
C'est un des plans sur lesquels j'admire l'URSS : de grandes avancées en matière d'égalité homme/femme. Une des histoires qui me fascine le plus est celle de la célèbre Lylia Litvak, la "Rose Blanche de Stalingrad", as de l'armée de l'air soviétique pendant la seconde guerre mondiale... Comme elle, de nombreuses femmes combattirent dans l'Armée Rouge face aux allemands, à une époque où la guerre (du moins, la guerre "régulière") était uniquement une affaire d'hommes.
Allez, même si ça dérive du sujet, un petit fragment d'histoire que personnellement j'aime beaucoup et qui ne manquera pas de plaire aux anti-machistes (je n'aime pas le terme de "féministe", car ça implique une discrimination dans l'autre sens) :
a écrit :" Le dixième avion qu'elle abattit fut celui d'un as. Le combat dura une quinzaine de minutes et elle savait que ce n'était pas un pilote ordinaire. Sur son fuselage, une carte à jouer avait été peinte un as de pique , et sur le gouvernail figurait la longue rangée des avions abattus. Finalement, la Rose blanche l'emporta sur le Messerschmitt et celui-ci tomba en flammes. La verrière de l'habitacle fut larguée et le pilote sauta en parachute. À l'arrivée, il fut accueilli par des soldats soviétiques.
Ina : "Elle souriait et exultait en sortant de son habitacle. Elle cria: " Ina, tu peux peindre une autre rose sur le nez de mon avion! " Il était évident que le combat avait été féroce. Le fuselage portait la trace d'impacts et un trou béant s'ouvrait à l'arrière de la verriere.
" Pour Lily, c' était la dernière sortie de la journée. Elle partit rédiger ses rapports. Une heure plus tard, un camion militaire arriva sur le terrain et un pilote allemand fut conduit les mains en l'air dans la salle de réunion. C'était un homme de grande taille, aux cheveux courts et grisonnants; il était nettement plus âgé que la plupart des pilotes de chasse. Il devait avoir une quarantaine d'années. Il avait les joues creuses; il ne semblait ni intimidé, ni soumis, ni humilié par la défaite qui venait de lui être infligée. Il avait de nombreuses décorations: sa poitrine arborait des rangées de rubans, signes des combats victorieux auxquels il avait participé. Il semblait avoir abattu plus d'une vingtaine d'avions aux Pays-Bas, en France, ou sur le front de l'Est.
Un des pilotes soviétiques qui parlaient allemand lui demanda s'il souhaitait rencontrer le pilote qui avait abattu son avion. L'Allemand répondit qu'il serait très intéressé et avec beaucoup d'arrogance, ajouta que l'homme devait être l'un des meilleurs éléments. Les pilotes soviétiques riaient, amusés, et l'un d'entre eux partit chercher Lily dans son bunker .
L'Allemand était assis lorsque Lily entra dans la pièce. L'interprète lui dit: " Eh bien, que pensez-vous de votre vainqueur ? " L 'Allemand se tourna et regarda Lily d'un air interdit. C'était le premier pilote de chasse allemand qu'elle rencontrait. Il y eut un silence pendant quelques secondes, puis l' Allemand dit à l'interprète qu'il n'appréciait guère l'humour soviétique et que s'il ne lui présentait pas le véritable pilote, il n'avait plus rien à dire. On traduisit et les autres Russes éclatèrent de rire.
Mais Lily n'avait pas envie de rire. Elle se planta devant la chaise de l'Allemand et le fit se lever. Lentement, il déplia ses longues jambes et arrangea sa tunique. Puis, demandant à l'interprète de traduire chacune de ses phrases, Lily expliqua comment le combat s'était passé, minute par minute. Elle lui donna la position exacte des deux avions avant que commence le combat. Elle lui expliqua en détailla manoeuvre qui lui avait permis de le contourner, comment elle l'avait surclassé et l'avait forcé à abandonner son avion.
Ina Pasportnikova m'a dit: " Ceux qui étaient présents furent très impressionnés. L'attitude de l'Allemand, son apparence physique se modifièrent peu à peu. A la fin, il fut obligé de concéder que seul le pilote qui l'avait battu pouvait avoir une connaissance aussi précise de chacune des manoeuvres du combat. Il n'était pas question qu'il salue son vainqueur. Il ne pouvait même pas la regarder dans les yeux. Avoir été battu par une femme, c'était plus qu'il n'en pouvait supporter .
" ...Les autres n'avaient jamais vu Lily dans un tel état. Ses yeux brillaient comme ceux d'un tigre. Elle prenait beaucoup de plaisir à la situation. Elle avait sorti ses griffes. C'était la première fois que son instinct combatif apparaissait avec autant de vigueur. L'Allemand avait commis l'erreur de manifester son mépris à la fois pour le pilote et pour la jeune femme. À présent, sa victoire était totale.
" Ce ne fut pas la seule occasion qu'eurent Lily ou d'autres jeunes femmes pilotes de gagner l'admiration de leurs adversaires. Le commandant D. B. Meyer, pilote d'avions d'assaut de la Luftwaffe, a décrit les expériences qu'il a vécues, près d'Orel, en 1943. Son unité, dit-il, était opposée à des chasseurs soviétiques appartenant à une unité d'élite. C'étaient des " casse-cou " fort courageux, bien entraînés, et excellents pilotes. Ils avaient parfaitement conscience des faiblesses allemandes. Leurs avions avaient des moteurs puissants, pouvant monter presque à la verticale et attaquer les appareils allemands par en dessous. Ils engageaient le combat par de brèves rafales tirées à courte distance et dirigeaient surtout le tir sur le leader de la formation allemande; huit d'entre eux furent ainsi abattus en une semaine.
Lors d'un combat aérien mené par le commandant Meyer, son avion prit feu. Son adversaire soviétique s'apprêtait à faire un autre passage lorsqu'il largua sa verrière pour sauter en parachute. La verrière percuta l'hélice du Yak qui tomba au sol. Le commandant Meyer réussit à atterrir en catastrophe, à proximité de l'avion ennemi qui venait de s'écraser. Plus tard, il écrivit ceci: " Le pilote était une femme sans grade, sans insigne et sans parachute. "