(serj @ mercredi 31 août 2005 à 09:00 a écrit : On pourrait dire la même chose de LO, dont la couverture médiatique, relative je l'accorde, ainsi que les résultats aux élections (même quand c'est 2 %) sont surévalués par rapport aux effectifs et à l'influence dans le monde du travail et je le regrette.
Tu as raison. La différence, c'est que les dirigeants de LO nous le disent, et que la plupart des militants en sont conscients. On n'est pas forcés de le proclamer sur tous les tons lors de chaque discours ou conférence de presse (car cela n'encourage pas à adhérer quand on vous dit que vous allez rejoindre un machin tout petit). Mais tu remarques que quand, au plus haut des sondages, quand on nous donnait jusqu'à 10 %, Arlette l'a dit au Zénith en 2002, les journalistes en ont conclu que "LO repousse la création d'un grand parti". Pourtant nous ne disions rien d'autre que cela : un parti c'est beaucoup de membres (que nous serions bien contents d'accueillir), mais qu'on peut avoir des voix sans avoir beaucoup de militants. Regarde les Verts. La LCR ou LO ont eu plus de voix que le PC, mais mis ensemble, nous avons 5 ou dix fois moins de militants que le PC. Et pour la LCR, des militants moins implantés dans les couches très populaires, en général. Disons plus de couches moyennes salariés (enseignants, techniciens, éducateurs) que d'ouvriers d'industrie ou de mères de famille émigrées. Pour LO c'est un peu mieux de ce point de vue, mais c'est loin d'être ça. C'est un fait, pas un reproche. Il suffit de comparer la composition sociale des listes de candidats aux élections, municipales ou législatives. Entre l'extrême gauche et le PC, d'une part. Et entre LO et la LCR en partie (ce n'est pas vrai à 100 % mais tout de même).
Tout cela pour dire que le chemin est long. Un parti, ce n'est pas seulement des succès d'estime, des voix, des 5 ou 10 %. C'est mieux d'avoir des voix, c'est sûr et d'être populaire. Mais pour changer la société, il faut des militants, des leaders d'opinion dans chaque lieu où les classes populaires vivent et travaillent. La LCR est heureuse d'avoir doublé ses effectifs depuis 2002 et d'être passée à 3000 membres. Mais c'est 20 ou 30 000 qu'il nous faudrait !
Sinon, les succès seront éphémères. Et ne pourront servir qu'à se faire courtiser par la gauche pour récupérer nos voix, mais pas à peser sur les luttes sociales, sur les prochains 36, 68, décembre 95 ou même 2003. Et c'est bien ce que nous voulons, non ?