction. Pas plus qu'elle ne veut laisser la place à M. Besancenot. Mais, face aux électeurs qui ont suivi la campagne commune avec enthousiasme, il faut afficher qu'on "reste groupés".
"Rien n'est exclu", répète M. Gau. En interne, le constat apparaît partagé. "On a une unanimité nouvelle et rare et la direction a donné un vrai signe d'ouverture. Elle n'est jamais allée aussi loin" , se réjouit le rénovateur Pierre Zarka. Le souvenir d'un parti à 3,37 % en 2002 est encore dans toutes les têtes.
Sylvia Zappi Article paru dans l'édition du 23.09.05