par Ottokar » 10 Mars 2005, 08:59
Effectivement cela mériterait visiblement un autre fil. Peut-être les modérateurs dans leur grande sagesse pourraient-ils couper celui-ci ? et ouvrir un fil intitulé "néolibéralisme ou capitalisme" ? - c'est fait ! -
Sur le fond, cette discussion est intéressante, car elle oppose LO à ATTAC et à bien des camarades dans l'extrême-gauche qui reprennent sa phraséologie. Quel est le problème ?
Le capitalisme est effectivement libéral au sens où il est pour le régime du renard libre dans le poulailler libre selon la vieille plaisanterie. Mais à la suite de la crise de 29, hommage du vice à la vertu en quelque sorte, il a été forcé de mettre en place des institutions de régulation pour se protéger de lui-même et de ses appétits. Le crédit a été nationalisé ou contrôlé, la banque centrale aussi, un certain nombre de secteurs industriels indispensables mais plus assez rentables sont passés sous contrôle d'Etat (ce qui avait déjà été fait avant la guerre de 14 pour les chemins de fer allemands, la Poste...) et des assurances sociales ont été mises sur pied. Elles ont représenté un progrès bien sûr ces fameuses "conquêtes de la Libération" qui n'en étaient pas vraiment, mais elles ont aussi pour fonction de stabiliser les salaires, la consommation. Ainsi le capitalisme ne s'écroule pas avec 10 % de chômeurs parce que ceux-ci continuent à consommer, pas assez, moins que quand ils travaillaient, mais à consommer. Dans les schémas de Marx le secteur II se maintient. C'est ce qui s'est exprimé par le keynésianisme des années 50.
Dans les années 70, le capitalisme a décidé que cela lui coûtait finalement trop cher en période de récession, que certains secteurs redevenaient intéressants et qu'il n'y avait pas de raisons de s'en priver. C'est ce qui s'est exprimé par le mot d'ordre du "retour au marché" ou néo-libéralisme, si l'on veut.
Si c'est pour dire cela pas de problème. Mais en dénonçant cette évolution, nocive pour les travailleurs et la population dans son ensemble cela va sans dire, les camarades qui emploient ce terme, et surtout les économistes à la Bernard Marris ou ceux d'ATTAC mythifient le "bon" capitalisme, celui des '50 par opposition au "mauvais" celui des années 80. Vu du point de vue d'un jobbeur haïtien, d'un paysan ivoirien, d'un ouvrier mexicain des maquiladoras ou chinois des sweat shop je ne suis pas sûr que la différence saute aux yeux.
Mais surtout, cela conduit au réformisme le plus plat. Fini l'abolition du capitalisme, nous irions nous battre désormais pour le retour au capitalisme des années 50... ? Pas sérieux, d'autant moins d'ailleurs que ceux qui nous suivraient là-dessus seraient déçus : quand ils arrivent aux affaires, on a vu un "alter" à la brésilienne se transformer en un loyal gérant du capitalisme comme un vulgaire Blum !
C'est pourquoi personnellement, je préfère ne pas employer ce terme de "néo-libéralisme".