(Vérié @ vendredi 23 février 2007 à 17:18 a écrit :Com 71... ne nie d'ailleurs pas que cette thèse ("les homos sont des malades") dominait au sein de LO à cette époque...
Oui, j'ai entendu ça aussi... et des camarades exprimer des désaccords dès avant 1968. Dans une ambiance qui n'avait rien à voir avec ce que tu en dis. Bon il faut dire qu'il n'y avait pas la nature de l'URSS en arrière-plan !

.
Et personne n'en a voulu à ces camarades (j'en connais un très bien).
Je persiste à dire, par ailleurs que résumer l'argumentation que tu regrettes par deux mots (homos-malades) est très réducteur. Quant à la citation de J.Morand : "homosexualité et hétérosexualité ne sont pas à mettre exactement sur le même plan", trente ans après, elle ne me choque pas.
(LUTTE OUVRIERE N°335 28 JANV.%3 FEV. 1975 (PAGE 19) Télévision a écrit :
Aux dossiers de l'écran
L'HOMOSEXUALITE
LES dossiers de l'écran, du
mardi 21 janvier étaient consacrés à
la question de l'homosexualité. Le débat avait lieu entre quatre
écrivains, deux médecins. un théologien et un ex-député dont la principale
action d'éclat fut d'avoir fait voter, en
1960, au Parlement, un amendement définissant
l'homosexualité comme un fléau social.
Sur ce que sont l'homosexualité et ses causes, ce débat n'aura rien
apporté. Les quatre hommes da lettres, qui s'affirmaient ouvertement homosexuels,
étaient là pour témoigner et
dénoncer les tabous et les préjugés
dont sont victimes les homosexuels. Explicite ou implicite, leur thèse était
simple ; certains sont, naissent ou
deviennent homosexuels, exactement comme d'autres sont, naissent ou
deviennent hétérosexuels. L'un est aussi normal
que l'autre, et n'y a donc aucune raison de persécuter en quoi que ce
soit tes premiers.
Les deux médecins, plus nuancés, plus embrouillés aussi, apportaient, qu'ils le veuillent ou non, de l'eau au moulin
de cette thèse, en reconnaissant que la science et la médecine sont aujourd'hui
encore tout à fait incapables d'expliquer
l'homosexualité.
Et il n'y eut personne pour suggérer que, si
ni le neuropsychiatre ni
l'endocrinologue ne pouvaient trouver une solution au problème dans leur
branche particulière, c'est que l'explication est au niveau social et non pas —
c'est au moins ce que la médecine prouve par son aveu d’impuissance – au
niveau d'une malformation ou encore d'une « maladie ».
Des millénaires d'oppression de la femme, des enfants, des classes «
inférieures », de tabous, d'interdits et de préjugés pesant de tout leur poids sur la
vie sexuelle — et bien entendu sur l'hétérosexualité d'abord, ce
qu'ont oublié les participants au débat — voilà très
certainement le terrain où une science sérieuse devrait s'efforcer de rechercher
les causes de l'homosexualité
et ses raisons d'être, il
n'y eut même pas une
allusion, mardi soir, pour dire que la question devait sans doute être posée
dans cette direction. Mais ce n'est
là que la preuve que les sciences
humaines, étouffées par les préjugés d'une société de classe, n'en sont même pas
à leurs premiers pas dans un domaine comme celui-là.
Cela dit, le débat eut un mérite qui n'est pas mince : celui d'avoir posé
avec sérieux un problème que l'hypocrisie et les préjugés commandent généralement de n'aborder qu'avec des ricanements, des rires gras et des
sous-entendus. La dignité avec laquelle les quatre homosexuels présents dénoncèrent brimades, humiliations et préjugés dont
sont victimes les homosexuels dans leur vie quotidienne était remarquable.
D'autant plus remarquable qu'ils reconnaissaient aussi franchement que les
véritables victimes n'étaient
pas spécialement ceux qui étaient là ce soir et qui sont
dans un milieu social relativement tolérant, qui sont même en quelque sorte protégés
par leur qualité d’intellectuels et de bourgeois, mais ceux qui ne sont ni
écrivains ni artistes, mais de
simples petits-bourgeois ou
travailleurs (et il y aurait, paraît-il, trois millions d'homosexuels
en France).
Ajoutons que le seul à tenir un autre langage, l'ex-député Mirguet, était
le repoussoir le plus parfait qu'on avait pu trouver. Falot, bredouillant, inconsistant l'auteur de
l'amendement classant comme fléau social l'homosexualité ne faisait pas le poids face, par exemple, à
un Jean- Louis Bory. Tout ce
qu'il put trouver comme excuse fut qu'il était nécessaire de protéger... la race blanche contre la
dénatalité.
En le voyant, aucune doute n'était permis , même si l'on ne pense pas (et
c'est notre opinion), contrairement à Jean-Louis Bory et Yves Navarre, que
l'homosexualité et l'hétérosexualité soient à mettre exactement sur le même
plan, que les hommes (et les femmes, qui ont été oubliées dans cette émission)
peuvent être l'un ou l'autre indifféremment, sans conséquence d'aucune sorte, en tout cas,
lutter contre les préjugés, combattre les brimades dont les homosexuels peuvent être victimes est un devoir. M.
l'ex-député était i'incarnation parfaite
des préjugés du
Français moyen, y compris dans ses tentatives de faire
la part des choses. Mais ne critiquons pas trop Mirguet. Après tout, par i'image
qu'il a donné au petit écran, il aura peut-être contribué, sans le vouloir bien
sûr, à porter un coup à la bêtise et à l'hypocrisie de la société qu’il
défend.
Jacques MORAND.
(PHOTO avec légende : Voir dans l’homosexualité un fléau
social, et admettre comme normale une sexualité rabaissée au niveau de la
pornographie : voilà qui va de pair chez bon nombre de moralistes
« bien-pensants ».)