Des séries télé, du foot, et de leur impact idéologique

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Louis » 18 Mai 2007, 16:22

(Canardos 17H17 a écrit :oui, il tue des criminels, parce qu'en tant qu'expert scientifique il a les renseignenements et il est plus ou moins assuré de l'impunité.

mais il ne le fait absolument pas au nom de la justice, mais par besoin de tuer....

j'ai bien aimé l'article de Libération, une fois n'est pas coutume...

a écrit :

Série. Dans la fiction de Canal +, un policier scientifique le jour se fait tueur en série la nuit.

«Dexter», sang pour sang réussi


«Dexter» en douze épisodes, Canal +, 20 h 50.
Par Bruno ICHER

QUOTIDIEN : jeudi 17 mai 2007


Peut-on imaginer en France un programme conçu pour déranger ? Une fiction écrite et réalisée afin, précisément, d'instiller un malaise poisseux auprès d'un public qu'il ne faut pas brusquer ? Une série dont la vertu n'est pas, comme un Julie Lescaut, de rassurer les masses populaires sur l'efficacité des services de police ? Difficile à envisager, non ?

Dexter a été lancé sur la chaîne américaine Showtime à la rentrée 2006. Le personnage principal, Dexter Morgan, qui est aussi le narrateur en voix off, est un rat de laboratoire, un solitaire. Son travail d'anonyme consiste à analyser les tâches de sang sur les scènes de crime pour la police de Miami. On est loin de l'omniscience vaguement totalitaire des Experts, et tant mieux. Dexter est joli garçon, calme, solidement introverti, mais consciencieux dans son travail et serviable dans les faméliques relations qu'il entretient avec d'autres êtres humains. On se doute que tout cela n'est qu'une existence alibi, mais pas à ce point-là. Dexter est, aussi, un tueur en série. Régulièrement, il doit répondre à l'appel du sang, faisant subir à ses victimes un sort épouvantable avec tout un tas de jolis instruments chromés et tranchants, dont certains électriques.

Névrose.

Apportant la contradiction aux thèses du nouveau président de la République, Dexter n'est pas né comme ça. On ignore (pour l'instant) les causes obscures de sa névrose, mais on comprend vite qu'il n'a pas le choix. Il doit tuer. Et ce n'est pas tout : l'humanité le répugne, l'amitié est un concept vague, et l'hypothèse d'avoir des relations sexuelles l'enthousiasme autant que de changer un pneu crevé. Mais Dexter a appris à se camoufler dans le monde «normal». Il sourit aux vannes beauf de ses collègues, encourage sa petite soeur à mener sa carrière de flic, et il a même trouvé le foyer idéal en la personne d'une divorcée, traumatisée par un mari violent, qui ne veut plus entendre parler de parties de jambes en l'air. Ainsi va Dexter, la monotonie faite homme entre deux brusques flambées de violence barbare. Son petit manège bien rôdé est perturbé par l'irruption dans le panorama d'un autre tueur en série qui va mobiliser toutes les forces de police du coin. Dont lui-même.

La trame est tirée de l'oeuvre de Jeff Lindsay, auteur de romans plutôt médiocres et complaisants. A l'écran, c'est tout le contraire. Scénarisée par James Manos Jr, un vieux routier de la série US ( Sopranos,  The Shield, tiens, tiens), et tournée par Michael Cuesta (réalisateur au cinéma de L.I.E. et Twelve and Holding ), qui filme Miami la décadente avec sensualité, la série a aussi hérité de Michael C. Hall dans le rôle titre. Il était le frère gay de la famille de croque-morts de Six Feet Under. Il fait ici une démonstration impressionnante de subtilité, distillant un trouble sentiment d'attirance et de répulsion à l'égard de ce «héros» qu'il est impossible de qualifier de positif.

Culpabilité.

Dans ce registre, The Shield avait jadis ouvert la voie. Dexter va plus loin, qui provoque sans cesse chez le spectateur une sourde culpabilité. Culpabilité à s'amuser de sa maladresse burlesque dans ses relations avec autrui. Culpabilité à éprouver un soulagement quand il échappe à des situations dangereuses. Culpabilité, surtout, à voir Dexter assouvir ses pulsions criminelles. Car, comble de perversité scénaristique, le petit monstre sait choisir ses victimes. Ses proies sont uniquement des individus que personne ne regrettera. Assassins, violeurs, sadiques, pédophiles, trafiquants d'esclaves. Des salauds, des vrais... Sauf que Dexter ne tue pas ses victimes parce qu'elles le méritent. Il les choisit parce que ça l'arrange. A chaque spectateur d'y trouver sa morale. Bon courage.



Evidemment : la série télé est par nature un plaisir idéologiquement connoté (du coté de la bourgeoisie, naturellement) et un plaisir pervers (forcément, sinon y'aurait pas de plaisir...) Je ne saurait trop recommander a CP la lecture de David Buxton : De « Bonanza » à « Miami Vice ». Formes et idéologie des séries télévisées aux éditions de l'espace européen 1991.
Louis
 
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Message par Louis » 18 Mai 2007, 18:46

Le probléme la dedans, c'est l'idéologie : qu'est ce que c'est ? Ou se cache l'idéologie dans "les experts" (là je sais !) ou dans "avocats et associés" (la aussi) Mais aussi dans des films soi disant plus "innocents" comme "Buffy contre les vampires", "chapeau melon et bottes de cuir", etc

Cela dit, il y a un point que j'aimerais bien discuter : il y a des livres, des films, des séries télé dont je déteste l'idéologie, mais que j'ai beaucoup de plaisir a lire QUAND MEME : par exemple, "kim" de Kipling, que je relit en ce moment, "les experts" version miami que j'adore, etc De toute façon, toutes les productions culturelles de la bourgeoisie (ie toutes les productions de l'industrie culturelle) sont a priori bouffé par l'idéologie bourgeoise. J'ai lut recemment un super bouquin sur le "réve holliwoodien" des "nababs" qui ont créé le grand cinéma classique américain des années 20/40 : tout ça est bourré d'idéologie, et pas de la plus sympathique. Mais quels films ! Peut etre que CP ne lit jamais de policiers, ne va jamais au cinoche (sauf pour voir des films militants) et n'écoute pas de musique, mais on est pas obligé de faire comme lui. Par contre, on peut (et on doit si on se prétend marxiste) le faire en connaissance de cause, sans etre dupe !

sinon, le probléme est autre : cette série est sur canal + et je n'ai pas de quoi me payer un abonnement (faut déja que je m'offre mes bouquins)
Louis
 
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Message par canardos » 18 Mai 2007, 19:24

(Convidado del piedra 19H06 a écrit :Je vous poste le commentaire sur la série publié par le journal le plus conservateur du chili. Eux, au moins voient les implications politiques de la "série"...
Je crois que je vais meme traduire tellement il me semblent graves l'insouciance de vos propos.

(article a écrit :Dexter” es perturbadora como la primera temporada de “Nip/Tuck”, detectivescamente entretenida como “CSI” (Las Vegas, no Miami ni N.Y, obvio) y algunas de sus escenas son visualmente tan atractivas como las películas de David Fincher (Los Siete Pecados Capitales, El Club de la Pelea).

Obvio que en algunos capítulos quieren mostrar un poco más la vida de los personajes secundarios, pero eso a uno no le importa tanto como ver a Dexter siguiendo a alguien y después taladrándole el cuello. Es que no todo puede ser sangre, aunque la sangre es la vida de Dexter Morgan.

Primero, porque es forense: a través de las manchas de sangre sabe a qué hora, cómo y con qué le dispararon - rajaron - cortaron - etc… el cuerpo - extremidad - cabeza - etc…. a alguien. Y segundo, porque colecciona una gota de sangre de cada persona a la que ha matado. Porque Dexter es un hermano buena onda, pololo ejemplar, forense extraordinario y asesino en serie.

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Esos trofeos los obtiene de sus víctimas, desnudas y amarradas a una camilla, cuando él y las paredes están bien forradas de plástico para no deja rastros. Ahí les pasa un cuchillo por la cara, saca una gota con una pipeta (mi profesor de biología estaría orgulloso de mí), la deposita entre dos cristales y después taladra/corta/cercena el cuerpo del seleccionado. Mientras sigue vivo, por supuesto.

Más tarde cuando llega a su ordenada casa, guarda la nueva adquisición en los compartimentos individuales que tiene su cajita de coleccionista.

Al otro día Dexter parte al trabajo donde todos lo adoran. Donde ve a su hermana que lo ama, su jefa que le tira los cortes, a donde lo llama su polola que lo quiere y le da gracias a Dios por haber encontrado a un hombre que trate tan bien a sus niños.

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Probablemente si uno conociera a Dexter Morgan sería su amigo. Cuando no está desollando gente es un excelente tipo.

Dexter mata sólo a quienes la ley ha dejado escapar, a los que piensan que están por arriba del sistema. A los malos. Como al tipo que atropellaba gente y se escapaba, o al pedófilo. No lo puede evitar.

Que la sería sea tan pero tan buena como es, no sería posible sin Michael C. Hall (Six Feet Under) como protagonista. Porque cuando pone cara de sicópata, es de esas de verdad y no de los que abren mucho los ojos y uno sabe que están poniendo cara-de-malo.

En el ránking de los más parecidos a Lucifer, estaría detrás de Jack Nicholson cuando levanta las cejas. En serio: después de darme una maratón con los primero cinco capítulos de la serie, me dio susto levantarme al baño en la mitad de la noche: ahora Michael Hall rankea bastante arriba en mi lista personal de “Personas que nunca me quiero encontrar de noche en mi pasillo”.

Basado en “Darkly dreaming Dexter” (04), una novela de Jeff Lindsay, a ratos me recordó a otro libro: “Curioso incidente del perro a medianoche” (04) escrito por Mark Haddon, en donde el protagonista tiene el síndrome de Asperger.

Las personas con Asperger son incapaces de entender los dobles sentidos, de leer el lenguaje corporal y comprender las convenciones, de identificar lo que sienten y lo que hacen sentir a los demás. Es como la ausencia de todo el rollo de la inteligencia emocional.

Dexter es un inválido más que un loco: no sabe lo que es sentir. Y ahí como que uno se desespera, porque el saber funcionar socialmente y contestar el “¿Cómo estás?” con un “Bien, gracias, y tú”, en lugar de gritar “como el %&, me duele la cabeza, mi jefe me acosa, soy infeliz y quiero morir”, comienza a parecer un arte.

Eso es lo terrible de la serie, a uno le da pena Dexter. O más bien, nos interesa. Gusta, pero asusta.

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Dexter se auto-define como un monstruo. Pero al mismo tiempo, no mata si el otro “no se lo merece”. Pero lo suyo no es venganza: él necesita matar, sólo que es “mejor” asesinar a un malo que a un bueno.

Dexter es una mezcla de amoralidad con inteligencia, un anti-héroe como hace tiempo no se veía (“Dr, House”, de quien ya hablaremos en el futuro, queda como una dulce niña que se viste de rosado en comparación). Y por lo mismo es excelente. Hace tiempo que uno no se sentía tan bien haciéndole barra al malo.

Domingos a las 20:00 horas por Movie City.

Finalement non, c'est trop long, mais j'ai souligné le principal, l'idée de base. Les hispanisants comprendront le tout. Je traduit des morceaux
"Dexter tue ceux qui se pensent au dessus du système, à ceux que la loi a laissé echapper" Pire que du Sarkozysme, pire que du Le Pen. Vous ne serez pas un peu "au dessus du système"? La loi n'est pas un peu trop "indulgente" avec vous?

Je continue "Dexter s'auto-defini comme un monstre. Mais au meme temps il ne tue pas si l'autre "ne le merite pas"" Qui qui le "mérite"? Qui le juge? Un psychopate n'est pas si regardant, il n'obéi pas à un code de justice mais à une pulsion. C'est évident que c'est un essaie de déculpabilisation des monstres bien réels qui se trouvent dans la réalité. Vous ne les avez jamais rencontré, ce n'est pas le cas de tout le monde.

Cette phrase proprement scandaleuse "Ces trophés il les obtient de ses victimes, nues et atachées à un lit et sur les murs du plastique pour ne pas laisser des traces" je ne peux pas m'empecher de penser aux milliers des camarades qui se sont trouvés nus, attachés à des lits en mains des monstres qui les tiraient les intestins à partir du nombril avec une pince! Ou les torturaient de mille manières différentes!

C'est cela vos "amussements"? C'est cela vos "divertissements", c'est cela ce que vous avez dans la tete?

Cette série est le reflet de l'état de barbarie, incivilisation, torture et monstruosités qui distille cette putain de société dont vous vous sentez si bien, si "amusés" par ces horreurs, par cette dégénerescense profonde de tout ce qui a été les acquis de l'humanité et de la civilisation.

Demain, quand si par malheur vous vous trouvez dans les mains de psychopates qui va former et idéologiser votre saloperie de série vous allez voir comment on "s'amuse" devant les rebuts de la société. Devant les émules des Dexter ou James Bond ou toute la smala de "héros" fabriqués pour nous combattre.

Je ne peux pas les hair plus comme hair aussi tous ceux qui se complaissent dans le malheur, la torture, les horreurs faites à n'importe quel être humain. Ah! l'idéologie de l'impérialisme comme elle a fait des progrès!

Heureusement que votre merde passe sur Canal +. Il y aura au moins quelques uns sans le sou qui ne la verront pas. Oh tempo, oh mores!


dis moi convidado, tu es pour la censure par l'argent pour préserver les pauvres de l'idéologie bourgeoise...?

et le probleme c'est que tu portes un jugement sur une critique pas sur un film...

dexter est tout sauf sympathique, mais il ne dit jamais qu'il tue ceux qui sont au dessus du systeme, il tue ceux qui lui ressemblent, ceux qu'ils comprend trop bien...faire la relation entre Dexter et le sarkozisme c'est n'importe quoi...

alors evidemment on peut faire une analogie entre les bourreaux chiliens et dexter....

la difference c'est que les bourreaux chiliens ne tuaient pas simplement sur une pulsion, ils étaient comme tous les bourreaux terriblement ordinaires, pas des malades mentaux...et c'est ce qui en fait de bien pires criminels!

mais ce qu'il y a d'interessant dans la série outre le coté policier bien bouclé c'est qu'on comprend progressivement comment Dexter est devenu comme il est, comment il s'est déshumanisé, comment il en est réduit à jouer une pitoyable comédie des sentiments qu'il n'arrive pas à éprouver, et du coup cela l'humanise et on arrive sinon à s'identifier du moins à une certaine empathie.
canardos
 
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Message par Louis » 18 Mai 2007, 20:30

a écrit :Je cheri les Don Quijote, Pavel Kourchaguine, les Julien Sorel, les Eugenie Grandet, les Anna Karenine, La Mère, Spartacus, les Egdmont (surtout Egdmont) tous des vrais héros positifs qui apportent à l'humanité qui la tirent vers le haut et non les bandits et assassins dégénerés de la pourriture culturelle de l'impérialisme.


Je suis désolé mais tous les héros "positifs" que tu cite défendent tout autant l'idéologie "bourgeoise" que les séries télé dont on parle : Don quichotte est ouvertement contre révolutionnaire, Balzac est un formidable réactionnaire, et ça se voit dans sa prose, et on peut passer tout tes héros, tous difusent de façon tout a fait consciente une idéologie bourgeoise ou petite bourgeoise. Bon, je veux bien faire une exception pour "la mére" (bien que je trouve le roman nul) Et Spartacus (mais pas l'adaptation ciné)

Sinon, on pourrait beaucoup dire du passage du "héro positivif" au "héro négatif" d'un point de vue tout a la foi idéologique et esthétique.

Ps : sinon, c'est qui Egdmont Y'a bien une série télé "de production" à ce nom, mais ça doit pas être ça....
Louis
 
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Message par othar » 18 Mai 2007, 21:17

j'ai pas la télé mais j'ai déjà regardé quelques séries, et je dois dire que les ficelles sont toujours les mêmes

ils doivent suivre une recette (mais c'est déjà le cas pour beaucoup de films "grands publics", comme dans la littérature "harlequin")

sinon Dexter, dont vous parlez, ça a l'air encore plus dingue que le reste
mais bon de surenchères en surenchères, c'est logique que l'on finisse par inventer ce genre de truc

par exemple dans la même veine, j'avais bien aimé "le silence des agneaux", par rapport au suspens
mais il faut avouer que c'est à peine moins tordu que Dexter..

en fait, je crois que ce qui fait le succès de ces séries, c'est que ça fait pas mal à la tête...
othar
 
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Message par othar » 18 Mai 2007, 21:23

en y réfléchissant, je viens de me rappeler d'une série "code quantum"
c'était sympa cette idée du type qui se retrouve "dans la peau" de différents personnages au fil des épisodes

(par exemple, une jeune fille noire pendant la période de la lutte des droits civiques aux USA)
othar
 
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