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Message Publié : 24 Mars 2004, 18:43
par Gouvyz
Bjr camarade,
j'aimerai savoir ce que vous pensez des actions menées par les militants d'Action Directe ???

Message Publié : 25 Mars 2004, 15:07
par Gouvyz
Petite Biographie écrite par Joëlle Aubron, Juillet 1996

Prisonniers ACTION DIRECTE

Militants d'Action Directe, nous sommes incarcérés depuis février 1987.
De notre arrestation, tous les 4 ensembles, le gouvernement français fit le symbole de la répression de la guérilla sur ce territoire. Concentrant sur
nous sa propagande et ses méthodes contre-révolutionnaires, il nous soumettait à l'isolement le plus stricte, réorganisant, par exemple, une
division de la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis. Les premiers procès devaient donner lieu au spectacle de la toute puissance de la
justice bourgeoise. C'était pour elle un achèvement dans le sens où certains dossiers, pour lequels étaient incarcerés d'autres camarades depuis
plusieurs années, étaient enfin clos dans l'ivresse de notre "participation" à cette mise en scène.

Le 1er décembre 1987, nous commencions notre première grève de faim contre l'isolement et pour le regroupement. Elle allait durer jusqu'au 15 avril
1988. Pendant ce laps de temps, 5 procès lors desquels 2 d'entre nous comparurent après plus de 2 mois de grève de la faim. Malaises, état à
demi-conscient, perfusions dans les coulisses, rien n'y faisait, le spectacle des Sections Spéciales (1) devait continuer.

En permanence, le pouvoir déploie ses forces contre les nombreuses réalités antagonistes. Cependant, dans cette phase, alors qu'il y avait
d'autres militants emprisonnés, de l'organisation ou appartenant à ces autres réalités, il fit de nos arrestations, procès, détentions l'expression par
excellence de son monopole de la violence, de sa volonté de vaincre et de vaincre vite.

Procès représentatif s'il en fut de cette démonstration de force que celui de janvier 1989. S'agissant de traiter de l'action du commando "Pierre
Overney" contre Georges Besse, l'ultime acte de la pièce ne pouvait être qu'à la hauteur du déchaînement haineux de propagande qui l'avait
immédiatement suivie. Nommé P.D.G. de Renault par le gouvernement social-démocrate, il était un spécialiste des restructurations musclées et il
avait chaque fois licencié des dizaines de milliers de travailleurs (34 OOO à PUK-Péchiney, 25 000 à Renault). En dépit des tirs croisés des valets
médiatiques de la bourgeoisie et de ses collaborateurs syndicaux, l'action avait ainsi été sympathique aux prolétaires (2). L'enjeu du procès était
donc double. D'un côté, il s'agissait de développer encore la ligne de dépolitisation de l'attaque engagée depuis le début, d'un autre il fallait profiter
du procès pour marteler encore et encore les bienfaits de la politique néoliberale. Aussi y vit-on deux ministres et ex-ministres témoigner des
mérites de G. Besse, parfait technocrate; Edith Cresson, après avoir désigné Besse à la tête de Renault quand elle était au Ministère du
redéploiement industriel et du commerce extérieur, était aux Affaires Européennes dans le nouveau gouvernement socialiste de 1988, André Giraud
avait été le ministre de la Défense du précédent gouvernement de droite. Ce qu'il y avait de contradictoire dans se servir du témoignage de deux
personnalités politiques de ce rang dans un procès contre "4 criminels fanatiques" ne pouvait que disparaître devant la violence du consensus
démontré à cette occasion par l'ensemble des forces politiques et médiatiques. Enthousiastes, elles saluèrent notre première condamnation à la
perpétuité avec 18 ans de sûreté (3) comme leur propre victoire, un couronnement dans la stratégie d'anéantissement de la lutte révolutionnaire de
gauche.

En arrêtant la première grève, nous avions peu avancé dans nos revendications. Les quelques aménagements à notre isolation obtenus n'allaient
d'ailleurs pas durer. Deux mois après ce procès, nous étions de nouveau tous les quatre soumis à la torture blanche de l'isolement. Aussi en avril
89, nous repartions en lutte sur les mêmes bases d'une abolition de l'isolement et d'un regroupement politique. En juillet 89, il était officiellement mis
fin à notre détention dans des quartiers d'isolement, nous étions partiellement réunis, tandis qu'était pris l'engagement de mettre en place des
parloirs entre nous (il ne sera jamais tenu).

De fait, dès l'automne, nous étions confrontés à des isolements partiels dans des quartiers spécialement conçus à notre intention. Certes l'acquis
d'être regroupés par sexe, deux femmes, deux hommes, dans ces quartiers ne fut pas remis en cause. Pour autant, la stratégie de destruction de
l'antagonisme révolutionnaire sur ce territoire que le pouvoir voulait exprimer à travers nous quatre ne l'était pas non plus.

En janvier 1991, nous commencions une nouvelle lutte. Si cette fois encore, nos revendications étaient contre l'isolement et pour le regroupement,
parallèlement, nous cherchions à construire un Front de résistance contre la justice de classe et la prison. Ainsi, pendant plus de deux ans,
jusqu'en avril 93, nous nous relayâmes en menant, chacun notre tour, des grèves de la faim d'une semaine.

En mai 1994, nous étions condannés une deuxième fois à la perpétuité. Avant même que ce procès n'ait lieu, il était clair que, mondialement, un
cycle de lutte révolutionnaire s'était épuisé. Sur ce territoire, qu'elles qu'aient été ses erreurs, Action Directe en a sans doute été l'expression la
plus avancée. Ceci explique l'extrême symbolisation autour de nous.

L'avenir dira qu'elle aura été notre contribution dans la longue marche du prolétariat vers son autonomie politique, comme seule classe
effectivement révolutionnaire jusqu'au bout. Comme beaucoup, dans l'histoire et dans notre génération, nous avons fait des choix qui engageaient
notre vie entière. Nous n'en avons aucun regret. Nos parcours individuels sont imbriqués à un moment d'importantes expériences pour le
mouvement de classe sur ce continent dans une perspective d'imbrication croissante des combats anticapitaliste et anti-impérialiste.

 

 

JEAN-MARC ROUILLAN avait 16 ans en 1968. Issu d'une famille de gauche, il n'était alors cependant pas trop politisé. Selon lui, c'est peut-être ce qui lui a permis de s'engager dans la révolte anti-totalitaire sans a priori. Il participe aux événements comme militant du CAL (Comité d'Action Lycéen) des quartiers nord de Toulouse. Il s'engage ensuite dans le mouvement anarco-communiste, notamment dans les Groupes Autonomes Libertaires. Ces quelques mois furent un moment d'apprentissage très intense où l'action directe était un quotidien dans les nombreuses luttes qui parcouraient ce renouveau du mouvement révolutionnaire. Comités d'occupation des usines, grèves des loyers dans les cités, lutte contre l'État policier, ...

À la sortie de cette expérience, vu le contexte de la ville, considérée à juste titre comme la capitale de l'espagne antifranquiste, il se tourne vers le soutien aux luttes révolutionnaires contre la dictature franquiste. Ainsi, au cours de l'année 70, il fut membre du premier noyau de l'organisation armée dont se dota le mouvement ouvrier clandestin de la région de Barcelona (Catalunya) : le Movimiente Iberico de Liberacion (MIL).

Cette organisation alimentait les caisses de solidarité, fournissait des moyens politiques et techniques aux instances auto-organisées et aux différentes assemblées de lutte qui surgissaient sur le terrain. Elle fonctionnait donc comme un réseau de résistance antifasciste (les GACs, Groupes Autonomes de Combat) mais aussi en développant une praxis anticapitaliste correspondant à l'époque : processus pour l'autonomie politique du prolétariat, critique radicale et anti-révisionnisme, contre toute collaboration avec les forces "démocratiques" ne cherchant qu'à aménager le franquisme en un nouveau régime autoritaire de la bourgeoisie. Le MIL-GAC fut démantelé par une répression féroce. L'un de ses membres, Salvador Puig Antich fut le dernier condamné politique à être garotté (2 mars 1974).

De retour en France, Jean-Marc oeuvre au rassemblement de nombreux groupes autonomes et libertaires prêts à s'engager dans le combat armé international contre la dictature. Naissent alors les GARI (Groupes d'Action Révolutionnaire Internationalistes) qui agiront durant cette période dans plusieurs pays européens. Arrêté en 1974, Jean-Marc est amnistié après la mort de Franco, il est libéré au printemps 77.

Dès lors, il milite pour la convergence du mouvement autonome issu de l'après Mai 68 avec les expressions de la nouvelle autonomie politique prolétarienne, principalement inspirées par les différentes thèses italiennes, surgies dans l'après 1968 et les mobilisations de la seconde moitié des années 70. Il travaille à la formation d'organismes clandestins comme les Coordinations Autonomes et à la généralisation d'actions de résistances. La création d'Action Directe, au début de 1978, sera l'aboutissement de ce travail.

NATHALIE MENIGON est née en 1957 dans une famille ouvrière. En 1975, elle devient employée de banque, syndiquée à la CFDT suite à une grève, puis évincée du syndicat, elle rejoint un groupe communiste autonome, "Camarades". À l'instar de l'Autonomia Operaia italienne, ce groupe prônait la révolte sociale anticapitaliste et anti-impérialiste et apportait son soutien à la guérilla italienne. Nathalie participe aux réflexions, manifestations de l'autonomie parisienne et mène en même temps une réflexion sur la nécessité du combat armé.

En 1978, avec des camarades, dont Jean-Marc, elle fonde l'organisation communiste révolutionnaire Action Directe. Il s'agit de combattre concrètement le système et de promouvoir l'organisation de la classe prolétarienne et sa stratégie opérationnelle : la lutte armée. Elle participe avec Jean-Marc à la première action revendiquée par l'organisation : mitraillage du siège du patronat français, le 1er mai 1979.

À partir de l'automne 79, AD lance sa première campagne de propagande armée. Elle durera jusqu'en 1980. Dès son apparition, AD s'attaque aux locaux où sont élaborées, décidées et appliquées les décisions les plus importantes des politiques de l'État. Elle détermine ses cibles en fonction des axes qu'elle a caractérisés comme décisifs dans la phase (politique de restructuration dans l'usine et dans les quartiers, politique d'interventionnisme militaire en Tunisie, au Tchad et au Zaïre) et plus globalement, elle pose ainsi le fil rouge qu'elle compte défendre jusqu'au bout : l'unité des luttes anticapitaliste et anti-impérialiste. Au service de cette unité, AD s'attaque aussi aux organismes liés à l'exploitation des travailleurs immigrés, aux conditions de vie qui leur sont imposées et contre lesquelles ils luttent.

En septembre 1980, elle est arrêtée, en compagnie de Jean-Marc, après une fusillade avec la police. Après l'élection de Mitterand (1981) et la constitution du premier gouvernement social-démocrate, une bataille politique s'enclenche dans les prisons. Des mouvements de solidarité se constituent pour l'amnestie des prisonniers politiques, contre les tribunaux d'exception. La forte mobilisation et les contradictions du nouveau pouvoir permirent la libération de tous les prisonniers communistes et anarchistes et la Cour de Sûreté de l'État est dissoute. Nathalie est libérée en septembre 1981, Jean-Marc l'avait été en août.

Action Directe reprend l'initiative en novembre et décembre de cette année 81. L'organisation participe à l'occupation de nombreux ateliers clandestins dans le Sentier et de plusieurs immeubles à Barbès. Plus d'une centaine de familles étrangères, majoritairement turques, sont ainsi relogées. Parallèlement de nombreux incidents et manifestations ponctuent cette campagne contre les ateliers des négriers et pour le logement. Il s'agit également du soutien aux camarades turcs, réfugiés en France après le coup d'État dans leur pays (1980) qui a bénéficié du soutien de l'impérialisme US.
Parallèlement continue la reconstruction des structures clandestines.

En juin 82, AD dirige une importante mobilisation contre le sommet du G.7 à Versailles. Il a été un pas décisif pour l'intégration stratégique des pays impérialistes sur la ligne imposée par l'administration Reagan.

Le 6 juin, dernier jour de ce sommet, Israël attaque au Liban. De la manière la plus concrète qu'il soit, est illustré l'un des axes du redéploiement des forces impérialistes. Puis, c'est l'entrée des troupes israéliennes au Liban et ses conséquences pour les peuples libanais et palestinien. Réorientation des cibles d'Action Directe qui revendique le mitraillage du véhicule du chef de la sécurité de l'ambassade d'Israël et des actions contre des sociétés Israéliennes. Après un attentat-massacre contre un restaurant juif (Goldenberg), rue des Rosiers à Paris, le pouvoir orchestre sa propagande contre-révolutionnaire à travers les médias. Dans un interview au journal
"Libération", Jean-Marc exprime la justesse du mitraillage contre le chef de la sécurité et condamne les attentats-massacre. Tandis que le conseil des ministres ordonne la dissolution d'Action Directe, visant à isoler les militants de l'organisation, des perquisitions ont lieu dans le milieu des squats et chez les révolutionnaires connus. Nathalie, convalescente d'un grave accident de voiture alors qu'elle ramenait de Bruxelles des affiches contre le sommet du G.7, et Jean-Marc passent à la clandestinité.

GEORGES CIPRIANI est né en 1950 dans une famille ouvrière. Il a été ouvrier-fraiseur à "l'artillerie" de Renault, un atelier des
machines-outils à la fin des années 60. Militant révolutionnaire des comités de base de l' "Île du diable" (une partie du site de Renault à
Boulogne-Billancourt), il y travaillait lors de l'assassinat, par un vigil, de Pierre Overney, militant communiste qui distribuait des tracts
devant l'usine (25 février 1972). Après les fortes mobilisations qui suivirent cet assassinat, il partit en Allemagne où il vécut une dizaine
d'années, participant aux mobilisations du mouvement anti-impérialiste. Il a pris part aux activités de l'organisation entre 1982 et 1987.

Aujourd'hui, Georges ne fait plus parti du collectif des prisonniers d'Action Directe. Après des années d'isolement total et partiel, Georges
a dû être interné à l'hôpital psychiatrique de Villejuif durant l'été 93. Après nos deux grèves de la faim de plusieurs mois, les grèves de la
faim d'une semaine sur 4 de 91 à 93 ont certainement contribué à cet affaiblissement de son psychisme.

JOËLLE AUBRON. Je suis née en 1959. Issue de la bourgeoisie française traditionelle, ma famille habitait dans un quartier populaire
de Paris. Ce fut une occasion d'apprendre vite que l'égalité sociale n'était qu'un mot écrit sur les frontons de mes écoles publiques.

L'autre détermination, plus essentielle encore, a été le renouveau de l'élan révolutionnaire des années 60. Ses composantes
anticapitaliste, anti-impérialiste et antirévisionniste étaient immédiatement disponibles dans l'air du temps. À la fin des années 70, des
niveaux très radicaux de l'affrontement avaient été et étaient expérimentés, l'expérience du Black Panther Party aux USA, les guérillas
en Amérique Latine, le combat des Palestiniens, en Italie et en Allemagne, tout près, d'autres guérillas frappant le système au coeur de
ses métropoles. Tandis qu'il existait tout un ensemble de luttes, qui pour particulières soient leurs revendications, se projetaient dans une
dynamique d'ensemble contre le système. Je vivais alors dans des squats, dans des quartiers populaires de Paris confrontés aux
restructurations immobilières. Pendant l'été 1977, il y avait eu la manifestation antinucléaire de Malville où un manifestant avait été tué
par la grenade d'un flic. En octobre, c'était l'assassinat des prisonniers de la RAF à Stammheim alors que la France était sur le point
d'extrader l'avocat Klaus Croissant vers l'Allemagne. Je ne faisais pas partie d'un groupe, pour autant, à ces occasions ou à d'autres, je
participais à des manifestations équipée de cocktails molotov ou à de petites opérations (contre l'ambassade d'Equateur après une
sanglante répression contre des ouvriers du sucre à Guyagil, camion faussement piégié devant une annexe du Ministère de la Justice
suite à la condamnation de militants révolutionnaires, ...). Même si l'emploi de la violence révolutionnaire était ainsi intégrée à la praxis
immédiate des militants qui se côtoyaient alors, même si les attaques de la guérilla nous impliquaient dans une même nécessité de la lutte
armée comme outil stratégique dans le combat entre les classes, c'était aussi une période pleine de discussions sur les développements
des expériences armées, plus particulièrement en Italie.

Ainsi, en la résumant à l'extrême, l'une des questions tournait autour de la nécessité ou non d'une organisation politico-militaire. En 1980,
si le groupe du mouvement autonome, dont je faisais alors partie, participe ponctuellement à des opérations d'AD et contribue à sa
logistique, ses militants ne sont pas membres d'Action Directe.

En 1982, avec un camarade d'AD, je suis arrêtée sortant d'un box où il y avait eu des armes. Je ne me revendique pas militant d'AD. En
prison je continue ma réflexion. C'est une période marquée par la frilosité de l'extrême-gauche française en général et par la vacuité du
mouvement autonome français en particulier. L'offensive impérialiste déploie ses splendeurs : intervention israélienne au Liban,
Thatcher aux Malouines, bombardements français sur la pleine de Beeka au Liban, Reagan attaque Grenade, mine les ports de
Nicaragua, ... La politique de rigueur du gouvernement français, dit de gauche, montre la soumission des sociaux-démocrates à la ligne
mondiale dominante du néolibéralisme. Pendant ce temps, c'est la débandade de l'ex-mouvement révolutionnaire. Les uns ne pensent
qu'à bondir sur le moindre strapontin que leur concède le pouvoir; les autres psalmodient leurs vieilles recettes qui laissent le prolétariat
toujours aussi désarmé face aux attaques de la bourgeoisie. De l'utilité de la lutte armée, je passe à la nécessité de la stratégie que seule
permet l'outil organisationnel d'une organisation de guérilla. Pour autant, quand je suis sortie (1984), j'ai d'abord milité de manière légale :
soutien aux prisonniers de l'organisation, librairie militante, journal. Si ma décision était prise de rejoindre AD, je ne voulais pas non plus
passer de la prison à la clandestinité. Aussi, c'est presque un an plus tard que, la répression s'aggravant, je suis rentrée dans la
clandestinité.

 

Nous nous revendiquons communistes révolutionnaires. Entre 1982 et 1987, l'organisation développe son action suivant deux lignes stratégiques
interdépendantes, l'Unité des Révolutionnaires en Europe de l'Ouest et le Front anti-impérialiste.

"Pour nous, lier la ligne stratégique du Front anti-impérialiste à la question de la domination capitaliste en Europe de l'Ouest, et à la mutation de ses
rapports de pouvoir, signifiait établir - en l'actualisant - l'unité de la lutte de classe révolutionnaire avec l'internationalisme, comme politique
vivante" (4). À la fois, cela correspondait donc à la revivification de l'Internationalisme prolétarien tel qu'elle avait été engagée par la nouvelle
vague révolutionnaire des années 60. Et cela s'appuyait sur les mutations du régime d'accumulation, accélérées notamment depuis le sommet de
Versailles. L'intégration européenne, en devenant un espace essentiel de la lutte, tout aussi important que l'espace local ou international, requiert
cette requalification de la lutte anticapitaliste.

La formation ouest-européenne se distingue, à la fois, comme appui logistique au roll-back impérialiste et comme pôle concurrentiel de la triade
impérialiste et de son saut au nouveau modèle d'accumulation, toyotiste-libéral. D'autre part, les menaces de guerre que font peser sur le monde les
politiques militaristes de Reagan et consorts renvoient à l'urgence de constituer un front prolétarien de sabotage et de construction révolutionnaire
parcourant toutes les instances du mouvement de la guérilla aux groupes de quartier et aux cellules d'usines.
Au coeur de ces déterminations qui portent le présent du communisme, mouvement dont la praxis abolit l'ordre des choses existant, le Front
matérialise l'attaque commune aux politiques centrales de l'impérialisme, non des seules forces communistes, mais de l'ensemble des réalités
révolutionnaires et anti-impérialistes. En janvier 1985, Action Directe signe un texte commun avec la RAF.

Parmi la douzaine d'actions que l'organisation revendique au cours d'une première offensive conduite comme une attaque commune de la guérilla
ouest-européenne : des structures de l'OTAN; des usines d'armement; des centres névralgiques du pouvoir économique et militaire; l'assassinat
de René Audran, directeur des Affaires Internationales au Ministère de la Défense et responsable des ventes d'armes françaises à l'étranger. En
novembre 86, à la fin de la seconde offensive, le commando "Pierre Overney" mettait fin à la carrière de Georges Besse.

 

Aujourd'hui, après 10 ans d'incarcération, notre détention n'est plus tant caractérisée par le projet de destruction que par la volonté de nous
enterrer. Cette réorientation de la stratégie étatique s'analyse à partir d'un ensemble de facteurs. En premier lieu, nos luttes en prison. Ensuite se
conjuguent ensemble le fait d'avoir partiellement réussi à briser Georges, la faiblesse continue du mouvement révolutionnaire français et la
nécessité de gommer la contradiction qu'il y a à maintenir une détention d'exception alors qu'officiellement il n' y a pas de prisonniers politiques.

Nier l'existence des prisonniers révolutionnaires est une des composantes de l'opération de légitimation permanente sécrétée par le système. État
naturel des choses, on ne saurait résister à ses lois, qu'elles soient économiques ou juridiques. "Nécessaire adaptation à la mondialisation" ou
façonnant une Europe forteresse contre "toute la misère du monde", aussi barbares et injustes soient-elles aux yeux de ceux et celles, toujours
plus nombreux, qui sont précarisés, pauperisés, expulsés par charters, réduits à la charité, ..., ces lois doivent être vénérées par ceux-la mêmes
qu'elles exploitent, oppriment et aliènent. Effacer les prisonniers révolutionnaires du paysage des contradictions parcourant nos sociétés est partie
prenante du processus pour pérenniser la soumission à la valorisation du Capital.

 

Notre arrestation faisait suite à de nombreux coups portés par la répression. Elle mettait fin à l'activité politico-militaire d'AD. À la fin des années 80,
une incontestable fracture historique s'est produite. Ce constat n'a rien de cataclismique si on l'insère dans l'histoire révolutionnaire sur notre
continent. Plus grave est sans doute la manière dont s'est répandue une critique déraisonnable de l'expérience accumulée en plus de 20 ans de
lutte, en particulier par la guérilla. Au lieu d'une critique de nos véritables erreurs, ce n'est qu'une litanie de confusions. Au lieu de construire les
ponts vers de nouvelles perspectives, elle ne débouche que sur la liquidation de la gauche anticapitaliste et anti-impérialiste en Europe.

Parce que nous pensons que cette expérience révolutionnaire ne peut être dépassé que par une nouvelle expérience révolutionnaire, capable de
prendre en compte, mieux qu'elles, les intérêts généraux de toute la classe, parce que nous savons à partir de quel patrimoine nous avons
nous-mêmes expérimenté des voies nouvelles, parce que rien dans la réalité ne nous indique un changement de la donne, barbarie ou communisme,
parce que jamais les "projets" d'un "capitalisme à visage humain" n'ont paru aussi vains, nous n'avons aucune raison de renoncer. Malgré les
conditions, nous continuons à travailler politiquement, discutant par écrit avec d'autres prisonniers révolutionnaires, participant à une publication
(Front), traduisant des textes de discussions ou actions, en particulier du mouvement révolutionnaire européen, ...

Message Publié : 25 Mars 2004, 15:45
par vdzh
(Gouvyz @ mercredi 24 mars 2004 à 18:43 a écrit : Bjr camarade,
j'aimerai savoir ce que vous pensez des actions menées par les militants d'Action Directe ???
Je ne répondrait pas directement à la question !
Les oreilles de la NSA pourrait mal comprendre mon message !

Mais, Menigon, Rouillan et autres,
Ont t'ils tués PLUS que Papon ? ......................................... NON
Mais, sont t'ils vraiement en plus mauvaise santé ? ............. OUI

Alors, pourquoi refuse t'on à Menigon ce que l'on octroie au rusé Papon ???

Message Publié : 25 Mars 2004, 15:58
par faupatronim
Je reproduis en réponse un article sur la question du terrorisme avec lequel je suis en parfait accord

(Lutte Ouvrière @ n°1859 du 19 mars 2004 a écrit : Les attentats terroristes n'émanciperont jamais personne



L'attentat de Madrid pose, une fois de plus, le problème du terrorisme que certains, dont ses auteurs, justifient comme étant une réponse au terrorisme d'État, aux dictatures, à l'oppression nationale, ethnique ou religieuse.

A Madrid, le choix de l'heure, du lieu, le nombre de bombes étaient calculés pour faire le maximum de victimes populaires possible. Tout semble accuser une organisation appartenant à ce qu'on appelle la mouvance "Al-Qaida", la même qui aurait détruit les deux tours jumelles du World Trade Center à New York le 11 septembre 2001. Les attentats ont visé des tours de bureaux, là aussi à une heure où s'y trouvaient rassemblés des milliers d'employés et de travailleurs.

Mais que ces actes terroristes soient des actes aveugles comme ceux-là, ou comme ceux des kamikazes palestiniens en Israël qui se font exploser avec leur bombe dans des autobus ou des lieux populaires, ou que ce soient des assassinats ciblés sur un représentant d'un pouvoir oppresseur, voire sur des tortionnaires, comme ce fut généralement le cas sous Franco des assassinats de l'ETA au Pays Basque espagnol et qui ont encore moins de justification depuis sa mort, le problème est le même: est-ce que ce genre d'actions peut servir à la libération des opprimés?

Nous appartenons à un courant du mouvement ouvrier, un courant socialiste qui s'est toujours opposé à ces actes terroristes, qu'ils soient ciblés ou aveugles. Cela ne date pas d'hier car à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe, des groupes anarchistes ont largement utilisé de telles méthodes, que ce soit en France avec les bombes de l'anarchiste Ravachol et de ses amis qui assassinèrent le président de la République Sadi Carnot ou, en Russie tsariste, avec l'assassinat de hauts personnages du régime, en particulier du tsar Alexandre II.

On pourrait citer bien d'autres cas encore, comme par exemple les terroristes de l'Armée de Libération Irlandaise, le FLN algérien, sans parler des groupes d'extrême droite comme l'OAS et quelques autres aux États-Unis. Il ne faut pas oublier aussi que les assassinats terroristes en Palestine commencèrent avant l'indépendance d'Israël, contre l'occupation britannique après la IIe Guerre mondiale avec des organisations comme la Hagannah, l'Irgoun ou le groupe Stern, dont certains membres se sont retrouvés par la suite dans le gouvernement d'Israël. On pourrait citer aussi d'ailleurs la Résistance intérieure française qui s'illustra par des assassinats de gradés de l'armée allemande, de collaborateurs en vue, mais aussi de simples soldats allemands. Les résistants sont considérés ici comme des héros mais ce qu'ils faisaient n'était pas différent de ce que font les terroristes d'aujourd'hui.

Bien sûr, sous l'Occupation c'était la guerre, mais pour le peuple palestinien, irakien ou kurde, c'est la guerre aussi. Mais pas plus le terrorisme à prétention sociale, comme celui d'Action Directe, ni celui à prétention militaire, comme celui des Palestiniens en Israël, qui répondent aux massacres quasi aveugles de populations civiles par l'armée israélienne, ne sont justifiés.

On peut comprendre la haine engendrée dans une population par la dictature, par l'oppression, par l'humiliation, mais ceux qui prétendent la libérer de tout cela par des actions terroristes ne font que renforcer ses chaînes, voire en forger de nouvelles. Se libérer de l'exploitation, de la dictature et de l'oppression, pour construire une société libre, ne peut se faire que d'une façon démocratique, c'est-à-dire par la participation consciente et collective de larges fractions de la population.

Le terrorisme, c'est l'arme de groupes agissant dans le secret, clandestinement et absolument pas contrôlés par ceux qu'ils prétendent représenter. De là, d'ailleurs, toutes les manipulations possibles. Car les terroristes peuvent être, pour le choix de leurs cibles, manipulés par la police et les autorités, sans compter que les autorités peuvent aussi attribuer ces attentats à qui ils veulent en manipulant l'information, comme on l'a vu en Espagne. Quant à savoir qui fait quoi en Palestine ou en Irak, il est bien difficile aussi de le savoir vraiment.

Message Publié : 25 Mars 2004, 17:46
par miikka
Ici un petit historique chronologique d'ad.

Ici le dernier texte de régis schleicher (d'il y a quelques jours) concernant la question de la libération (et des propos de nathalie ménigon)

Message Publié : 25 Mars 2004, 18:53
par Gouvyz
C'est un peu dure de parler d'AD sur un forum public comme celui ci car on ne sait jamais qui se cache derriere un écran et qui lit les sujets et comment ils peuvents être interpréter enfin ... pour moi AD n'est pas un groupe terroriste et encore moins à mettre dans le meme sac que Al-Qaida. Ces militants résistant révolutionnaire qui ont choisit la lutte armée ont été au bout de leurs idées, des idées qui valent bien de ce battre, des idées que chacuns ici proclament haut et fort mais que eux les ont mis en application en choissisant la "violence" pour les faire entendre.

Message Publié : 25 Mars 2004, 19:01
par logan
Objectivement leur action rend service à ceux qui assimilent extreme gauche et terrorisme

Message Publié : 25 Mars 2004, 19:12
par Barikad
Un bonne greve fera toujours mieux pour le sort des ouvriers que l'assasinat par un groupe terroriste de leurs PDG.
L'execution de Georges Besse a t elle changé quoi que ce soit pour les travailleurs de Renault ? Evidemment non!
On objectera que c'etait un salaud. Peut etre, mais avant d'etre un salaud, c'etait surtout un patron, et seuls les travailleurs pouvaient le juger. Alors que quatre zigotos, certainement courageux, pretendent representer la classe ouvriere, prouve seulement qu'a defaut d'une alternative communiste credible, il y aura toujours des militants pour sombrer dans l'action individuelle.
Comme disait trotsky, ce sont des reformiste avec une mitraillettes.
Ceci étant dit, les conditions de détention inhumaine des prisonniers d'AD sont absolument choquante et on ne peut que soutenir la demande liberation de Nathalie Menignon.